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Mégalithes contre éoliennes : malgré le classement à l’Unesco, le patrimoine archéologique menacé

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Alignement de Kerlescan à Carnac (Morbihan), un complexe mégalithique classé au titre des monuments historiques sur la liste de 1889.

Photo: Nathalie Dieul/Epoch Times

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Durée de lecture: 5 Min.

Les mégalithes de Carnac et des environs font partie depuis peu du patrimoine mondial de l’Unesco. Une menace plane pourtant sur ceux-ci malgré ce classement : le projet de parc éolien flottant de Bretagne sud. En effet, les défenseurs du patrimoine affirment que le passage des câbles à travers les champs de menhirs et de tumulus serait catastrophique.
Depuis le 12 juillet 2025, le célèbre site des mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan est inscrit par l’Unesco au patrimoine mondial. Dès la fin juin, l’association Koun Breizh annonçait qu’elle saisirait cette institution spécialisée lorsque le classement serait assuré. C’est ce qu’elle a fait en urgence le 15 juillet.
« La mise en œuvre du projet actuel, tel qu’il est conçu, serait une catastrophe pour la sauvegarde de notre patrimoine mégalithique »,  estime l’association dans un communiqué.
Dans ce projet de méga éoliennes au large de Belle-Île, Koun Breizh s’inquiète tout particulièrement de « l’atterrage prévu à Erdeven, en plein champ de menhir et dans le tracé des câbles électriques à travers le périmètre retenu pour le classement Unesco ».
À ce sujet, Koun Breizh est soutenue par Piebîem, l’association Préserver l’identité environnementale de la Bretagne sud et des îles contre l’éolien en mer. Selon cette association, l’atterrage est prévu dans « deux zones à fort potentiels archéologiques » : Erdeven, sous les dunes de Kerhillio, et à travers une partie du champ mégalithique d’Erdeven.
Une autre solution est possible le long de la voie ferrée Auray-Quiberon, suggère Piebîem.
Des éoliennes de plus de 300 mètres de haut
L’autre aspect qui interpelle cette association est la visibilité des éoliennes de plus de 300 mètres de haut, « qui se verront de sites emblématiques comme : les éperons néolithiques de Groh Colle et Beg en Aud, le Tumulus Saint-Michel à Carnac, le Tumulus de Tumiac, le Cairn de Petit-Mont à Arzon et même de Gavrinis », précise-t-elle dans un communiqué.

Quelques menhirs de la double enceinte mégalithique d’Er Lannic, l’île située en face du site emblématique de Gavrinis près de Larmor-Baden. Une bonne partie de ces menhirs se trouvent sous l’eau. (Nathalie Dieul/Epoch Times)

« Les zones archéologiques et mégalithiques sont présentes partout »
Dans la zone classée par l’Unesco, qui couvre 1000 km2, les mégalithes se trouvent un peu partout, avec plus de 550 monuments répartis dans 28 communes du Morbihan.
Selon le site Internet officiel des menhirs de Carnac, les datations des mégalithes réalisées à partir de fouilles récentes s’échelonnent pour la plupart entre 4.800 et 3.500 avant J.-C, ce qui en fait une histoire de 5.500 à 6.800 ans.
Trois autres associations locales  – Sites et Monuments, les Gardiens du Large, et la Fédération de protection et d’aménagement de la baie de Quiberon, des îles et du grand site dunaire – ont de leur côté écrit une lettre ouverte adressée à la directrice générale de l’Unesco.
Dans cette lettre, ces associations s’interrogent sur la raison du choix du tracé de raccordement où « les zones archéologiques et mégalithiques sont présentes partout » ainsi que sur la manière de contourner ces monuments.

Un dolmen dans la forêt à Erdeven : « les zones archéologiques et mégalithiques sont présentes partout ». (Nathalie Dieul/Epoch Times)

Par ailleurs, en l’absence de fouilles archéologiques préventives systématiques, « qui sait où se trouvent les vestiges et à quelle profondeur ? » Cela rend le forage dirigé inapproprié, d’autant plus que la nature granitique du sous-sol ne convient pas à cette technique qui a été problématique lors de la pose des pieux des éoliennes en baie de Saint-Brieuc.
« L’Unesco a maintenant la main, et c’est à elle de protéger le site », déclare Yvon Ollivier, le président de l’association Koun Breizh, en entrevue à France 3. « Il y a moyen de faire passer les câbles ailleurs », ajoute-t-il, espérant que cette terre soit sacralisée, « parce qu’elle est le berceau de la civilisation mégalithique ».