Les risques du partenariat de recherche avec les universités de Chine

Par Frank Fang
28 novembre 2019 15:18 Mis à jour: 28 novembre 2019 15:18

Un récent rapport australien met en garde les gouvernements, les entreprises et les écoles des pays occidentaux sur le fait que leur coopération dans la recherche avec les universités chinoises pourrait contribuer à l’accroissement de la puissance militaire du régime chinois et à des violations des droits de l’homme.

Le rapport, intitulé The China Defence Universities Tracker : Exploring the Military and Security Links of China’s Universities, a été publié le 25 novembre par le groupe d’experts de Australian Strategic Policy Institute, basé à Canberra.

« En analysant les cas d’espionnage et d’exportations illégales impliquant des universités chinoises, il est clair que ces institutions, ayant des liens étroits avec l’armée et la sécurité [chinoise], sont impliquées de manière disproportionnée dans le vol et l’espionnage », indique le rapport.

Il passe en revue environ 160 universités, entreprises et instituts de recherche chinois sur la base des informations disponibles en ligne, y compris des sites web des agences chinoises.

Le rapport classe 92 institutions chinoises dans la catégorie « à très haut risque », ce qui signifie qu’elles pourraient être « utilisées à des fins militaires ou de sécurité ».

Parmi ces 92 institutions, 52 appartiennent à l’Armée populaire de libération (APL) chinoise, telles que le Collège de commandement de la force des fusées, l’Académie de logistique navale et l’Université de médecine militaire. De plus, 20 universités civiles ont également été qualifiées d’établissements « à très haut risque ».

En même temps, 23 universités civiles ont été classées dans la catégorie de « risque élevé », tandis que 44 autres universités civiles ont été classées dans la catégorie de risque « moyen » ou « faible ».

Les détails concernant ces universités et instituts de recherche chinois, y compris leurs domaines de recherche et l’évaluation de leur risque, ont été compilés dans une base de données en ligne intitulée China Defence Universities Tracker.

Le rapport identifie au moins 15 universités civiles qui ont été liées à l’espionnage, impliquées dans des violations du contrôle des exportations ou identifiées par le gouvernement américain comme des réalisateurs des programmes d’armes nucléaires de la Chine.

En outre, quatre des « Sept fils de la défense nationale » – un groupe d’universités importantes ayant des liens étroits avec l’industrie militaire chinoise, telles que l’Université Beihang, l’Institut de technologie de Harbin et l’Université aéronautique et astronautique de Nanjing (NUAA) – ont été impliquées, selon le rapport, dans l’espionnage et les violations des règles de contrôle des exportations.

La NUAA a été récemment impliquée dans un procès aux États-Unis. En octobre 2018, le département de la Justice américain a accusé Xu Yanjun – un espion qui travaillait pour le ministère de la Sécurité d’État (MSS), la principale agence de renseignement chinoise – d’avoir conspiré pour voler des informations sur la conception des turboréacteurs d’avions construits par la société GE Aviation.

Selon l’acte d’accusation, Xu Yanjun et ses collègues-conspirateurs ont fait en sorte qu’un ingénieur aéronautique de GE fasse une présentation à la NUAA – Xu Yanjun a pris en charge tous les frais de voyage de l’ingénieur en Chine. Après la présentation, il a continué à soutirer des informations critiques de l’employé de GE. D’après la BBC, la NUAA a confirmé que Xu Yanjun était également étudiant de troisième cycle de cette université.

« Le MSS tire parti des universités civiles pour la formation, la recherche, les conseils techniques et, éventuellement, la participation directe à l’espionnage électronique », peut-on lire dans le rapport.

On pourrait noter que, selon un rapport de l’Université de Tianjin, Su Yuting, professeur à l’École d’ingénierie électrique et informatique de cette université, a reçu un prix du progrès technologique décerné par le MSS. Les domaines de recherche de Su Yuting comprennent le traitement et la sécurité de l’information multimédia et la technologie de l’Internet des objets (IoT).

Le groupe d’experts australien a noté qu’avec l’expansion de la collaboration entre les universités du monde entier et leurs partenaires chinois, « il est clair que de nombreuses institutions n’ont pas géré efficacement les risques dans les domaines des droits de l’homme, de la sécurité et de l’intégrité de la recherche ».

Par exemple, entre 2007 et 2017, l’armée chinoise a envoyé plus de 2 500 de ses scientifiques dans des universités à l’étranger.

« Certains de ces scientifiques ont utilisé une couverture civile ou d’autres formes de tromperie pour se rendre à l’étranger », indique le rapport.

« Ils ont tous été envoyés pour acquérir des compétences et des connaissances utiles à l’armée chinoise ; ils seraient tous des membres du Parti qui retournent en Chine lorsqu’on leur ordonne. »

Fusion civile-militaire

Pékin a depuis longtemps adopté une stratégie d’État visant à tirer parti de l’industrie privée et des universités pour faire avancer et renforcer son secteur militaire, souligne le rapport. Actuellement, cette fusion est supervisée par la Commission centrale pour le développement de la fusion civile-militaire du Parti communiste chinois.

En août dernier, le ministère chinois de l’Éducation, le ministère des Finances et la Commission nationale pour le développement et la réforme ont publié conjointement un document de politique qui demande aux universités chinoises à s’intégrer dans le « système de fusion civile-militaire » et à « promouvoir le transfert et la transformation réciproques des réalisations technologiques militaires et civiles ».

« Au moins 68 universités sont officiellement décrites comme faisant partie du système de défense ou sont supervisées par l’Administration d’État des sciences, de la technologie et de l’industrie pour la défense nationale (SASTIND) – l’agence chinoise de l’industrie de la défense », explique le rapport.

La SASTIND, une agence subordonnée du ministère chinois de l’Industrie et des Technologies de l’information (MIIT) est, à son tour, supervisée par le Conseil d’État chinois. Les « Sept fils de la défense nationale » sont directement supervisés par le MIIT.

Dans les universités civiles, il y a également plus de 160 laboratoires spécialisés dans la défense. « Un grand nombre de ces laboratoires cachent leurs liens avec la défense dans les traductions officielles de leurs noms », indique le rapport.

Par exemple, certains laboratoires de science et de technologie de la défense sont simplement appelés « laboratoires nationaux clés ».

« La création de laboratoires de défense favorise des relations étroites entre les chercheurs et l’armée. Ces relations peuvent être utilisées pour faciliter et encourager l’espionnage », souligne le rapport.

D’après le reportage du Washington Free Beacon, en mai 2013, les services de renseignement américains ont découvert qu’un laboratoire d’informatique de l’Université de Wuhan avait mené des cyberattaques dans des pays occidentaux au nom de l’APL. Ce programme était géré par le ministère de l’Éducation chinois.

Le rapport australien avertit également que les partenariats avec des universités et des entreprises chinoises pourraient contribuer à des violations des droits de l’homme.

Par exemple, depuis 2014, China Electronics Technology Group Corporation (CETC), une société d’État chinois, a créé des laboratoires conjoints en Europe et en Australie. Sa succursale Hikvision – une société de vidéosurveillance – a été liée à des violations des droits de l’homme dans la région du Xinjiang, où le régime chinois a déployé un réseau important de surveillance visant à contrôler strictement plus de 10 millions de musulmans ouïghours.

Afin de se prémunir contre les risques dans les domaines des droits de l’homme et de la sécurité, le rapport recommande aux universités des pays occidentaux qui collaborent avec leurs homologues chinois de créer des bureaux indépendants de l’intégrité de la recherche et d’introduire des examens annuels de l’intégrité de la recherche.

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