La politique « zéro Covid » de Pékin : le chaos généralisé

Par Antonio Graceffo
14 novembre 2021 20:49 Mis à jour: 14 novembre 2021 20:49

La politique de tolérance zéro de Pékin à l’égard du Covid est invivable pour de nombreux Chinois.

Plus d’un an et demi après le début de la pandémie, les citoyens chinois souffrent toujours de quarantaines interminables et de tests PCR omniprésents (quasi quotidiens dans certaines écoles).

Depuis le 23 octobre, environ un tiers des 31 régions chinoises, dont Pékin, est toujours soumis à des restrictions, notamment l’interdiction de voyager vers d’autres provinces, le confinement des écoles (où les élèves restent à l’intérieur pour les tests), la fermeture des restaurants et des lieux de divertissement ou l’interdiction périodique de sortir.

La ville de Ruili, célèbre pour son commerce de bijoux dans la province chinoise du Yunnan, située sur la frontière birmane, a subi quatre confinements depuis septembre 2020, certains ayant duré jusqu’à 26 jours.

Sur les médias sociaux, des parents racontent comment leurs enfants et eux-mêmes subissent la politique du « zéro Covid ». Une femme explique que son enfant de 2 ans a été soumis à une centaine de tests PCR. D’autres se plaignent d’avoir passé des mois en isolement. Certains commerces locaux sont fermés depuis plus de six mois. La plupart des habitants de la ville n’ont plus aucun revenu depuis la fermeture de la frontière.

Le maire de Ruili a défendu ces mesures, disant qu’elles devront rester en place jusqu’à ce que le nombre d’infections atteigne zéro.

Ruban de police qui bloque l’accès à un bâtiment dans le cadre des mesures contre le Covid-19 dans la ville de Ruili, dans la province chinoise du Yunnan (sud-ouest), le 5 juillet 2021. (STR/AFP via Getty Images)

Depuis le début de la pandémie, les villes situées à la frontière mongole sont en confinement, par intermittence. La frontière mongole a été fermée pendant des mois, ce qui a aggravé les pénuries de charbon et d’électricité en Chine et mis la Mongolie dans une position très difficile. La Mongolie dépend de la Chine pour la plupart des produits finis, ainsi que pour les légumes et les fruits.

Les épidémies et les restrictions ne sont pas limitées aux zones frontalières. Le PCC a récemment fermé plus de 10 écoles à Pékin. Le directeur d’un des établissements scolaires est allé jusqu’à exiger des parents d’apporter des oreillers et des couvertures pour leurs enfants retenus dans les locaux en attendant les résultats des tests. Un des deux parents pouvant rester auprès de son enfant pendant les deux semaines de quarantaine obligatoires qui suivraient.

Des centaines de personnes empruntant un train à grande vitesse reliant Shanghai à Pékin ont été redirigées vers un lieu de quarantaine. Dans la province du Zhejiang, la ville ancienne de Xitang a été fermée. Certaines parties de la province de Guizhou ont interdit les touristes de l’extérieur de la province. Dans la ville de Heihe, dans la province du Heilongjiang, les transports en commun et les services de taxi ont été suspendus. Et à Shanghai Disneyland, environ 30 000 visiteurs ont été séquestrés du fait qu’une visiteuse a été testée positive après avoir quitté le parc.

Les applications de recherche de contacts obligent les gens à être enfermés chez eux ou envoyés en quarantaine. Lorsqu’un enseignant, entièrement vacciné, a été testé positif, l’école a immédiatement fermé. D’autres enseignants, qui avaient reçu des injections de rappel au même endroit, ont été recherchés. Cela a conduit à la fermeture d’une douzaine d’autres écoles.

