Résurgence de la méningite en France après l’épidémie de Covid-19

Une augmentation récente du nombre de cas de méningite a dépassé les niveaux observés avant la pandémie de Covid-19

Par Ellen Wan
23 janvier 2024 21:28 Mis à jour: 23 janvier 2024 21:28

La méningite est l’un des symptômes neurologiques connus associés au COVID long. Une étude récente a révélé qu’après l’apparition de la pandémie de COVID-19, une résurgence des infections invasives à méningocoques en France suscite l’inquiétude des chercheurs.

Dans une étude publiée en décembre dernier dans le Journal of Infection and Public Health, une équipe de chercheurs de l’Institut Pasteur de France a analysé l’évolution des cas d’infections invasives à méningocoques en France entre 2015 et 2022. L’équipe a utilisé les données du Centre national de référence français, qui ont révélé une augmentation importante des cas d’infections invasives à méningocoques en 2022 – un rebond qui a touché tous les groupes d’âge, et en particulier les personnes de 16 à 24 ans.

La méningite est généralement causée par des bactéries, des virus, des champignons ou des parasites, la méningite bactérienne étant particulièrement grave. La méningite invasive à méningocoques, causée par la bactérie Neisseria meningitidis, est une maladie rare mais grave qui peut être fatale en quelques heures. Un diagnostic et un traitement précoces sont donc essentiels. Cette maladie peut entraîner un gonflement des tissus entourant le cerveau, appelé méningite, ou une infection du sang. Elle peut se propager par contact étroit avec des personnes porteuses de ces bactéries dans leur nez et leur gorge.

Les maladies invasives à méningocoques sont souvent difficiles à diagnostiquer et les médecins ont tendance à utiliser une variété d’antibiotiques dans le traitement des cas suspects afin de réduire le risque de décès. Cependant, jusqu’à un cinquième des survivants peuvent souffrir de handicaps, notamment la perte d’un ou de plusieurs membres, la surdité, des problèmes du système nerveux et des lésions cérébrales.

Dans un communiqué de presse, Samy Taha, l’auteur principal de l’article de recherche susmentionné, a souligné qu’à l’automne 2022, il y a eu un rebond sans précédent des cas de maladie méningococcique invasive. À l’automne 2023, le nombre de cas avait même dépassé les niveaux observés avant la pandémie de Covid-19. Par rapport aux 298 cas enregistrés de janvier à septembre en 2019, il y a déjà eu 421 cas documentés au cours de la même période en 2023. Le nombre de cas a augmenté de 36% bien que le pic hivernal n’a pas encore atteint. À titre de référence, le chiffre pour la même période en 2021 était de 53 cas.

Les souches à l’origine des infections invasives à méningocoques diffèrent de celles qui prévalaient avant la pandémie. Samy Taha a déclaré : « C’est presque comme si l’épidémie de Covid-19 avait réinitialisé tout le système. »

Muhamed-Kheir Taha, co-auteur principal de l’article, a conclu que le taux de mortalité pour les cas de méningite bactérienne non traités est « pratiquement de 100% ». Même avec un traitement approprié, le taux de mortalité peut atteindre 10%, ce qui souligne l’importance de la vaccination.

L’étude mentionne également que la France, l’Angleterre et le Pays de Galles ont déjà affiché cette tendance au rebond fin 2021.

Les chercheurs craignent que la Coupe du monde de rugby de 2023 et les Jeux olympiques de 2024 organisés en France n’exacerbent le rebond des cas d’infections invasives à méningocoques dans tous les groupes d’âge. Ils recommandent aux autorités sanitaires d’adapter les stratégies de vaccination en remplaçant le vaccin monovalent MenC administré aux nourrissons et aux adolescents par le vaccin tétravalent MenACWY.

Symptômes et prévention de la méningite invasive à méningocoques

Selon les données du département de la santé publique de San Francisco, les symptômes de la méningococcie invasive comprennent une forte fièvre (plus de 40°c), des maux de tête, une raideur de la nuque, des vomissements, une éruption cutanée, une sensibilité à la lumière, une confusion mentale et de la somnolence.

Ces symptômes peuvent apparaître en quelques heures et durent généralement un à deux jours. Toutefois, les nourrissons ne présentent généralement pas les symptômes susmentionnés. Au lieu de cela, ils peuvent devenir excessivement somnolents, ne pas bien s’alimenter ou devenir irritables. Si de tels symptômes apparaissent, il est essentiel de consulter rapidement un médecin.

Les autorités soulignent l’importance de recevoir le vaccin antiméningococcique à l’âge de 11 ou 12 ans pour les enfants, un rappel étant recommandé à l’âge de 16 à 18 ans. En outre, il est fortement recommandé aux étudiants de première année non vaccinés vivant dans des dortoirs, aux recrues militaires, aux voyageurs se rendant dans des régions où l’incidence des maladies invasives à méningocoques est élevée (en particulier en Afrique subsaharienne), aux personnes présentant des lésions de la rate et à celles appartenant à des groupes à haut risque tels que les hommes homosexuels et bisexuels, de se faire vacciner contre les méningocoques.

La méningite comme symptôme du Covid long

Une infection virale est la cause la plus fréquente de méningite. Une étude publiée dans le JAMA Psychiatry en mai a montré que même des cas légers ou modérés de Covid-19 peuvent entraîner une inflammation à long terme dans le cerveau.

Dans cette étude cas-témoins, 20 participants ayant souffert d’une dépression persistante et de symptômes cognitifs après une infection légère ou modérée par le Covid-19 ont subi une tomographie par émission de positrons. Les résultats ont révélé que, par rapport au groupe de contrôle sain, ces patients présentaient une gliose élevée dans le cerveau, ce qui indique un changement inflammatoire.

Le Dr Jeffrey Meyer, chercheur principal au Centre de toxicomanie et de santé mentale du Canada et l’un des auteurs de l’étude, a déclaré dans un communiqué de presse : « L’inflammation du cerveau était soupçonnée d’être l’étape critique dans l’apparition des symptômes neurologiques et psychiatriques du Covid long. La confirmation de cette hypothèse est cruciale pour le développement de méthodes de traitement pertinentes.

Le Dr Chuang Yuan-cheng, neurochirurgien résident au Heping Fuyou Branch of Taipei City Hospital à Taïwan, a déclaré dans un communiqué de presse que le cerveau et les tissus nerveux d’un corps humain normal sont protégés de manière complexe par la barrière hémato-encéphalique, qui empêche les agents pathogènes tels que les bactéries et les virus de pénétrer dans le cerveau. Cependant, le virus Covid-19 peut induire une inflammation des tissus, créant ainsi des ouvertures qui lui permettent d’envahir le système nerveux central, entraînant des pathologies telles que l’encéphalite, la méningite et la myélite.

Le Dr Ya-Chun Wu, neurologue résident du même hôpital, a également noté que les symptômes neurologiques représentent environ  80% (estimation) de toutes les séquelles post-Covid-19. Les complications les plus graves, telles que l’encéphalite et la myélite, ont tendance à apparaître dans la semaine qui suit la contamination par le virus du Covid-19.

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