L’homme version 2.0: un cerveau de poisson rouge ?

19 juin 2015 13:18 Mis à jour: 15 août 2016 08:45

 

C’est sûrement la prochaine révolution de l’homme face au numérique. Car plus nous utilisons les nouvelles technologies, plus nos capacités cognitives d’attention, de mémorisation ou de raisonnement diminuent – au détriment des réactions émotives. Plusieurs chercheurs arrivent à la même conclusion et le phénomène toucherait la population à la fois la plus fragile et la plus impactée : la génération Z, née après les années 2000. Une étude réalisée en mai par Microsoft affirme que plus nous sommes connectés et moins nous sommes capable de nous concentrer. Un chercheur de l’Inserm en France arrive à la même conclusion, montrant une « influence délétère majeure du numérique dans des domaines comme l’acquisition du langage ou le déploiement de l’intelligence ».

De 12 à 8 secondes de concentration en 15 ans

L’étude de Microsoft réalisée sur un échantillon de 2000 Canadiens est sans appel. Si notre fonctionnement cérébral multitâche a fait un progrès colossal, notre capacité de concentration a diminué d’un tiers depuis l’arrivée d’internet dans les années 2000. Il y a 15 ans, nous avions en moyenne une durée d’attention de 12 secondes. Elle n’est plus que de 8 secondes aujourd’hui. La durée d’attention d’un poisson rouge étant de 9 secondes, peut-on lire dans le rapport.

Les principaux facteurs qui ont une incidence sur notre attention sont le volume de consommation des médias, l’utilisation de médias sociaux, le rythme d’adoption des technologies (si elle est précoce ou tardive) et le comportement multi-écran.

Ce sont les jeunes générations qui sont le plus impactées par ce phénomène. En effet, 79% des 18-24 ans utilisent plusieurs écrans en même temps – une tablette sur internet et la télévision par exemple, et 77% d’entre eux ont tendance à aller sur leur téléphone dès qu’ils n’ont rien à faire. Des chiffres qui s’inversent au fur et à mesure que l’on avance dans l’échelle des âges.

Une perte de l’acquisition du langage et de l’intelligence

Selon Michel Desmurget, chercheur à l’Inserm, spécialisé en neurosciences cognitives, l’abus d’écrans récréatifs est réellement néfaste pour les enfants. Dans un contexte où chaque jour les enfants passent entre cinq et sept heures devant différents sortes d’écrans (télévision, jeux vidéo, smartphones, etc.), le chercheur indique qu’«au-delà de trente minutes, une influence délétère majeure dans nombre de domaines dont l’acquisition du langage, le déploiement de l’intelligence, le développement des facultés de concentration, la réussite scolaire ou l’obésité.»

Tableau tiré de l'étude de Microsoft de mai 2015 sur l'attention des utilisateurs de numérique. On peut voir que plus une des 4 utilisations du numérique est élevé et plus l'attention en % baisse.
Tableau tiré de l’étude de Microsoft de mai 2015 sur la capacité d’attention des utilisateurs de numérique. On peut voir que plus une des quatre utilisations du numérique est élevée et plus l’attention (ici en %) baisse.

Selon l’avis sur l’enfant et les écrans de l’Académie des Sciences publié en 2013, cette révolution du numérique est maintenant irréversible. Elle se partage selon le rapport en des effets positifs, tels que l’accès à l’information et au savoir-faire technique, et en des aspects négatifs « sérieux » venant de « l’utilisation, souvent démesurée, de toutes les modalités d’outils numériques, désormais accessibles (jeux vidéo, Internet, téléphone portable, tablette numérique, réseaux sociaux… ».

Le rapport de l’Académie des Sciences préconise aux parents (à partir de la 164e page de son rapport qui en contient 272), l’alternance au numérique avec des activités classiques telles que du sport, la lecture, l’écriture, la musique, des travaux manuels, des sorties avec les amis, etc. Il s’agit pour les parents de prévenir dès la maternelle une utilisation excessive des écrans ceci pour que l’enfant puisse « développer en parallèle ses repères spatiaux, ses repères temporels et ses capacités d’interaction sociale ».

Sur la vidéo de l’AFP ci dessous, on peut comprendre l’influence du numérique sur le changement émotif et cognitif de la génération Z (celle des « enfants du numérique » nés après les années 2000).

Vers la « slow connexion »

Il est possible cependant de se défaire au fur et à mesure des mauvais effets du numérique.

Pour les adultes, il est possible en France de faire des séjours de « diète numérique » au Vichy Spa Hôtel Les Célestins, au Château de La Gravière, dans le Haut-Médoc, en Bretagne au Relax Océane, ou encore dans la capitale au Westin Paris-Vendôme. Après la détoxication biologique, vient la mode de la détoxification numérique où il est «branché d’être débranché» comme on peut le lire dans l’article publié récemment «Numérique : en route vers la slow connexion». Pour les enfants et les adolescents, il revient aux parents de diversifier les loisirs, et de donner des limites dès le plus jeune à l’utilisation de la technologie.

Une étude publiée en 2012, montre par exemple que passer plus de temps dans la nature ou dans un environnement sans technologie, permet d’améliorer les capacités cognitives notamment celle de la créativité.

Une preuve de plus du bienfait pour l’homme 2.0 d’alterner ses activités centrées autour des écrans, avec des activités sans technologie. Se promener en pleine nature, s’intéresser à notre ville, pratiquer des loisirs sportifs ou culturels, lire des livres faits de papier, sont autant d’activités de l’ « ancien monde » qui pourtant maintiennent notre cognition en bonne santé, c’est à dire nos capacités de concentration, de raisonnement, de mémorisation, de langage, de perception, de décision, etc. mais aussi nos capacités d’intelligence, de créativité, d’abstraction, d’analyse, etc.

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