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Le PCC est « en phase terminale » : les problèmes intérieurs de la Chine pourraient déclencher un coup d’État explique un ancien diplomate

février 13, 2022 14:28, Last Updated: février 13, 2022 14:28
By Danella Pérez Schmieloz et David Zhang

Selon Roger Garside, auteur de « China Coup » [Coup d’État de la Chine, ndt.], un groupe de fonctionnaires chinois pourrait organiser un coup d’État interne contre le dirigeant chinois Xi Jinping et faire passer la Chine à un système politique démocratique.

« Le corps politique de la Chine est en phase terminale. Seule une transplantation peut sauver le corps politique, et le seul autre système proposé est la démocratie compétitive », déclare au 31 janvier Roger Garside, ancien diplomate, pour l’émission China Insider d’EpochTV.

M. Garside, qui a travaillé deux fois à l’ambassade de Grande‑Bretagne à Pékin, affirme que les hauts responsables du Parti communiste chinois (PCC), dont le Premier ministre Li Keqiang, considèrent que Xi Jinping entraîne la Chine dans une direction « très risquée et dangereuse », mettant en péril la richesse, le pouvoir et globalement l’avenir du PCC. Selon lui, c’est la raison pour laquelle nombreux sont les complots visant à le renverser.

L’auteur poursuit en passant en revue les différentes failles du PCC qui le rende vulnérable et permettent un tel coup d’État.

La couverture du livre de Roger Garside (à gauche) et un croquis de Roger Garside. (Avec l’aimable autorisation de Roger Garside)

Le secteur privé

Selon M. Garside, le secteur privé chinois est devenu puissant et autonome. Un phénomène qui n’a pas manqué de mettre le PCC sous pression et d’engendrer l’incertitude les hauts fonctionnaires.

« Alibaba a levé 24 milliards de dollars à la Bourse de New York, [et] 248 autres entreprises ont levé des milliards de dollars hors du contrôle du Parti communiste, au‑delà de son contrôle sur les échanges de capitaux, au‑delà de son contrôle politique », explique‑t‑il.

« Ces entreprises peuvent utiliser cet argent pour se retourner et acheter des responsables politiques chinois ou des rivaux de Xi Jinping », poursuit‑il.

Depuis 1978, le PCC a mis en œuvre une série de politiques économiques plus libérales dans le cadre de sa campagne de « réforme et d’ouverture » afin de « survivre au pouvoir », selon M. Garside. Mais le régime n’a jamais eu l’intention de permettre le développement d’une certaine liberté politique.

Selon Roger Garside, en 2008, le PCC a réalisé que le secteur privé chinois deviendrait trop influent si le pays poursuivait sa transition vers une économie de marché libre, et s’est donc fixé pour objectif de contrôler le marché.

Lorsque Xi Jinping est arrivé au pouvoir en 2013, il a décidé de « renforcer le cadre législatif totalitaire du PCC » au lieu de relancer la libéralisation de l’économie.

« Mais nous voici 10 ans plus tard, lui et ses alliés les plus proches ont clairement peur du pouvoir et de l’autonomie que le secteur privé a atteint. »

Faiblesse interne

La Chine est « forte à l’extérieur, mais faible à l’intérieur », estime M. Garside.

« Depuis 2011, le régime (…) consacre une plus grande part de son budget à la sécurité intérieure qu’à l’armée. Il craint ses ennemis intérieurs. »

Par ailleurs, si Xi Jinping semble détenir tout le pouvoir, en réalité, la structure du PCC compte de nombreux « centres de pouvoir » essaimés à travers les gouvernements régionaux et locaux.

« Xi Jinping ne détient pas tout le pouvoir. Il a très astucieusement et habilement centralisé l’autorité entre ses propres mains. »

Ce que le PCC a fait à Hong Kong est un indicateur de la faiblesse du PCC, selon M. Garside.

