Le pourpier: une mauvaise herbe, un superaliment, un médicament puissant

Cette « mauvaise herbe » commune est un des aliments les plus nutritifs et les plus faciles à cultiver au monde.

Le pourpier est un superaliment dont vous n’avez peut‑être jamais entendu parler. Cette humble herbe est un trésor caché que l’on trouve couramment dans les fissures des trottoirs, sur les bords des allées et dans d’autres environnements urbains.

Il s’agit également d’une des plantes les plus nutritives de la planète et d’une herbe médicinale puissante utilisée depuis des millénaires dans l’herboristerie occidentale et la médecine chinoise.

« Des recherches récentes montrent que le pourpier a une meilleure qualité nutritionnelle que les principaux légumes cultivés, avec une teneur plus élevée en bêta‑carotène, en acide ascorbique et en acide alpha‑linolénique. De plus, le pourpier a été décrit comme un aliment énergétique en raison de ses propriétés nutritives et antioxydantes élevées », notent des chercheurs malaisiens dans une étude de 2014 publiée dans Scientific World Journal.

Le pourpier fait partie de la famille des Portulacaceae et est également connu sous le nom d’amarante, de petite berce, de verdolaga et de racine rouge. On pense qu’il est originaire d’Afrique du Nord, de la Méditerranée et du sous‑continent indien, mais qu’il est arrivé en Amérique du Nord et en Europe à la fin du XVIe siècle. Aujourd’hui, le pourpier est cultivé dans le monde entier, dans les climats tropicaux et tempérés. Il pousse toute l’année dans les climats chauds, et de la fin du printemps au début de l’automne dans les climats plus froids.

Également connue sous le nom de Portulaca oleracea, cette herbe est une succulente avec un port plat elle recouvre les sols, atteignant environ 15 cm de haut et s’étalant en un large tapis. Elle possède des feuilles épaisses, vert foncé, et des tiges lisses rougeâtres.

Le pourpier préfère le plein soleil et peut pousser dans presque tous les types de sol. La plante produit de petites fleurs jaunes qui bourgeonnent par groupes de deux ou trois. Elles apparaissent à la fin de l’été et aiment s’ouvrir dans les premières heures du soleil matinal. Elle est plus heureuse par temps chaud, et bien qu’elle préfère être arrosée régulièrement, elle est assez résistante à la sécheresse, ce qui la rend facile à cultiver et lui permet de prospérer presque partout.

Le pourpier en tant que médicament

En raison de ses propriétés curatives extrêmement variées, le pourpier a de nombreuses applications en médecine, dont certaines sont énumérées ci‑dessous :
‑ purgatif : utilisé pour purger ou nettoyer le corps, généralement en évacuant les intestins ;
‑tonique cardiaque : améliore l’efficacité et la contraction du cœur, ce qui permet d’améliorer la circulation sanguine dans toutes les parties du corps ;
‑ émollient : adoucit, apaise et hydrate la peau ;
‑ relaxant musculaire : détends les muscles, aide à soulager les spasmes ou les contractions musculaires ;
‑ anti‑inflammatoire : réduit l’inflammation ;
‑ diurétique : aide le corps à se nettoyer en éliminant par l’urine.

En médecine, presque toutes les parties du pourpier sont utilisées, la tige, les feuilles, les fleurs, les bourgeons, les graines et le jus.

Le pourpier est mentionné dans les écrits du naturaliste et philosophe romain Pline l’Ancien du premier siècle. Sous l’empire romain, le pourpier était utilisé comme remède contre les maux de tête, les inflammations, les troubles de la vessie, la dysenterie et les hémorroïdes. Ses écrits suggèrent également que le pourpier était utilisé dans le régime alimentaire romain comme légume principal et comme ajout aux salades.

En médecine ayurvédique, le système médical traditionnel de l’Inde, le pourpier est utilisé pour traiter l’indigestion, les ulcères, les œdèmes, les maladies oculaires et l’asthme.

Il est également utilisé au Moyen‑Orient pour prévenir le scorbut, expulser les vers, réduire la fièvre et traiter les problèmes de peau.

Combat le cancer

Selon une étude de l’Asian Pacific Journal for Cancer Prevention publiée en 2014, l’extrait de pourpier avait tué 83% des cellules cancéreuses du foie humain in vitro. Ce qui est peut‑être encore plus impressionnant, c’est qu’après avoir pris les extraits, les cellules cancéreuses sont mortes en 24 heures. Dans d’autres études, les extraits de pourpier se sont également révélés toxiques pour les cancers du sein, du poumon, du côlon et du col de l’utérus, ainsi que pour les sarcomes, qui sont des tumeurs cancéreuses dans les os et les tissus mous.

