Dans le monde entier, des herboristes formés à la manière des « médecins aux pieds nus » s’occupent des membres de leur communauté, veillent à leur bien-être et transmettent les connaissances traditionnelles.
Nos sociétés modernes ont été inondées de produits pharmaceutiques et la science a souvent une longue liste de questions concernant les plantes médicinales, comme le montre un article publié en 2013 dans Frontiers in Pharmacology. Néanmoins, les remèdes traditionnels ont une histoire millénaire dans les cultures du monde entier et deviennent de plus en plus pertinents pour ceux qui s’intéressent à des approches plus holistiques et naturelles des soins de santé et du bien-être.
Les auteurs d’une étude mondiale réalisée en 2020 considèrent les plantes comme précieuses , significatives, et comme « une source de recherche de composés actifs pour la médecine ». Selon cette étude, « 10% de toutes les plantes vasculaires (entre 350.000 et près d’un demi-million) sont utilisées comme plantes médicinales ».
Comment accéder à toute cette sagesse ancestrale ?
La recherche du savoir ancestral
Beaucoup d’entre nous ont perdu le savoir traditionnel de leurs ancêtres. Je me souviens que mon grand-père m’emmenait en promenade dans les forêts allemandes, m’expliquant les différentes sortes de champignons, ceux que je pouvais récolter et manger en toute sécurité, ceux qui ne pouvaient être utilisés qu’à des fins médicinales, et les autres qu’il valait mieux ne pas toucher. Aujourd’hui, il a été édité de nombreux livres sur les champignons pour réapprendre les connaissances transmises par nos aïeux à l’époque.
L’utilisation des propriétés médicinales des plantes dans les préparations basiques à base de plantes et de produits naturels n’a rien de sorcier et peut s’apprendre avec un esprit vif et de la curiosité à l’égard du monde végétal.
La méthode du médecin aux pieds nus
Ce nouveau regain d’intérêt pour les remèdes à base de plantes repose en partie sur le « système des médecins aux pieds nus », utilisé pendant la période sombre de la révolution culturelle en Chine (1966-1976). Selon un article publié dans Nursing Digest, des travailleurs de la santé formés de manière intensive, mais pendant une courte durée (3 à 6 mois), ont assuré des services médicaux dans des zones rurales.
Un rapport de Harvard datant de 2018 indique ce qui suit :
« Le programme des médecins aux pieds nus mettait en œuvre une stratégie peu coûteuse qui a permis d’obtenir des résultats élevés en matière de santé. Son principe de base était de maintenir les gens en bonne santé. Tout le monde bénéficiait du programme – il s’agissait d’un système de santé universel dans son essence même. Tout aussi impressionnant, les médecins aux pieds nus faisaient partie de la communauté, la comprenaient, se souciaient d’elle et avaient sa confiance ».
Les « médecins aux pieds » nus ont même été proposés comme solution au dilemme du Covid-19 pour les zones rurales dans un article d’opinion publié en 2022 dans la revue Frontiers in Public Health.
Aujourd’hui, les herboristes communautaires – des personnes qui ont suivi une formation de plusieurs années auprès d’herboristes chevronnés et qui pratiquent l’herboristerie au sens traditionnel et historique du terme – travaillent souvent sur la base du même principe, et pas seulement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, mais aussi dans des pays riches et industrialisés. Nous connaissons nos communautés parce que nous en faisons partie, et nous transmettons les connaissances traditionnelles afin de rendre la santé abordable à la population.
Aperçu des méthodes de préparation de base des plantes médicinales
L’objectif ici est donc de présenter les techniques les plus essentielles pour décocter et extraire des plantes médicinales à la maison.
Selon l’herbe, la plante, l’arbuste ou l’arbre choisi, les parties utilisées sont les feuilles , les fleurs, l’écorce ou la racine.
Les méthodes d’extraction les plus courantes sont les extractions d’huile (à froid/à chaud), les extractions d’eau (à froid/à chaud) ou les extractions d’alcool. Ces procédés portent une série de noms :
• Décoction – ébullition prolongée de matières herbacées.
• Macération à froid – procédé à l’eau froide.
