L’Europe se rassemble en Moldavie, envoie un message à la Russie

Par Epoch Times avec AFP
30 mai 2023 09:45 Mis à jour: 30 mai 2023 09:53

L’image sera forte et chargée en symboles : près de 50 dirigeants européens se retrouvent jeudi en Moldavie, petit pays qui assiste au plus près à l’invasion de l’Ukraine voisine par l’armée russe et vit dans la crainte des manœuvres de déstabilisation de Moscou.

Une participation du président ukrainien Volodymyr Zelensky donnerait encore plus de relief à ce rassemblement inédit, près de la capitale, Chisinau. Rien n’a été annoncé, mais il pourrait être au-rendez de la « famille européenne » après avoir sillonné la planète ces dernières semaines – Italie, Allemagne, France, Royaume-Uni, Arabie saoudite pour le sommet de la Ligue arabe, Japon pour le sommet du G7.

L’organisation de ce deuxième sommet de la Communauté politique européenne (CPE) est un défi logistique considérable pour la Moldavie, ex-république soviétique de moins de trois millions d’habitants, très fragile économiquement. « Il n’y a tout simplement jamais eu d’événement de cette ampleur dans l’histoire de la Moldavie », résume Felix Hett, expert au sein de de la fondation allemande Friedrich-Ebert-Stiftung.

47 chefs d’État et de gouvernement attendus

Pour arriver à la « photo de famille » des 47 chefs d’État et de gouvernement attendus, une chorégraphie aérienne complexe a été mise en place pour faire atterrir cette kyrielle de dirigeants sur le petit aéroport de la capitale.

Environ 2000 participants sont attendus, parmi lesquels 700 journalistes, au château Mimi, un domaine viticole situé dans le village de Bulboaca, à environ 35 km de la capitale Chisinau et à tout autant de Tiraspol, le chef-lieu de la Transdniestrie, région séparatiste pro-russe de 300.000 habitants dans l’est du pays.

Rassemblement beaucoup plus large que l’Union européenne (20 pays invités en plus des 27 membres du bloc), ce forum, imaginé par le président français Emmanuel Macron, rassemble des pays aux profils et parcours très différents : Arménie, Islande, Norvège, Suisse, Turquie, Royaume-Uni, Serbie, Azerbaïdjan… Par rapport au premier rendez-vous à Prague, qui avait réuni 44 pays en octobre 2022, trois ajouts : Andorre, Monaco et Saint-Marin. « Il faut voir qui est sur la photo, mais aussi qui ne l’est pas », souligne Sébastien Maillard, directeur de l’Institut Jacques Delors. « C’est aussi l’occasion de montrer que les Européens discutent de leurs intérêts stratégiques entre eux, sans les Américains », explique-t-il à l’AFP.

Volonté et impatience de rejoindre l’UE

Pour la Moldavie, c’est un moment important, et l’occasion de redire – avec force – sa volonté et son impatience de rejoindre l’UE. « La Russie va continuer à être une grande source d’instabilité dans les années à venir et nous devons nous protéger », résumait il y a quelques jours, dans un entretien à l’AFP, Maia Sandu, la présidente de ce petit pays. « Nous pensons que nous ne pouvons sauver notre démocratie qu’en faisant partie de l’UE ».

À l’approche du sommet, la Moldavie a diffusé sur Twitter une série de courts messages vidéos des principaux dirigeants européens, à l’image du chancelier allemand Olaf Scholz soulignant l’importance de ce rendez-vous de « la famille européenne unie ». Tous les messages étaient suivis du hashtag #MoldovaIsNotAlone (La Moldavie n’est pas seule). Si, officiellement, cette réunion à 47 n’est pas le forum où débattre du calendrier d’adhésion, la question sera omniprésente en coulisses.

« Le moment est venu de prendre une décision positive »

En juin 2022, l’UE a accordé à l’Ukraine et la Moldavie le statut de candidats officiels. Les deux pays veulent désormais passer à l’étape suivante. Lors de la dernière visite à Kiev de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, Volodymyr Zelensky a manifesté son impatience. « Le moment est venu de prendre une décision positive concernant l’ouverture des négociations sur l’adhésion », a-t-il déclaré.

Un troisième sommet de la CPE est prévu en octobre à Grenade (Espagne) et un quatrième au premier semestre 2024 au Royaume-uni, en respect d’une alternance entre pays membres et non-membres de l’Union. Cette communauté, qui n’est pas une nouvelle institution et fonctionne sans le sacro-saint communiqué final propre aux grand-messes internationales, arrivera-t-elle à s’inscrire dans la durée ?  « Après la guerre, peut-être qu’il n’y aura pas autant d’empressement à se réunir », reconnait Sébastien Maillard. Ce forum informel a un rôle singulier à jouer et pourrait perdurer, estime-t-il cependant.

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