BMC Complementary and Alternative Medicine a publié en 2019 une étude qui s’est attachée à examiner l’effet du pourpier sur le cancer du col de l’utérus. L’étude indique que le cancer du col de l’utérus est le deuxième cancer le plus répandu dans le monde et la tumeur maligne gynécologique la plus fréquente. Plus de 500.000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année, principalement dans les pays en développement.

L’étude a révélé que les polysaccharides isolés du pourpier, pris par voie orale, inhibaient la croissance du carcinome cervical en renforçant la réponse immunitaire de l’organisme.

Améliore les symptômes de l’asthme

Une étude de 2019 publiée dans l’Iranian Journal of Pharmaceutical Research a révélé que le pourpier améliorait les poumons malades de rats asthmatiques, augmentait leur nombre total de globules blancs et diminuait l’inflammation. L’étude propose que l’extrait de pourpier puisse être utilisé comme un traitement anti‑inflammatoire préventif contre l’asthme.

Une autre étude, publiée dans l’Avicenna Journal of Phytomedicine en 2017, a montré que l’extrait de pourpier avait à la fois des effets anti‑inflammatoires et immunomodulateurs sur des rats asthmatiques. L’immunomodulation est la capacité à modifier ou à réguler le système immunitaire en activant ou en supprimant sa fonction. L’extrait a eu un effet égal ou supérieur à celui de la dexaméthasone, un médicament stéroïde utilisé pour traiter l’inflammation associée à l’asthme modéré à sévère.

Dans une étude plus ancienne sur des patients asthmatiques, les chercheurs ont découvert que l’administration orale d’un extrait bouilli à 5% ou de 0,25 millilitre par kilogramme de pourpier était aussi efficace pour ouvrir les voies respiratoires que la théophylline, un médicament utilisé pour détendre et ouvrir les voies respiratoires des poumons afin de soulager les symptômes de l’asthme, de la bronchite chronique et de l’emphysème. Dans cette étude, publiée dans le Journal of Ethnopharmacology en 2004, les patients recevant l’extrait de pourpier ont également constaté une augmentation significative de la fonction pulmonaire.

Traite le diabète

Une étude sur des rats publiée le mois dernier dans la revue Molecules a révélé que des extraits de pourpier réduisaient nettement les symptômes associés au diabète de type 1, notamment l’inflammation et le dysfonctionnement du système de reproduction.

Passant en revue les conditions qui augmentent le risque de maladie cardiaque, d’accident vasculaire cérébral et de diabète, une étude publiée le mois dernier dans le Journal of Ethnopharmacology s’est penchée sur les effets de l’extrait de pourpier sur le syndrome métabolique, et a constaté que l’extrait de pourpier réduisait de manière importante les taux de glycémie et équilibrait le profil lipidique (graisses). L’étude a révélé que le pourpier avait des propriétés antioxydantes, anti‑inflammatoires, hypocholestérolémiantes, anti‑obésité et antidiabétiques.

Une étude publiée en 2015 dans le Journal of Research in Medical Sciences a étudié les effets des graines de pourpier sur les personnes atteintes de diabète de type 2. L’étude a conclu que les patients diabétiques qui avaient consommé des graines de pourpier pendant cinq semaines avaient vu leur taux de triglycérides et leur pression artérielle s’améliorer tout en montrant une nette diminution de leur poids et de leur indice de masse corporelle (IMC). L’IMC est utilisé pour estimer le taux total de graisse corporelle et évaluer le risque de maladies pouvant survenir en raison d’un taux élevé de graisse corporelle, comme les maladies cardiaques, l’hypertension artérielle et le diabète de type 2.

Réduit le cholestérol

Le pourpier contient des quantités importantes d’acides gras oméga‑3, qui réduisent considérablement le cholestérol LDL (mauvais cholestérol). Il a également été démontré qu’une alimentation riche en oméga‑3 permet de prévenir l’hypercholestérolémie et l’hypertension artérielle, et de diminuer les risques de développer des maladies cardiovasculaires, en raison de leur capacité à combattre l’inflammation.

La consommation de graines de pourpier a permis de réduire efficacement le taux de cholestérol chez les femmes atteintes d’athérosclérose, selon une étude de 2016 publiée dans Scientific Reports. L’athérosclérose est une maladie causée par une accumulation de cholestérol ou de dépôts graisseux dans les artères qui restreint la circulation sanguine. C’est la principale cause des maladies coronariennes, des accidents vasculaires cérébraux ischémiques et des maladies artérielles périphériques. L’athérosclérose est une cause de décès très importante dans le monde.

