Opinion
Pékin a désespérément besoin d’argent étranger

Des gens se promènent sur la promenade du Bund, le long du fleuve Huangpu, lors du passage du typhon Co-May à Shanghai, en Chine, le 30 juillet 2025.
Photo: Hector Retamal/AFP via Getty Images
Pékin a appris une chose au cours des deux dernières années, avant même la réélection de Donald Trump : l’économie chinoise a un besoin urgent d’investissements étrangers et d’entreprises étrangères.
Pendant des années, l’État-parti chinois a semblé agir comme s’il avait tous les avantages. Partant du principe, non sans raison, que les investisseurs étrangers seraient prêts à tout pour avoir accès aux consommateurs, aux affaires et aux marchés chinois en général, le régime leur a imposé des exigences strictes. Il a imposé de lourdes formalités administratives aux entreprises américaines, européennes et japonaises, refusant de faire respecter réellement les brevets et les droits d’auteur, et exigeant que toute entreprise étrangère opérant en Chine ait un partenaire chinois auquel elle devait divulguer ses secrets technologiques et commerciaux.
Les principales plaintes portées par Donald Trump contre la Chine en 2018-2019, lors de son premier mandat présidentiel, ont mis en évidence ces pratiques. Le régime chinois n’a pas modifié sa politique à l’époque, mais comme les capitaux étrangers ont commencé à se tourner vers d’autres endroits, les autorités de Pékin ont changé de discours.
Ce changement est devenu évident surtout au cours des dernières semaines. Lors de cette période relativement courte, le régime a annoncé des mesures visant à protéger les droits d’auteur et les brevets étrangers. En juin, il a ajouté des incitations fiscales pouvant atteindre 10 % pour les entreprises étrangères qui réinvestissent leurs bénéfices en Chine.
Puis, le mois dernier, sept agences clés de Pékin, dont la Commission nationale du développement et de la réforme, le ministère des Finances et la Banque populaire de Chine, ont publié conjointement ce qu’elles ont appelé une « Notice sur la mise en œuvre de plusieurs mesures visant à encourager le réinvestissement des entreprises à capitaux étrangers ».
Chacune de ces « mesures » semble être très favorable aux investisseurs étrangers. Les nouvelles règles exigent désormais des gouvernements locaux de toute la Chine qu’ils soutiennent les investissements étrangers et élargissent la définition d’entreprises qui peuvent bénéficier de ces mesures.
Les nouvelles règles visent à réduire le coût d’installation et de fonctionnement des entreprises au capital étranger en facilitant l’accès aux terrains industriels, aux baux, aux contrats de location-vente et aux transferts de terrains à durée variable. Les régulateurs ont reçu l’ordre de simplifier et d’accélérer l’émission des autorisations pour les projets avec participation étrangère, ainsi que pour ceux qui peuvent bénéficier des allégements fiscaux – et ce, pour un large éventail de revenus.
La nouvelle attitude « amicale » de Pékin est certainement une réponse au manque d’investissements étrangers au cours des deux dernières années. En partie à cause du comportement abusif du régime chinois dans le passé, mais aussi de l’hostilité officielle envers le commerce avec la Chine en Amérique, dans l’Union européenne et au Japon, les entreprises étrangères ont commencé à se détourner de la Chine. En 2023, la Chine a subi une sortie nette de capitaux étrangers. Au premier semestre 2025, les investissements étrangers étaient inférieurs de 15,2 % au niveau déjà réduit de 2024.
Bien que des hausses d’investissements aient été observées dans les services de commerce électronique, les produits pharmaceutiques, les équipements aérospatiaux et la fabrication de dispositifs médicaux, elles n’ont pas suffi à compenser le déclin général. Le ralentissement économique causé par cette insuffisance est indéniable, non seulement en termes d’exportations de la Chine, mais aussi de manière plus générale. Pékin a estimé qu’à long terme, les entreprises à capitaux étrangers, comme on les appelle, ont contribué à hauteur de 20 à 30 % au produit intérieur brut (PIB) de la Chine.
Il est certain que les concessions importantes accordées récemment susciteront des réactions positives de la part des entrepreneurs aux États-Unis, en Europe, au Japon et ailleurs. Il est toutefois peu probable que les sociétés ou les investissements étrangers reviennent en Chine à ce qu’ils étaient lorsque le pays était la principale destination des investisseurs étrangers.
D’une part, les hommes d’affaires du monde entier se souviennent des abus passés et sont conscients que l’approche aujourd’hui favorable de Pékin pourrait facilement changer si les circonstances le permettent. Ils se rendent compte également qu’une réponse massive aux incitations actuelles augmentera leur exposition à l’État-parti et les rendra d’autant plus vulnérables si ce dernier changeait d’avis.
Les PDG de l’Europe, de l’Amérique, du Japon et d’autres pays ont également pris conscience ces dernières années du fait qu’il y a ailleurs, en particulier en Asie et en Amérique latine, des opportunités qui sont, en comparaison, plus sûres qu’en Chine. Ils réagiront sans doute avec prudence.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Milton Ezrati, auteur, est collaborateur de la rédaction de The National Interest, une filiale du Centre d'études sur le capital humain de l'université de Buffalo (SUNY), et économiste en chef de Vested, une société de communication basée à New York. Avant de rejoindre Vested, il a été chef de la stratégie de marché et économiste pour Lord, Abbett & Co. Il écrit également fréquemment pour le City Journal et blogue régulièrement pour Forbes.
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