Port du voile
Port du voile pour les mineures : Laurent Nuñez « pas favorable » à une interdiction
Le ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez a clairement affiché son opposition à l'interdiction du port du voile aux mineures dans l'espace public. Interrogé dimanche sur BFMTV, il a qualifié cette proposition du chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez de mesure profondément stigmatisante pour la communauté musulmane française.

Le ministre français de l'Intérieur, Laurent Nunez, arrive pour une visite à Marseille le 20 novembre 2025.
Photo: CLEMENT MAHOUDEAU/AFP via Getty Images
Le ministre a exprimé ses réserves sans détour, estimant que cette interdiction risquerait de blesser les compatriotes musulmans. Sa position tranche avec celle défendue par le groupe LR, qui a déposé lundi une proposition de loi visant précisément à empêcher les jeunes filles mineures de porter le voile dans les espaces publics.
Un arsenal législatif controversé en préparation
Au-delà du voile, d’autres mesures radicales sont sur la table. Un rapport sénatorial des Républicains évoque notamment l’interdiction du jeûne du ramadan pour les moins de 16 ans. Ces propositions s’inscrivent dans la continuité du rapport sur l’entrisme islamique présenté au printemps par Bruno Retailleau, lorsqu’il occupait le poste de ministre de l’Intérieur.
Laurent Nuñez a mis en garde contre ces propositions législatives, estimant qu’elles frôlent dangereusement le délit d’opinion. Le ministre appelle à une extrême prudence dans l’élaboration de telles mesures, insistant sur le risque de stigmatisation qu’elles comportent.
Cibler les structures plutôt que les individus
Pour le ministre de l’Intérieur, la priorité doit être ailleurs. Il plaide pour une action ciblée contre les structures et les individus qui promeuvent un discours d’entrisme islamiste, ces acteurs qui cherchent à faire prévaloir la loi religieuse sur les lois républicaines.
Laurent Nuñez souhaite concentrer les efforts sur ceux qui encouragent les jeunes filles à porter le voile à l’école ou qui les incitent à refuser la scolarisation si elles ne peuvent pas le faire. Cette approche, selon lui, serait plus efficace et moins discriminatoire qu’une interdiction généralisée.
Aurore Bergé prend le contre-pied
La discorde au sein du gouvernement est manifeste. Dimanche sur CNews-Europe 1, Aurore Bergé, ministre chargée de l’Égalité entre les hommes et les femmes, a défendu une position diamétralement opposée. Elle s’est prononcée en faveur de l’interdiction du voile pour les fillettes, invoquant la nécessité de protéger les enfants.
La ministre a révélé défendre cette mesure depuis des années et estime que le moment est venu de la concrétiser. Elle se dit convaincue qu’une majorité existe désormais à l’Assemblée nationale et au Sénat pour voter une telle interdiction, suggérant que les groupes politiques pourraient rapidement inscrire des propositions de loi à l’ordre du jour.
Cette divergence d’opinions au sommet de l’État illustre la complexité du débat sur la laïcité et les symboles religieux en France, un sujet qui continue de diviser profondément la classe politique.
Avec AFP

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