Mystères du Tao et des arts martiaux

Par Zhang Tianliang
14 avril 2024 18:03 Mis à jour: 19 avril 2024 20:39

Les lignes qui suivent, extraites de mon livre électronique Entretiens sur la civilisation chinoise explorent l’essence de la culture chinoise à travers la vision des arts martiaux et de la spiritualité.

Dans la Chine d’aujourd’hui, le matériel est au centre de l’attention de la grande majorité des gens, mais ce qui permet à une civilisation de durer, ce sont ses valeurs. Je pense que pour comprendre l’essence de la culture chinoise, il ne faut pas tant regarder ce qu’elle a laissé à l’histoire sur le plan matériel mais ce qu’elle a laissé sur le plan spirituel.

Un bref examen de la relation entre les arts martiaux et la spiritualité offre un aperçu des aspects profonds de la civilisation chinoise.

Lorsqu’il est question d’arts martiaux, de nombreuses personnes pensent au kung-fu de Bruce Lee ou peut-être à Kung Fu Panda, qui contient des éléments de ce style de combat. Ils peuvent même penser aux combats de kung-fu dans Matrix. Mais quelle est la véritable essence du kung-fu chinois ?

On a peut-être déjà entendu ce dicton : « Tous les arts martiaux sous le ciel sont issus de Shaolin. » En effet, l’école d’arts martiaux de Shaolin est largement considérée comme le summum du kung-fu.

Le temple de Shaolin, temple ancestral et lieu de naissance du bouddhisme zen, a été fondé par Bodhidharma, un pratiquant bouddhiste. Il est arrivé en Chine sous la dynastie des Wei du Nord, et a notoirement passé neuf années consécutives en méditation face au mur de la grotte du Dharma. Il a médité si longtemps que son image entière a été imprimée, comme une photographie, sur le mur opposé – les illustrations que nous voyons de lui aujourd’hui sont toutes basées sur cette image.

Bodhidharma a créé le kung-fu Shaolin et a laissé derrière lui le Yi Jin Jing et le Xi Sui Jing, qui sont des livres sur les compétences internes des arts martiaux.

Le successeur de la sixième génération du bouddhisme zen s’appelait Huineng et est décédé en 713 après J.-C., sous la dynastie Tang. Huineng est décédé au temple Guo’en, dans le sud de la Chine, où le climat est brûlant et humide et où, par exemple, le poisson fraîchement pêché se gâte très rapidement. Le corps de Huineng est toutefois resté intact après sa mort et a été ramené à Shaoguan et enterré dans le temple de Nanhua – 1300 ans plus tard, son corps n’a pas changé.

Cela montre que le véritable kung-fu est en fait une pratique spirituelle bouddhiste qui peut permettre à ses adeptes d’atteindre un niveau d’existence bien plus élevé.

Bien entendu, outre les arts martiaux bouddhistes, les écoles taoïstes, telles que l’école Wudang, rivalisent en popularité avec l’école Shaolin. Un autre style d’art martial célèbre, le Taijiquan (« Tai-chi »), a été fondé par le maître taoïste Zhang Sanfeng.

Ces exemples démontrent que lorsque les arts martiaux authentiques sont pratiqués au plus haut niveau, leurs adeptes peuvent atteindre des états intangibles et invisibles. La pratique s’élève ainsi des simples techniques de combat de rue à une méthode bouddhiste ou taoïste de cultivation intérieure.

Le même concept s’applique à la façon dont je perçois la civilisation chinoise. Je ne me concentre pas tant sur les aspects matériels spécifiques ; l’essence dont je parle appartient plutôt au domaine de la métaphysique ou du Tao.

Beaucoup considèrent le Tao comme un concept extrêmement difficile à comprendre, mais en fait, un certain niveau de spiritualité est déjà profondément ancré dans la pensée des Chinois, se manifestant à travers les mots et les actions. Par exemple, les Chinois de tradition disent souvent : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu’on te fasse à toi-même » ; « L’homme bienveillant aime les autres » ; « Un voyage de mille lieues commence par un seul pas » ; « La bonne fortune succède au désastre ; le désastre se cache dans la bonne fortune », etc.

Le terme « philosophie » semble complexe et obscur. Cependant, un clip vidéo en ligne de Bruce Lee partageant sa compréhension du kung-fu lors de son audition à Hollywood dans les années 1960 peut vous aider à comprendre.

Bruce Lee était un artiste martial et un athlète incroyable, inégalé à bien des égards sur le plan physique. Cependant, lorsqu’il parlait d’arts martiaux, il semblait presque parler de philosophie. Selon lui, le niveau le plus élevé des arts martiaux est comparable à l’eau. L’eau n’a pas de forme définie et est donc la substance la plus flexible au monde. Elle est assez forte pour pénétrer la pierre et il est impossible de se défendre contre elle. Comme elle est sans forme, on ne peut ni la saisir, ni la blesser, ni la combattre. Sa nature flexible lui permet de s’adapter à n’importe quel ennemi et à n’importe quelle situation. Ces caractéristiques illustrent le domaine le plus élevé des arts martiaux.

Les conceptions de Bruce Lee sont parallèles aux principes du taoïsme ou de l’école du militarisme. Le fondateur du taoïsme, Laozi (« Lao-Tseu »), a déclaré dans son célèbre texte, le Tao Te Ching : « Il n’y a rien au monde de plus mou et de plus faible que l’eau, et pourtant, pour attaquer les choses qui sont fermes et fortes, il n’y a rien qui puisse l’égaler. »

L’éminent stratège militaire Sunzi a formulé un principe similaire dans son livre L’art de la guerre :

« La tactique militaire est comme l’eau, car l’eau, dans son cours naturel, s’éloigne des endroits élevés et se précipite vers le bas. Ainsi, à la guerre, il faut éviter ce qui est fort et frapper ce qui est faible. L’eau façonne son cours en fonction de la nature du terrain sur lequel elle coule ; le soldat prépare sa victoire en fonction de l’ennemi qu’il affronte. Ainsi, de même que l’eau n’a pas de forme constante, de même il n’y a pas de conditions constantes dans la guerre. Celui qui peut modifier sa tactique en fonction de son adversaire et ainsi remporter la victoire peut être comparé à un dieu. »

L’idée était que, depuis la direction d’un pays et l’engagement dans des entreprises militaires jusqu’aux manières et à la conduite personnelles des individus, tous les aspects devaient s’aligner sur les caractéristiques de l’eau – et le kung-fu ne faisait certainement pas exception à la règle.

Par conséquent, bien que Bruce Lee soit un maître du kung-fu, sa pensée est devenue philosophique. Il en était venu à comprendre le Tao à un certain niveau dans le cadre des arts martiaux.

En fait, les anciens Chinois croyaient que tous les métiers et toutes les professions contenaient le Tao, la Voie qui est intangible et invisible ; c’est-à-dire que tous les métiers pouvaient être pratiqués dans un domaine au-delà de l’ordinaire.

Par conséquent, le Tao, bien qu’apparemment abstrait, est présent dans tout et fait partie de tout. Les anciens pratiquants d’arts martiaux (et, dans une certaine mesure, Bruce Lee) l’ont compris, et peut-être que le type de connaissance qu’ils possédaient n’est pas si impossible à obtenir pour nous aussi.

Pour plus d’informations sur ce sujet et d’autres sujets connexes, veuillez consulter mon livre électronique ici .

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