Une source alimentaire dense en nutriments

Comme mentionné ci‑dessus, le pourpier est une des sources végétales les plus riches en acides gras oméga‑3, que l’on trouve habituellement dans le poisson et dans les graines de lin. La plupart des gens associent les oméga‑3 aux huiles de poisson, qui en sont une excellente source, bien qu’elles contiennent également des niveaux élevés de calories et de cholestérol. En revanche, le pourpier ne contient pas de cholestérol et très peu de calories – seulement 9 calories par portion d’une tasse. Il contient également beaucoup de vitamines A et C, ainsi que du potassium, du magnésium, du calcium, du phosphore et du fer.

Il est également riche en bêta‑carotène, qui est converti en vitamine A dans l’organisme. La vitamine A est un puissant antioxydant nécessaire au maintien d’une peau, d’une vision et d’une fonction neurologique saines. Les antioxydants aident à combattre les radicaux libres, qui peuvent provoquer des inflammations et entraîner des maladies.

Le pourpier est également riche en vitamine C, un autre antioxydant important, qui renforce le système immunitaire, améliore la santé cardiaque, réduit les inflammations et est important pour une peau saine et belle. Une portion d’un peu plus de 2 tasses de pourpier apporte environ 35 % de l’apport quotidien recommandé.

La plante entière est comestible, et elle peut être consommée crue, à la vapeur ou bien cuite dans des plats. Le pourpier cru a une saveur citronnée, salée et un peu acide, avec une texture légèrement croquante et semblable à celle du concombre. Il est délicieux dans les salades et les sandwichs (feuilles et tiges) et parfait dans les soupes, où il sert également d’épaississant. Il est traditionnellement ajouté au plats au curry et se prête particulièrement bien au saumurage, ce qui permet de le conserver pendant l’hiver et de le déguster toute l’année.

Précautions à prendre

Le pourpier contient également des quantités élevées d’oxalates (comme les épinards), il doit donc être consommé avec précaution par les personnes susceptibles de former des calculs rénaux.

Pour ceux qui rechercheront du pourpier sauvage, il faut veiller à ne pas le prendre au bord des routes ou dans d’autres endroits où il a pu être exposé à des gaz d’échappement, des pesticides ou d’autres produits chimiques. Les endroits les plus sûrs pour obtenir du pourpier sont les champs, les forêts et autres environnements naturels. Heureusement, le pourpier se transplante très bien et se développe avec peu d’efforts.

Le pourpier en médecine chinoise

En médecine traditionnelle chinoise (MTC), le pourpier se nomme « ma chi xian » et, dans le folklore chinois ancien, il était appelé « la plante de la longue vie« .

Dans le système de la MTC, le pourpier appartient à la catégorie des herbes qui éliminent la chaleur, résolvent la toxicité, refroidissent le sang et soulagent les intestins. Il est considéré comme froid et lisse, ce qui le rend excellent pour refroidir la chaleur toxique et la faire sortir du corps, et également aigre, ce qui signifie qu’il a une qualité astringente, asséchant l’excès de fluides. C’est pourquoi le pourpier est un remède courant contre la diarrhée et la transpiration excessive.

En médecine chinoise, le pourpier traite les affections suivantes :
‑ furoncles ;
‑ plaies ;
‑ eczéma ;
‑ saignements post‑partum ;
‑ saignements intestinaux
‑ infections des voies urinaires avec présence de sang dans l’urine ;
‑ pertes vaginales ;
‑ bouffées de chaleur et sueurs nocturnes ;
‑ dysenterie ;
‑ hémorroïdes ;
‑ piqûres d’insectes ;
‑ morsures de serpent ;
‑ diarrhée ;
‑ transpiration excessive.

Les recherches actuelles ont montré que le pourpier possède d’importantes propriétés analgésiques et anti‑inflammatoires. Ces résultats valident ce que les Chinois savent depuis des milliers d’années : le pourpier est un puissant médicament contre la douleur et l’inflammation.

À l’heure de l’insécurité alimentaire, des perturbations de la chaîne d’approvisionnement, de la flambée des prix des denrées alimentaires et de la corruption croissante de notre système médical, il semble prudent d’apprendre certains des avantages pour la santé des plantes que nous pouvons cultiver nous‑mêmes. Le pourpier est délicieux, c’est un aliment nutritif, un médicament polyvalent et puissant, et il est simple à cultiver. On peut le cueillir facilement, presque n’importe où, ce qui en fait un superbe atout dans la vie et dans le jardin.