Retrouver un héritage perdu: la Bible et la culture occidentale

Par Jeff Minick
29 août 2023 17:55 Mis à jour: 29 août 2023 17:55

Dans la série « Custer, l’homme de l’Ouest » de H.W. Crocker, George Custer survit à la bataille de Little Big Horn et parcourt l’Ouest sous le pseudonyme d’Armstrong Armstrong. Dans Armstrong and the Mexican Mystery (Armstrong et le mystère mexicain), il se rend avec quelques compagnons au Mexique, à la recherche d’un trésor perdu et finit par se battre avec les descendants d’une ancienne Atlantide souterraine, dont la philosophie reflète celle des personnes radicalisées d’aujourd’hui qui cherchent à détruire la civilisation occidentale.

H.W. Croker présente Armstrong comme un homme dévoué au devoir et à l’honneur, mais aussi comme un homme impétueux et si sûr de lui qu’il paraît parfois ridicule. Par exemple, tout au long des péripéties, des aventures et des bouffonneries du roman, Armstrong déforme fréquemment des versets et des histoires tirés de la Bible. À un moment donné, il dit : « Les chevaux sont les meilleurs amis de l’homme. Loin de moi l’idée de citer les Écritures saintes devant le Père Goncalves mais, comme le dit la Bible, il n’est pas bon pour l’homme d’être seul, c’est pourquoi Dieu a créé les chevaux et les chiens. » Plus loin, Armstrong glisse l’aphorisme de Samuel Johnson dans les Écritures : « Comme Samson l’a dit à Dalila, ‘Croyez-le, Madame, quand un homme sait qu’il sera pendu dans quinze jours, cela concentre merveilleusement son esprit’. » Quelques pages plus loin, on peut lire : « Je vous rappelle que Samson est resté sans yeux à Gaza et qu’il a pourtant démoli un temple philistin, épousé Dalila et donné naissance à Jason et aux Argonautes. »

M. Crocker veut clairement que le mélange d’Armstrong entre le sacré et le profane soit un divertissement. Mais, après avoir rencontré plusieurs de ses gaffes scripturales, la pensée m’est soudain venue : « Et si certains lecteurs étaient si ignorants de la Bible qu’ils ne comprenaient pas la plaisanterie ? »

Statistiques

La Bible et le Livre de la prière commune, vers 1607, par Robert Barker. Metropolitan Museum of Art, New York. (Domaine public)

Environ 100 millions de bibles sont imprimées chaque année dans le monde. Vingt millions sont vendues chaque année aux États-Unis. En 2017, près de neuf familles sur dix familles américaines possédaient une Bible, et le nombre moyen de bibles par famille était de trois.

Si l’on fait une recherche en ligne sur « Biblical illiteracy (analphabétisme biblique) », on trouve une multitude de sites, presque tous chrétiens, qui déplorent l’ignorance des Écritures saintes chez les paroissiens. Ici, des commentateurs, des enquêteurs et des prédicateurs révèlent comment si peu de fidèles lisent ou connaissent la Bible.

Cette méconnaissance ne fait qu’augmenter lorsque nous passons du sanctuaire à la culture profane. Par exemple, 12% des adultes américains pensent que Jeanne d’Arc était la femme de Noé. Plusieurs personnes interrogées dans le cadre d’un sondage pensaient que Billy Graham avait prêché le Sermon sur la montagne. Et 60% des Occidentaux ne peuvent citer que cinq des dix commandements.

La première leçon de la Bible, 1861-1897, par L. Prang & Co. Bibliothèque publique de Boston. (Domaine public)

Dans l’article où il cite, entre autres, ces statistiques, le théologien et pasteur Albert Mohler écrit : « On ne devrait pas s’attendre à ce que les personnes laïcisées connaissent la Bible. »

Pour ceux qui chérissent la culture occidentale, l’observation désinvolte de M. Mohler ne peut que susciter le désaccord.

Un héritage négligé

La reconstruction de l’Acropole et de l’Aréopage à Athènes. L’Acropole d’Athènes, 1846, par Leo von Klenze. Huile sur toile. Collections de peinture de l’État bavarois, Munich. (Domaine public)

Depuis l’adolescence, j’entends dire qu’Athènes et Jérusalem sont les deux piliers de la civilisation occidentale. Athènes était le berceau de la démocratie et de la philosophie occidentale, tandis que Jérusalem était la mère de notre héritage judéo-chrétien. Dans les cours d’histoire américaine que j’ai suivis et dans les livres que j’ai lus depuis, on m’a dit que plusieurs des pères fondateurs, des hommes comme Thomas Jefferson, James Madison et John Adams, connaissaient bien les classiques et les Écritures saintes, et que ces sources de notre civilisation ont influencé leur pensée, leur art oratoire et leurs écrits.