• Macération à chaud – infusion classique de thé ou pour diluer dans le bain ; en viticulture, macération à chaud du marc de cuve en le dissociant transitoirement du reste de la cuvée.
• Teinture – une extraction à l’alcool.
• Extraction (à chaud ou à froid) – matière végétale traitée dans l’huile (« extraction » est aussi parfois utilisé comme terme général pour la préparation d’un remède à base de plantes).
Les préparations de base seront utilisées telles quelles ou transformées en crèmes (soins combinant l’huile et l’eau), en pommades (soins gras sans utilisation d’eau), en cataplasmes (matières végétales humides appliquées dans un tissu pour envelopper ou recouvrir la partie du corps affectée) ou en d’autres applications médicinales.
Les recettes de base
Préparer la matière végétale avant de l’extraire, en la réduisant en morceaux de 5 mm. Utiliser un mortier et un pilon pour briser et écraser délicatement les matières plus dures comme les racines, l’écorce ou les baies séchées.
Extraction d’huile à froid
Les huiles végétales extraites sont utilisées comme base pour les crèmes, les préparations pour les soins de la peau et les huiles de massage. L’extraction à chaud est simplement une version plus rapide (1 heure) de l’extraction à froid, qui dure de 3 à 5 semaines.
• Mettre la matière végétale dans un bocal que l’on peut fermer hermétiquement à l’aide d’un couvercle.
• Verser l’huile sur l’ensemble de la plante. L’huile d’olive ou d’amande est préférable, mais l’huile de tournesol ou l’huile de jojoba (qui est en fait une cire liquide et non une huile) conviennent également. L’avantage de l’huile de jojoba est sa longue durée de conservation et sa stabilité.
• Utiliser un rapport de 1:10 pour les plantes fraîches et de 1:20 pour les plantes séchées. Veiller à ce que toutes les plantes soient entièrement recouvertes.
• Placer dans un endroit chaud et lumineux (mais pas ensoleillé !) – sauf pour le millepertuis, qui doit être placé au soleil pour l’extraction.
• Secouer régulièrement et examiner attentivement pour détecter la formation de moisissures.
• Laisser infuser pendant 3 à 5 semaines.
• Filtrer et remplir des bouteilles en verre foncé.
• Conserver dans un endroit frais et à l’abri de la lumière.
Extraction de l’huile – chaude
• Verser le produit végétal dans un récipient résistant à la chaleur.
• Utiliser le rapport plante/huile mentionné ci-dessus pour l’extraction par huile froide.
• Préparer un bain-marie et chauffer très doucement le mélange d’huile et de plantes pendant environ une heure à une température maximale de 40° (tiède mais pas chaud).
• Laisser refroidir. Filtrer et conserver comme décrit ci-dessus.
Dosage : utiliser une quantité d’huile de la taille d’un petit pois pour traiter une zone affectée de votre corps. Pour l’utilisation dans les recettes de soins de la peau, suivre les recommandations de la recette individuelle*.
Extraction à l’eau – froide/chaude
Les décoctions sont les plus efficaces pour libérer les composants actifs des racines, de l’écorce, des feuilles et baies séchées.
• Les mettre dans de l’eau froide (1 cuillère à soupe de matière végétale fraîche ou 1 cuillère à café de matière végétale séchée pour 15-20cl d’eau).
• Porter à ébullition continue pendant au moins 10 à 20 minutes (si nécessaire, ajouter de l’eau).
• Laisser refroidir et filtrer.
La macération est un procédé d’extraction à froid spécifiquement utilisé pour toutes les matières végétales mucilagineuses (visqueuses ou gélatineuses) ou thermolabiles (détruites par la chaleur).
• Suivre la première étape ci-dessus.
• Laisser extraire de quelques heures à trois jours (agiter ou remuer tous les jours).
• Filtrer.
Dosage : si les décoctions et les macérations sont utilisées par voie interne, il est recommandé de boire un verre à liqueur 1 à 2 fois par jour pendant 2 à 4 semaines*.
Une macération chaude consiste simplement à préparer un thé classique ou une infusion pour le bain.
• Utiliser 1 cuillère à soupe de plantes fraîches ou 1 cuillère à café de plantes séchées.
• Verser 15 à 20cl d’eau chaude sur la matière.