Les contacts sont retracés grâce aux données de localisation des téléphones portables, et les personnes susceptibles d’avoir été exposées sont informées qu’elles doivent se présenter pour subir des tests et être isolées. Le PCC utilise une technologie nommée le « compagnon espace-temps ». Si un téléphone se trouve à 800 mètres (environ 100 terrains de football) du téléphone d’un cas confirmé pendant plus de 10 minutes, son propriétaire recevra une notification officielle par SMS, et son code sanitaire vert passe au jaune.

Lorsque le code sanitaire vire au jaune, les citoyens doivent se soumettre à deux tests PCR dans les trois jours. Même s’ils renvoient deux tests négatifs, ils doivent s’auto-confiner pendant 14 jours.

Des habitants font la queue pour passer des tests d’acide nucléique à Chengdu, dans la province du Sichuan (sud-ouest de la Chine), le 8 décembre 2020. (STR/AFP via Getty Images)

En raison d’une distance « de contact » de près d’un kilomètre, les gens ne connaissent ni ne voient généralement pas la personne à laquelle ils auraient été exposés. Par ailleurs, tous les endroits par laquelle une personne testée positive est passée constitue une zone désignée comme dangereuse pour une durée de 30 heures, ce qui signifie qu’une personne arrivant le lendemain, qui n’a pas eu de contact avec la personne infectée et ne la connaît pas, verra son code passer au jaune. Par conséquent, ces cas positifs présumés sont désormais appelés, non sans ironie, les « voyageurs temporels ».

Le terme « voyageurs temporel » a été inventé par des habitants de Chengdu qui ont quitté la ville, parfois un jour et demi, avant que des cas positifs ne soient détectés, et qui ont ensuite été informés que leur statut sanitaire était passé au jaune. Selon le Bureau de la sécurité publique de Chengdu, du 3 au 9 novembre, 82 000 personnes au total ont vu leur statut passer au jaune grâce au « compagnon espace-temps ».

Zhong Nanshan, le plus grand spécialiste chinois des maladies respiratoires, soutient la politique du « zéro Covid », affirmant qu’elle serait moins coûteuse que de « réintroduire des restrictions à chaque fois que des épidémies se produisent ». Cette déclaration n’a toutefois aucun sens, puisque le PCC réintroduit des restrictions à chaque fois qu’un nouveau groupe d’infections apparaît.

Malgré les déclarations officielles qui soutiennent le contraire, les coûts de la politique « zéro Covid » paralysent l’économie chinoise. Les entreprises étrangères et nationales peinent à fonctionner ne sachant ni quand ni où auront lieu les prochains confinements ou les prochaines restrictions. Les experts étrangers hésitent à se rendre en Chine en raison des exigences en matière de vaccins, de tests et de quarantaine, ainsi que du risque d’être bloqué.

Les étudiants étrangers inscrits dans les universités chinoises ont dû suspendre leurs études, ne pouvant entrer dans le pays. Les citoyens chinois, qui étudient et travaillent à l’étranger, n’ont pas pu voir leurs familles depuis près de deux ans.

Un porte-parole du ministère du commerce a exhorté les foyers à faire des provisions de produits de première nécessité. Beaucoup ont interprété ces conseils comme une annonce de confinements à venir. Entre-temps, les responsables de la santé publique ont laissé entendre que les restrictions pourraient se poursuivre jusqu’à la fin de l’année prochaine. Cela ferait trois ans de restrictions. Il apparait désormais clairement que la Chine n’a pas aussi bien résolut la question du virus qu’on le prétend.

Antonio Graceffo, docteur en philosophie, a passé plus de 20 ans en Asie. Il est diplômé de l’Université des sports de Shanghai et titulaire d’un MBA chinois de l’Université Jiaotong de Shanghai. Antonio travaille comme professeur d’économie et analyste économique de la Chine, écrivant pour divers médias internationaux. Parmi ses ouvrages sur la Chine, citons « Beyond the Belt and Road : China’s Global Economic Expansion » (Au-delà de la Ceinture et de la Route : l’expansion économique mondiale de la Chine) et « A Short Course on the Chinese Economy » (Petit cours sur l’économie chinoise).


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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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