La marque française de prêt-à-porter pour les 10-19 ans Jennyfer, qui était sortie d’une période de redressement judiciaire en juin 2024, va finalement demander sa mise en liquidation judiciaire, a annoncé mercredi la direction.
« L’explosion des coûts, la baisse du pouvoir d’achat, les mutations du marché textile et une concurrence internationale toujours plus agressive ont rendu son modèle économique intenable, » a précisé la direction. « Notre pensée profonde et sincère va à l’ensemble des équipes mobilisées depuis des années avec passion, créativité et engagement » a-t-elle ajouté.
D’après un communiqué mercredi de la CGT Services, « les salariés ont été mis au courant de la situation » dans la matinée. Le syndicat déplore que « la direction, avec la complicité de l’État, va supprimer les 999 emplois de l’entreprise ». Pour le syndicat, l’État aurait dû « garantir une vigilance » à la suite de plans sociaux successifs. « Cette annonce violente et brutale plonge les salariés dans une situation très précaire, » a-t-il jugé.
Un redressement judiciaire en 2023
La marque fondée en 1984 comptait mi-2024 220 magasins en France et 80 à l’international, et revendique environ 250 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel.
Tombée en redressement judiciaire en juin 2023 en raison de l’« augmentation soudaine des coûts cumulée à une inflation galopante », elle avait annoncé en sortir il y a moins d’un an, annonçant « un investissement initial de 15 millions d’euros » et « l’arrivée d’un nouvel actionnaire ».
Un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) était intervenu entre temps, menant à la suppression de 75 postes (60 au siège et 15 dans les entrepôts) sans fermeture de magasins.
L’entreprise avait un temps essayé de se relancer via une nouvelle identité de marque, « Don’t Call Me Jennyfer », qui n’avait pas prise auprès des clients.
Elle était finalement revenue en 2024 à son nom historique, Jennyfer.
Son nouveau directeur général, Yann Pasco, avait déclaré en avril 2024 vouloir « préserver l’ADN de Jennyfer », qui a « 15% de part de marché sur les 10-14 ans » mais aussi « élargir la cible de clientèle » en se positionnant sur les 15-19 ans et les 20-24 ans.
De nombreuses liquidations dans le secteur
Une violente crise frappe le prêt-à-porter en France depuis plusieurs années.
La marque de mode néerlandaise C&A, implantée en France depuis plus de 50 ans et qui restructure depuis plusieurs années son parc de magasins, a annoncé mi-mars un nouveau plan menaçant plus de 300 emplois.
Camaïeu, Kookaï, Gap France, André, San Marina, Minelli, Pimkie, Comptoir des Cotonniers, Princesse Tam Tam, IKKS, Kaporal : nombreuses sont les marques qui ont fait les frais de cette tourmente.
Elle a été fatale à certaines, qui ont été liquidées, comme Camaïeu en septembre 2022, avec le licenciement de 2100 salariés qui avait fortement marqué les esprits.

Les marques ont souffert d’un cocktail détonant : pandémie, inflation, hausse des prix de l’énergie, des matières premières, des loyers et des salaires ou encore concurrence de la seconde main.
Dernièrement, le développement de « l’hyper fast-fashion », dont le site chinois Shein est le symbole, a continué de menacer le modèle économique des enseignes plus anciennes bon marché. Cette mode éphémère aux très bas prix et aux collections renouvelées très fréquemment, grignote chaque jour un peu plus des parts de marché en France.

Si bien que le gouvernement souhaite mitiger son expansion : il a proposé mardi la mise en place de « frais de gestion » d’un faible montant sur chaque petit colis entrant en Europe, dont ceux venus de Chine.
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