« Hong Kong est minuscule avec 7,4 millions d’habitants, mais très attaché à l’État de droit et veut la démocratie. Tandis qu’eux, ils sont le puissant Pékin, le Parti communiste, qui contrôle prétendument 1,4 milliard de personnes. »

L’ancienne colonie britannique, a connu des vagues de protestations depuis que la région a été cédée au régime chinois en 1997. Le PCC a progressivement réduit les libertés et l’autonomie de la ville. Pourtant, il avait garanti que tout cela resterait en place pendant 50 ans après la cession.

Au milieu de l’année 2020, à la suite de manifestations démocratiques de grande ampleur organisées un an plus tôt sur le territoire sous domination chinoise, Pékin a imposé une loi draconienne sur la sécurité nationale, qui a considérablement restreint la liberté d’expression et d’association dans la ville. Cette loi confère au régime chinois des pouvoirs étendus lui permettant de cibler des individus pour tout acte considéré comme une sécession par Pékin, une subversion, un acte terroriste ou une collusion avec des forces étrangères. Les contrevenants, s’ils sont reconnus coupables, peuvent être emprisonnés à vie.

Depuis lors, des dizaines de militants ont été arrêtés et emprisonnés ou ont fui Hong Kong.

« Pourquoi [ont‑ils écrasé Hong Kong] ? Parce qu’ils ont peur de l’idée qu’il y a là‑bas de la démocratie et de l’État de droit », poursuit le spécialiste. « Ils ont peur que leur propre peuple veuille [les mêmes privilèges], s’il voit que cela fonctionne à Hong Kong et que le Parti communiste autorise la démocratie, les élections, la liberté d’expression et l’État de droit. »

Un policier dans le hall de l’immeuble Evergrande Center à Shanghai, en Chine, le 24 septembre 2021. (Hector RetamaL/AFP via Getty Images)

Le secteur privé

Selon M. Garside, le secteur privé chinois est devenu puissant et autonome. Un phénomène qui n’a pas manqué de mettre le PCC sous pression et d’engendrer l’incertitude les hauts fonctionnaires.

« Alibaba a levé 24 milliards de dollars à la Bourse de New York, [et] 248 autres entreprises ont levé des milliards de dollars hors du contrôle du Parti communiste, au‑delà de son contrôle sur les échanges de capitaux, au‑delà de son contrôle politique », explique‑t‑il.

« Ces entreprises peuvent utiliser cet argent pour se retourner et acheter des responsables politiques chinois ou des rivaux de Xi Jinping », poursuit‑il.

Depuis 1978, le PCC a mis en œuvre une série de politiques économiques plus libérales dans le cadre de sa campagne de « réforme et d’ouverture » afin de « survivre au pouvoir », selon M. Garside. Mais le régime n’a jamais eu l’intention de permettre le développement d’une certaine liberté politique.

Selon Roger Garside, en 2008, le PCC a réalisé que le secteur privé chinois deviendrait trop influent si le pays poursuivait sa transition vers une économie de marché libre, et s’est donc fixé pour objectif de contrôler le marché.

Lorsque Xi Jinping est arrivé au pouvoir en 2013, il a décidé de « renforcer le cadre législatif totalitaire du PCC » au lieu de relancer la libéralisation de l’économie.

« Mais nous voici 10 ans plus tard, lui et ses alliés les plus proches ont clairement peur du pouvoir et de l’autonomie que le secteur privé a atteint. »

Faiblesse interne

La Chine est « forte à l’extérieur, mais faible à l’intérieur », estime M. Garside.

« Depuis 2011, le régime (…) consacre une plus grande part de son budget à la sécurité intérieure qu’à l’armée. Il craint ses ennemis intérieurs. »

Par ailleurs, si Xi Jinping semble détenir tout le pouvoir, en réalité, la structure du PCC compte de nombreux « centres de pouvoir » essaimés à travers les gouvernements régionaux et locaux.

« Xi Jinping ne détient pas tout le pouvoir. Il a très astucieusement et habilement centralisé l’autorité entre ses propres mains. »

Ce que le PCC a fait à Hong Kong est un indicateur de la faiblesse du PCC, selon M. Garside.

