Quatre cas d’hystérie de masse dans l’histoire: miaulement effréné des religieuses, peste dansante, épidémie de rire, etc.

Par April Holloway
21 janvier 2023 11:37 Mis à jour: 22 janvier 2023 13:03

L’hystérie de masse est un terme utilisé pour décrire la situation dans laquelle des symptômes physiques ou psychologiques apparaissent en masse, se propageant rapidement dans les communautés, et parfois dans des villes et des pays entiers. Au cours d’une crise, les personnes touchées peuvent avoir des rires incontrôlables, des évanouissements, des crises, des vertiges, des faiblesses musculaires ou tout autre symptôme qui n’ont pas vraiment de cause physique. Des cas d’hystéries collectives ont été signalés dans le monde entier depuis des siècles et donnent un aperçu fascinant de la nature complexe de la psychologie humaine.

Le terme « hystérie » dérive du mot grec « hystera » qui signifie « utérus » et est généralement attribué au médecin grec antique Hippocrate. Cependant, l’association avec l’utérus remonte à l’ancien papyrus égyptien Kahun (1900 avant J.-C.), qui identifie la cause des troubles hystériques comme étant le mouvement spontané de l’utérus vers divers endroits du corps féminin.

Gravure d’Hendrik Hondius représentant trois femmes affectées par la « peste dansante ». Cette œuvre est basée sur un dessin original de Peter Brueghel, qui aurait été témoin d’une épidémie en 1564 en Flandre. (Wikimedia Commons)

Au Moyen Âge, la cause de l’hystérie était associée à la sorcellerie, la possession démoniaque ou la folie. Bien que les cas d’hystérie collective continuent de déconcerter la communauté médicale, on pense généralement qu’ils sont liés à des cas extrêmes de stress émotionnel ou mental.

Voici un aperçu de quelques cas célèbres de psychose collective dans l’histoire.

1. La manie de la danse médiévale (XIIIe-XVIIe siècle)

La manie de la danse médiévale porte bien d’autres noms : peste dansante, danse de la Saint-Jean, chorémanie, épidémie de danse de Saint-Guy. Elle touchait régulièrement l’Europe entre le XIIIe et le XVIIe siècle. Une des épidémies majeures les plus connues a eu lieu à Aix-la-Chapelle, en Allemagne, le 24 juin 1374. Au cours de cet événement, les personnes atteintes dansaient frénétiquement dans les rues pendant des heures, des jours, voire des mois, jusqu’à ce qu’elles s’effondrent d’épuisement ou meurent d’une crise cardiaque ou d’une attaque. L’épidémie pouvait toucher des milliers de personnes.

Représentation d’une épidémie de danse, survenue lors d’un pèlerinage à l’église de Molenbeek, en Belgique, par Pieter Brueghel le Jeune (1564-1638). (Wikimedia Commons)

On sait que la peste dansante est apparue à de nombreuses reprises au Moyen Âge, en Italie, au Luxembourg, en France, en Allemagne, en Hollande et en Suisse. Au départ, on considérait qu’il s’agissait d’une malédiction lancée par un saint, le plus souvent saint Jean-Baptiste ou saint Vitus. Les personnes souffrant de cette maladie se rendaient donc dans des lieux dédiés à ce saint afin de prier pour être délivrées de cette affliction, un « remède » qui, apparemment, permettait à beaucoup de retrouver la santé.

2. Le miaulement effréné des religieuses, en France (XIXe siècle)

Les établissements institutionnels tels que les écoles, les prisons et les communautés très unies ont souvent été le théâtre de flambées d’hystérie collective, et les couvents chrétiens eurpéens ne faisaient pas exception. Dans le livre « Epidémies du Moyen Âge » de J. F. C. Hecker, paru en 1844, on raconte qu’une nonne dans un couvent en France s’est mise à miauler. Peu après, d’autres nonnes ont commencé à avoir le même comportement, jusqu’à ce que tout le couvent soit envahi de nonnes en train de miauler. Le quartier chrétien environnant s’est inquiété et des soldats ont été appelés pour intervenir et contenir la situation. Les soldats ont fouetté et battu les religieuses jusqu’à ce qu’elles promettent de s’arrêter. À cette époque, la croyance en la possession était courante et, en France, les chats étaient souvent considérés comme faisant allégeance au diable.

3. L’épidémie de rire du Tanganyika (1962)

L’épidémie de rire du Tanganyika a commencé le 30 janvier 1962 dans un pensionnat pour filles géré par une mission à Kashasha, en Tanzanie. Les rires ont commencé entre trois filles, mais se sont rapidement répandus dans toute l’école, persistant pendant des heures, des jours, puis des semaines, ce qui a conduit à sa fermeture le 18 mars 1962. Mais après la fermeture de l’école, l’hystérie collective s’est propagée à d’autres écoles et finalement à d’autres villages voisins. Des milliers d’enfants ont été touchés par l’épidémie, et 14 écoles ont dû fermer. L’hystérie a fini par s’éteindre au bout d’un an et demi.

4. Le procès des sorcières de Salem (1692-1693)

Un des cas les plus notoires d’hystérie collective est celui qui s’est produit à Salem, dans le Massachusetts, en 1692. Des dizaines de jeunes filles se sont mises à hurler et à se contorsionner de manière incontrôlable, ce qui a déclenché une avalanche d’accusations de sorcellerie. Ceci a résulté sur une série de procès et de poursuites à l’encontre de personnes accusées de sorcellerie, connues sous le nom de procès des sorcières de Salem, qui entraîna la mort de 25 citoyens de Salem et des villes voisines.

Représentation du procès des sorcières de Salem. Lithographie de 1892 par Joseph E. Baker. (Wikimedia Commons)

Les procès des sorcières de Salem, qui ont eu une grande influence sur l’histoire des États-Unis, ont été utilisés dans la rhétorique politique et la littérature populaire pour mettre en évidence les dangers de l’isolationnisme, de l’extrémisme religieux, des fausses accusations et des défaillances de la procédure régulière.

Explications modernes

Les cas de psychose collective peuvent sembler en contradiction avec un public de plus en plus éduqué, qui ne s’appuie plus sur l’utérus, la possession démoniaque et la sorcellerie comme explication. Mais des épisodes d’hystérie de masse continuent de se produire, le plus récent ayant eu lieu en 2012 lorsque 1900 enfants répartis dans 15 écoles du Sri Lanka ont été traités pour une série de symptômes, notamment des éruptions cutanées, des vertiges et de la toux, qui n’avaient aucune cause physique évidente. Alors qu’il est facile de rire des cas d’hystérie en les considérant comme des comportements ridicules et bizarres, la recherche a montré qu’un certain nombre de facteurs complexes peuvent contribuer à la formation et à la propagation de l’hystérie collective, notamment les angoisses sociales, les pressions culturelles, les rumeurs, les peurs, l’excitation extraordinaire, les croyances religieuses, le renforcement des actions par les figures d’autorité et le stress extrême.

Si les contextes sociaux, politiques et religieux ont changé au fil des siècles, la psychologie humaine est restée largement la même, et c’est pour cette raison que nous sommes susceptibles de voir de nombreuses autres occasions d’hystérie collective à l’avenir.

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