ASIE / PACIFIQUE

Les Nord-Coréens risquent la prison s’ils passent un appel à l’étranger

mars 12, 2016 3:00, Last Updated: mars 11, 2016 20:04
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Les Nord-Coréens courent le risque d’être envoyés en détention pour avoir téléphoné à leurs proches, résidant à l’étranger.

Selon un récent rapport d’Amnesty International, certains Nord-Coréens ont reçu la visite d’enquêteurs de l’État, quelques mois après avoir passé leurs appels internationaux.

L’organisme de défense des droits de l’homme a précisé que pour passer des appels à l’étranger, certains avaient eu recours à des téléphones illégalement débloqués. La plupart de ces appareils sont d’ailleurs identifiés comme des « téléphones portables chinois ».

Un enquêteur d’Amnesty International d’Asie de l’est, Arnold Fang, lors d’une conférence de presse donnée à Séoul (Corée du sud), à propos des restrictions existantes en Corée du nord sur les téléphones portables et l’information provenant de l’étranger, le 9 mars 2016. (JUNG YEON-JE/AFP/Getty Images)

L’afflux de ces téléphones portables et cartes SIM importés illégalement est source d’inquiétude, bien que ce ne soient pas tous les téléphones mobiles qui proviendraient de Chine. Les nord-coréens se procurent ces appareils en soudoyant les gardes-frontière, sinon en payant un passeur – qui possède ce type d’appareil et qui fait payer les appels. Avec ce type de téléphone, ceux qui vivent près de la frontière peuvent alors bénéficier de la couverture du réseau internet chinois.

Des agents de l’État ont annoncé à la nord-coréenne Choi Ji-woo que ses parents étaient morts en tentant de passer la frontière. Pourtant des mois plus tard, un passeur l’a contactée pour lui remettre une lettre de son père. Elle a ainsi pu reprendre contact avec ses proches, grâce à l’appel passé sur le téléphone du passeur. Elle a raconté son histoire à Amnesty International : « Lorsque le passeur a composé le numéro et que j’ai entendu la voix de mon père, ma première pensée a été : “il est vivant, il est vivant !“ »

En Corée du nord, ce n’est pas hors-la-loi d’émettre des appels vers l’étranger, mais ce sont les appareils de communication privée existant dans d’autres pays qui sont illégaux. Ainsi, ceux qui passent des appels sur ce type de « téléphones mobiles chinois » font face à des accusations criminelles. Ils peuvent être accusés de trahison s’ils communiquent avec une personne en Corée du sud ou dans d’autres pays considérés comme ennemis de la Corée du nord. À un niveau moins grave, ils peuvent aussi être accusés d’avoir eu recours à des passeurs ou à une transaction illégale.

Arnold Fang (à g.), enquêteur pour Amnesty International d’Asie de l’est, et Nicholas Bequelin (à d.), directeur régional d’Amnesty International d’Asie de l’est, lors d’une conférence de presse donnée à Séoul, le 9 mars 2016, sur les restrictions en Corée du nord visant les téléphones portables et les informations provenant de l’étranger. (Jung Yeon-Je/AFP/Getty Images)

Le rapport d’Amnesty International a également révélé comment il est laborieux pour les Nord-Coréens d’obtenir ces téléphones et de passer des appels dessus. Beaucoup ont recours à des faux noms et écourtent leurs conversations pour éviter d’être repérés. Ils se rendent également dans des endroits reculés, des régions montagneuses, pour minimiser le risque d’être attrapés au téléphone par les agents de l’État.

Cependant, le rapport indique que la Corée du nord a renforcé son contrôle sur les appels vers l’étranger, en utilisant du matériel sophistiqué de surveillance qu’ils ont dû eux-même importer. Le Département de la sécurité d’État a aussi désigné une unité spéciale, le « bureau 27 », pour traiter ce problème.

« Afin de maintenir un contrôle absolu et systématique, les autorités nord-coréennes ciblent ceux qui utilisent des téléphones portables pour contacter leur famille à l’étranger », raconte l’enquêteur pour Amnesty International d’Asie de l’est, Arnold Fang.

Une femme nord-coréenne qui a été arrêtée pour usage d’un « téléphone mobile chinois » a témoigné que les agents avaient un appareil de contrôle avec une antenne émettant un clignotement de lumière rouge.

« Ils ont dit que c’était un appareil de détection. Quand les agents du Bureau 27 sont venus m’arrêter et qu’ils ont enlevé leur veste, il y avait ces câbles électriques qui leur entouraient le corps », raconte-t-elle à Amnesty International.

Selon elle, au pire des cas, elle risquait une longue peine de prison. Au mieux, ceux qui se font prendre sont emprisonnés entre un à deux ans, tandis que la plupart s’en sortent en versant des pots-de-vin.

Article en anglais : North Koreans Risk Going to Prison When Calling Family Members Abroad

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