Moisson macabre dans le Donbass : la jeunesse russe anéantie

Par Aurelien Girard
2 avril 2023 17:23 Mis à jour: 2 avril 2023 20:50

Sur les terres grasses ukrainiennes, ce n’est plus du blé qu’on fauche mais des jeunes gens. Alors que du côté agressé des jeunes et des vieux sont unis par une sorte de rage défensive pour protéger leurs familles et la patrie, du côté russe, pour des centaines de milliers de jeunes russes enrôlés de force, c’est l’ouverture au champ d’horreur.

Chaque camp impliqué dans le conflit mène bien sûr sa propre propagande pour entretenir l’opinion et rallier à sa cause ; et les médias occidentaux, massivement acquis à la cause ukrainienne, ont certainement leurs biais et raccourcis tout autant que les pro-russes. L’image déformée de la réalité qui nous est transmise montre cependant de façon récurrente de jeunes soldats russes démunis, mal équipés, soumis à un commandement inefficace dans une guerre qu’ils n’ont pas voulue et à laquelle on les force de participer. Newsweek fournissait début mars un florilège des conversations Telegram et des vidéos envoyées par des soldats au front et adressées au président Poutine, pour l’alerter de la réalité du terrain. « Nous sommes dans une situation désespérée, car nous sommes considérés comme sacrifiables, le commandement est indifférent à nos vies », déclare un soldat. « Nous ne sommes pas informés de ce qui se passe réellement sur le front, ni des raisons pour lesquelles les unités subissent des pertes chaque jour », ajoute un autre. Du côté ukrainien aussi, les soldats indiquent que sur certaines positions considérées comme stratégiques, le commandement russe envoie des vagues constamment renouvelées de jeunes soldats sans aucune considération pour l’ampleur des pertes. Le conflit en Ukraine est ce que les spécialistes appellent une guerre d’attrition… restera debout à la fin celui qui aura encore des hommes et des munitions.

Dans Forbes, les derniers survivants du 1439e régiment de l’infanterie russe envoient aussi un message à leur Président : « Nous avons été envoyés au front sans avoir nos identifiants militaires, sans munitions, sans entraînement adéquat ». « Nous vous demandons de nous retirer de la zone de front et de régler le problème — [de vous occuper] des responsables de ces crimes, qui ont envoyé des hommes mobilisés non préparés sur la ligne de front — [et nous vous demandons] d’éviter des pertes importantes et injustifiées ».

D’après une note du renseignement britannique publiée le 30 mars, le Kremlin prévoit cependant déjà une vague de mobilisation de 400.000 nouveaux soldats — en plus des 300.000 déjà envoyés au combat après leur recrutement forcé en septembre l’année dernière.

« La Russie présente la campagne comme visant les volontaires et le personnel professionnel, plutôt qu’une nouvelle mobilisation forcée », explique le gouvernement britannique. « Il est probable que, dans la pratique, les autorités régionales tentent d’atteindre les objectifs de recrutement qui leur ont été fixés en contraignant les hommes à s’enrôler. Les autorités russes ont probablement choisi un prétendu « modèle de volontariat » pour combler leur manque de personnel afin de minimiser les dissensions internes. »

Il n’y a bien que les médias officiels du parti communiste chinois pour publier des dénégations :

« La Russie ne prévoit pas de seconde vague de mobilisation », affirme l’agence Xinhua, citant Vladimir Tsimlianski, chef du département principal de l’organisation et de la mobilisation de l’état-major des forces armées. Vladimir Poutine a cependant signé le 30 mars un décret la conscription de plus de 147.000 soldats dans l’armée russe. Elle concerne les hommes de 18 à 27 ans et va mobiliser près de 20% des jeunes gens nés en 2004. Selon le Kremlin, ces conscrits – ces enfants, devrait-on dire — ne seront pas déployés en Ukraine. C’est pourtant ce qui s’est passé pour une partie d’entre eux en 2022.

Les services de renseignement occidentaux estiment que le nombre de pertes dans l’armée russe oscille entre 150.000 à 200.000 soldats, dont environ un tiers de tués au combat. Ceci en ferait le conflit le plus meurtrier pour la Russie depuis la Seconde Guerre mondiale. La nation russe y perdrait chaque jour 30 à 50 fois plus de soldats que pendant la guerre de Tchétchénie ; à l’exception des mercenaires de Wagner pour qui cette guerre n’est qu’un travail habituel, les morts qui jonchent les champs sont essentiellement des jeunes gens des provinces russes, qui ouvrent au champ d’horreur leurs vingt ans.

La comparaison récurrente qui revient avec la bataille de Verdun donne une idée de ce à quoi ressemble la résurgence d’un passé barbare qu’on pensait ne plus pouvoir exister. Du côté ukrainien, les pertes humaines seraient équivalentes à celles subies côté russe. Dans la boue du Donbass et sous prétexte de réorganisation du monde, c’est Pouchkine qu’on assassine.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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