« Hong Kong est minuscule avec 7,4 millions d’habitants, mais très attaché à l’État de droit et veut la démocratie. Tandis qu’eux, ils sont le puissant Pékin, le Parti communiste, qui contrôle prétendument 1,4 milliard de personnes. »

L’ancienne colonie britannique, a connu des vagues de protestations depuis que la région a été cédée au régime chinois en 1997. Le PCC a progressivement réduit les libertés et l’autonomie de la ville. Pourtant, il avait garanti que tout cela resterait en place pendant 50 ans après la cession.

Au milieu de l’année 2020, à la suite de manifestations démocratiques de grande ampleur organisées un an plus tôt sur le territoire sous domination chinoise, Pékin a imposé une loi draconienne sur la sécurité nationale, qui a considérablement restreint la liberté d’expression et d’association dans la ville. Cette loi confère au régime chinois des pouvoirs étendus lui permettant de cibler des individus pour tout acte considéré comme une sécession par Pékin, une subversion, un acte terroriste ou une collusion avec des forces étrangères. Les contrevenants, s’ils sont reconnus coupables, peuvent être emprisonnés à vie.

Depuis lors, des dizaines de militants ont été arrêtés et emprisonnés ou ont fui Hong Kong.

« Pourquoi [ont‑ils écrasé Hong Kong] ? Parce qu’ils ont peur de l’idée qu’il y a là‑bas de la démocratie et de l’État de droit », poursuit le spécialiste. « Ils ont peur que leur propre peuple veuille [les mêmes privilèges], s’il voit que cela fonctionne à Hong Kong et que le Parti communiste autorise la démocratie, les élections, la liberté d’expression et l’État de droit. »

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Déclin du secteur immobilier

Un autre facteur qui pourrait permettre aux responsables de lancer un coup d’État est le déclin du secteur immobilier, affirme M. Garside.

Le régime « s’est appuyé sur les ventes de terrains pour se financer pendant des années, et maintenant le prix des terrains s’est effondré ». À noter qu’environ 25 % du produit intérieur brut de la Chine provient du secteur immobilier.

Mais aujourd’hui, ce secteur est « en train de s’effilocher », comme le signale la crise d’Evergrande, la société immobilière la plus endettée au monde et dont la dette s’élève à plus de 300 milliards de dollars.

La société, ainsi que plusieurs autres promoteurs immobiliers chinois, n’ont pas réussi à faire face aux paiements des intérêts de la dette en 2021. Les promoteurs ont alors été contraints de vendre leurs actifs à des prix inférieurs. Mais en raison du manque d’acheteurs, les actions d’Evergrande et les prix du marché immobilier en général ont considérablement diminué.

Une transition ?

L’ancien diplomate affirme qu’un tel coup d’État assurerait probablement la transition de la Chine vers la démocratie, car les responsables sont conscients que le système communiste ne fonctionne plus, et que la démocratie constitutionnelle est la meilleure alternative.

« Je pense qu’ils voudront maintenir le Parti communiste en tant qu’entité politique. Mais je pense qu’ils souhaiteront changer le système, car le système actuel ne fonctionne pas. »

Et de citer en exemple une certaine Cai Xia, ancienne professeure d’idéologie politique à l’École centrale du Parti.

« Elle a déclaré que 60 à 70 % des personnes à qui elle a enseigné et qui sont des cadres supérieurs du Parti communiste reconnaissent que la démocratie constitutionnelle fonctionne mieux que le système dont ils disposent. »

Pourrait‑il y avoir un coup d’État avant le XXe congrès national du PCC cet automne ? Selon M. Garside, il faudrait qu’une série de pressions internes et externes coïncident pour créer un moment opportun. Mais les chances, selon lui, sont faibles, de l’ordre de 20 %.

Xi Jinping va tenter d’obtenir un troisième mandat consécutif, ce qui n’est jamais arrivé dans l’histoire du Parti. Selon M. Garside, l’enjeu pour les responsables de l’opposition est d’autant plus important et il est primordial qu’ils agissent d’ici là.

« S’ils ne le font pas, certains d’entre eux seront mis à la retraite, de nouvelles personnes qui seront peut‑être plus sujettes à l’influence de Xi Jinping seront mises à leur place. »

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