• Couvrir et laisser infuser pendant 3 à 5 minutes. Certaines macérations médicinales nécessitent un temps d’infusion plus long, de 10 à 15 minutes.
Une infusion pour le bain nécessite une concentration plus élevée de la macération car elle sera diluée par l’eau du bain.
Dosage : la recommandation habituelle pour les macérations médicinales est de boire 1 à 3 tasses par jour*.
Extraction à l’alcool
Une teinture est une extraction d’alcool à partir de plantes fraîches ou séchées.
• Mettre la matière végétale dans un bocal que l’on peut fermer hermétiquement avec un couvercle.
• Recouvrir toute la matière végétale d’alcool (à 40% ou plus). Bien que l’alcool le plus communément utilisé par les « médecins aux pieds nus » soit la vodka, on peut utiliser sa liqueur préférée, comme le cognac, le gin, le rhum, la tequila, le bourbon ou le whisky.
• Utiliser un rapport de 1:2 pour les plantes fraîches et de 1:5 pour les plantes séchées.
• Agiter.
• Garder le pot fermé et le placer dans un endroit chaud et ensoleillé.
• Laisser infuser pendant environ 2 à 4 semaines, en agitant quotidiennement.
• Filtrer et remplir des bouteilles en verre foncé.
• Conserver dans un endroit sombre et frais. Elle se conserve pendant environ deux ans.
Dosage : les teintures sont utilisées en petites doses diluées, entre 1 et 30 gouttes, 1 à 3 fois par jour, en fonction de la plante extraite ou de l’âge et de l’état de la personne*.
Comment filtrer les herbes
Le filtrage est le processus simple de séparation des matières solides et liquides. Préparer un bol ou un bocal de la taille de votre passoire et placer dans la passoire une mousseline de coton ou un tissu de lin propre. Verser le liquide, y compris les matières végétales solides, dans la passoire tapissée. Les liquides seront filtrés dans le bol ou le bocal, les ingrédients solides resteront dans le tissu. Bien essorer le tissu pour extraire tous les composants végétaux solubles dans l’huile ou l’eau.
Remarque : Pour toutes les recommandations et les dosages personnalisés de plantes médicinales, veuillez consulter votre herboriste local.*
Les remèdes à base de plantes doivent faire l’objet de recherches plus approfondies
L’utilisation des plantes comme source de recherche de composés actifs pour la médecine s’est avérée être à l’origine d’une production scientifique significative. Une analyse de la littérature scientifique indexée dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health (Journal international de la recherche environnementale et de la santé publique) concernant les plantes médicinales montre clairement qu’au cours des 20 dernières années, les progrès ont été rapides, avec un pic en 2010. Depuis lors, les publications se sont stabilisées à un peu plus de 5000 par an.
Néanmoins, certains scientifiques appellent à une intensification des recherches afin de promouvoir l’utilisation de la phytothérapie à plus grande échelle. Les plantes médicinales font rarement l’objet d’essais cliniques – et le financement de la recherche sur l’efficacité de la phytothérapie reste insuffisant.
L’attention des soins de santé modernes est ailleurs, c’est pourquoi les individus doivent se débrouiller seuls pour comprendre l’utilisation et la préparation des produits phytopharmaceutiques.
Un article publié en 2020 dans le Journal of Pharmacy and Bioallied Sciences sur la préparation des plantes médicinales explique le sujet ci-dessus plus en détail, fournit une explication détaillée des termes et peut être utile aux personnes intéressées pour s’éduquer un peu plus.
*Ces produits ne sont pas destinés à diagnostiquer, traiter, guérir ou prévenir une maladie. L’auteur encourage les lecteurs à continuer à consulter et à être traités par leurs professionnels de la santé, y compris les médecins. L’auteur n’agit pas en qualité de médecin, de diététicien-nutritionniste agréé, de psychologue ou de tout autre professionnel de la santé agréé ou enregistré. En conséquence, l’auteur ne fournit pas de soins de santé, de services médicaux ou de thérapie nutritionnelle et ne diagnostiquera pas, ne traitera pas ou ne guérira pas, de quelque manière que ce soit, une maladie, un état ou une autre affection physique ou mentale.
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