En plus d’eux, beaucoup d’Américains connaissaient parfaitement la Bible. Quelles que soient leurs croyances religieuses, des chefs comme Abraham Lincoln, Thomas « Stonewall » Jackson, Theodore Roosevelt et Calvin Coolidge pouvaient identifier des personnages tels que les prophètes Nathan et Jérémie, Rebecca et Judith, le roi David et les apôtres. Un bon nombre de millions d’autres Occidentaux, quelle que soit leur foi religieuse, connaissaient ces mêmes histoires. Des expressions telles que « vieux comme Mathusalem » ou « jeter des perles devant les porcs » étaient familières dans beaucoup de pays.

Ces liens ont aujourd’hui largement disparu. La doctrine de la séparation de l’Église et de l’État, l’accent mis sur le multiculturalisme et la longue guerre de propagande menée par nos arts et notre culture contre les « partisans de la Bible » ont jeté leur ombre sur la Bible en tant que document clé de notre civilisation et sur son importance pour nos lois, notre histoire, nos arts et notre code moral.

Moïse et Michel-Ange

Moïse descendant du mont Sinaï avec les dix commandements, 1662, par Ferdinand Bol. Huile sur toile. Palais royal d’Amsterdam. (Domaine public)

Il y a plus de 30 ans, un athée octogénaire de ma ville natale a lancé une croisade pour que les Dix Commandments soient retirés du palais de justice. Il protestait parce que les commandements, qui avaient été gravés sur deux plaques de marbre et boulonnés sur un mur intérieur plus de six décennies auparavant, faisaient référence à une divinité. Il est décédé avant qu’une décision finale ne soit rendue par un tribunal.

Cet homme n’appréciait apparemment que peu de choses en matière de droit ou d’histoire. Les Dix Commandements, et plus tard certains enseignements du Nouveau Testament, sont à la base de notre compréhension du droit et même du gouvernement. Plusieurs autres éléments, tels que la common law anglaise, entrent en ligne de compte, mais « Tu ne tueras point » et « Tu ne voleras point » restent les pierres angulaires de notre système juridique. Les enseignements du Nouveau Testament, tels que « aimer son prochain comme soi-même », la justice pour les opprimés et l’aide aux pauvres, ont fortement influencé notre comportement et notre gouvernement.

De l’époque coloniale jusqu’aux premières années du XXe siècle, les Américains ont également fait référence à des histoires, des proverbes et des leçons tirés de la Bible pour promouvoir le changement social. Par exemple, les esclaves qui connaissaient la Bible, adoptaient Moïse comme héros et chantaient des chants de liberté tirés des Écritures saintes, comme Go Down, Moses (Descends Moïse, laisse aller mon peuple) et Swing Low, Sweet Chariot, créant ainsi un genre musical à part entière : le « spirituel ». Les orateurs et les auteurs-compositeurs de la guerre de Sécession faisaient souvent référence aux Écritures saintes dans leurs spectacles. Les expressions populaires de l’époque – « l’aveugle qui guide l’aveugle », « un loup déguisé en brebis », « combattre le bon combat », et bien d’autres encore – trouvent leur origine dans les Écritures saintes et sont encore utilisées aujourd’hui.

Il en va de même pour les arts. Le David de Michel-Ange, la Cène de Vinci, la Divine Comédie de Dante, le Pèlerin de Bunyan, le Messie de Haendel, le Voyage des Mages de T.S. Eliot, ce ne sont là que quelques-unes des œuvres liées à la Bible. Ce fait devrait à lui seul classer le livre parmi les plus grands chefs-d’œuvre artistiques du monde. Des poètes et des compositeurs ont puisé leur inspiration dans les Psaumes, des centaines d’autres écrivains, de Shakespeare à l’Américaine Marilynne Robinson, ont ressenti l’influence des proverbes, des métaphores et des comparaisons de la Bible, et y ont fait référence dans leurs écrits.

La Bible en tant que littérature et histoire

La belle étudiante (lecture des filles), 1858, par Daniel Huntington. Huile sur toile. Académie nationale du design, New York. (Domaine public)

Lorsque je donnais des cours d’histoire européenne de niveau avancé à des élèves scolarisés à domicile, nous lisions le Manifeste communiste. J’avais choisi ce document non pas pour approuver le communisme, mais pour donner à ces jeunes gens les mots et la philosophie qui, au XXe siècle, allaient faire le tour du monde, tuant plus de 100 millions de personnes et emprisonnant les populations de nations entières. Dans nos cours d’histoire du monde, nous avons étudié l’hindouisme, le bouddhisme et l’islamisme, en reconnaissant leur importance dans l’histoire et l’art, et en cherchant à comprendre l’emprise qu’ils exercent sur leurs partisans.

La même approche nous permet d’approfondir notre connaissance de la Bible et de mieux comprendre nos racines judéo-chrétiennes. Que nous soyons croyants ou non, nous pouvons lire la Bible pour ses récits, son histoire et sa sagesse. Nous pouvons nous plonger dans les Proverbes et les Psaumes pour leurs aphorismes et leur poésie, nous pouvons étudier les leçons de leadership enseignées par le roi David et l’apôtre Paul, nous pouvons approfondir notre appréciation du passé en visitant les événements historiques que l’on trouve dans la Bible.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.