Les pêcheurs britanniques espèrent de meilleures prises grâce au Brexit

Par Epoch Times avec AFP
27 janvier 2020 10:40 Mis à jour: 27 janvier 2020 11:07

Juste avant l’aube, les pêcheurs du chalutier The Good Fellowship (« Camaraderie ») jettent leurs filets dans les eaux glacées et tourbillonnantes de la mer du Nord, au large de la côte nord-est de l’Angleterre, espérant des prises meilleures après le Brexit.

Le capitaine du chalutier, David Shiel, 52 ans, espère que le Brexit donnera un coup de pouce à l’industrie de la pêche, autrefois florissante, avant plusieurs décennies d’un déclin attribué en partie à l’autorisation donnée aux navires européens de pêcher dans les eaux britanniques.

Dans l’obscurité la plus complète, le bateau a entrepris un voyage d’une journée depuis la ville portuaire de North Shields, à l’embouchure du fleuve Tyne.

-Les pêcheurs travaillent à bord du chalutier de pêche Good Fellowship, tandis que ses filets chalutent le fond marin pour les crevettes et autres crustacés, en mer du Nord, dans le nord-est de l’Angleterre le 21 janvier 2020. Photo de WILLIAM EDWARDS / AFP via Getty Images.

Les trois membres d’équipage ont lancé leurs filets à 13 kilomètres des côtes nord-est de l’Angleterre dont les habitants ont massivement voté pour le Brexit.

Politique commune de la pêche

Tandis que les filets touchent les fonds marins, emprisonnant des crevettes qui se retrouveront sur les tables de restaurants européens, David Shiel déclare que le moment est venu pour le Royaume-Uni de reprendre le contrôle de ses eaux.

Mais si le Royaume-Uni quitte l’Union européenne vendredi, le pays restera lié à la Politique commune de la pêche (PCP) jusqu’à la fin d’une période de transition le 31 décembre.

« C’est clair que notre propre flotte doit passer en premier », dit-il à l’AFP après avoir éloigné son bateau du port de pêche du 13e siècle, base de 33 bateaux et 350 pêcheurs.

Alors que la pêche représente moins de 0,1% du PIB du Royaume-Uni, le sujet a pesé en faveur du départ de l’UE lors du référendum de 2016.

Depuis que le Royaume-Uni a rejoint la Communauté économique européenne en 1973 – qui est devenue plus tard l’UE -, la Politique commune de la pêche a accordé aux navires européens un accès égal aux zones de pêche des autres États membres, à condition qu’ils respectent des quotas.

Évincer les navires étrangers

M. Shiel affirme que cela permet aux pêcheurs européens rivaux de capturer des quantités de poissons non justifiées dans les eaux britanniques.

Après le Brexit, le gouvernement conservateur du Premier ministre Boris Johnson veut légiférer pour évincer les navires étrangers.

Cependant, un diplomate européen basé à Bruxelles a souligné auprès de l’AFP qu’un accord sur l’accès à la pêche dans les eaux britanniques constituait une condition préalable à la conclusion d’un accord global sur les nouvelles relations commerciales entre le Royaume-Uni et l’UE, qui seront l’objet d’intenses négociations après le Brexit.

De nombreux pêcheurs britanniques craignent d’être sacrifiés au profit de secteurs-clés des services britanniques, le centre financier de Londres en tête.

« On nous a fait des promesses et des promesses et à la dernière minute, ils vont nous planter un couteau dans le dos car ils n’ont aucun cran », peste le capitaine en référence aux hommes politiques britanniques.

Six fois plus de poissons dans les eaux britanniques

Les bateaux européens capturent environ six fois plus de poissons dans les eaux britanniques que les bateaux britanniques dans les eaux de l’UE.

Dans le même temps, 90% des prises des bateaux britanniques au large de North Shields sont des crevettes destinées à l’exportation – dont environ les deux tiers allant en France, en Espagne et en Italie – selon Andy Dixon, qui gère la branche North Shields à Caley Fisheries.

Et le Royaume-Uni a tendance à importer la plupart des poissons qu’il consomme – y compris le thon, la morue et l’églefin.

« Il faut trouver un juste équilibre, pour permettre ces échanges, » estime M. Dixon à l’AFP après avoir mené les enchères quotidiennes du marché aux poissons.

« On espère juste qu’on ne sera pas trahi. C’est déjà arrivé », dit-il.

Barrie Deas, chef de la Fédération nationale des organisations de pêcheurs, souligne qu’en 1973, l’égal accès aux zones de pêche « a été perçu comme une trahison parce que l’industrie de la pêche a été sacrifiée au profit d’autres objectifs politiques et économiques nationaux ». 

De retour au port, Thomas Glenny, pêcheur chevronné, dit regretter le jour où le Royaume-Uni a rejoint le club européen, exprimant son pessimisme. « J’espère juste que ça s’arrangera pour nous – mais je ne le crois pas ».

 

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