Tensions en Corse : Gérald Darmanin assure « engager la parole de l’État »

Par Epoch Times avec AFP
18 mars 2022 11:55 Mis à jour: 18 mars 2022 13:22

Jeudi 17 mars, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin en visite en Corse, a assuré « engager la parole de l’État » dans ses discussions avec les responsables nationalistes sur une possible autonomie de l’île, alors qu’à Paris la justice a suspendu la peine d’Yvan Colonna pour « motif médical ».

Cette suspension, prévue par la loi en cas de pronostic vital engagé, est « un soulagement pour la famille », a réagi Sylvain Cormier, l’un des avocats du militant indépendantiste, toujours dans le coma dans un hôpital de Marseille suite à son agression à la prison d’Arles dans les Bouches-du-Rhône le 2 mars dernier, par un détenu radicalisé.

Cette annonce est intervenue au milieu de la visite de Gérald Darmanin en Corse pour échanger sur l’avenir de l’île.

Après deux jours d’échanges avec les élus corses, lors desquels il a répété être prêt à mener des discussions pouvant « aller jusqu’à l’autonomie » de l’île, le ministre de l’Intérieur a confirmé devant la presse qu’il accepterait de s’engager noir sur blanc : « Ce que je dis, (…) je suis capable de l’écrire », a-t-il assuré.

« Tout ce que nous avons dit (soit) inscrit dans le temps »

La veille, le président autonomiste du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, s’était réjoui des « engagements très forts » de M. Darmanin. Néanmoins, l’ancien avocat d’Yvan Colonna, condamné à perpétuité pour sa participation à l’assassinat du préfet Erignac en 1998, avait demandé que ces échanges soient « consignés dans un document, avec un calendrier », avant de pouvoir considérer avoir « posé la première pierre d’un processus historique ».

Une demande acceptée donc par le ministre, favorable à ce que « tout ce que nous avons dit (soit) inscrit dans le temps, comme un engagement de l’État et de la Collectivité » de Corse.

L’objectif annoncé par chacune des parties est d’aboutir à un éventuel projet d’autonomie, qui pourrait exiger une réforme constitutionnelle, « d’ici à la fin de l’année » : « Est-ce qu’on se mettra d’accord à l’issue de ces nombreuses et difficiles discussions, je n’en suis pas certain, mais commençons par ce dialogue », a tempéré Gérald Darmanin.

Cette main tendue du gouvernement a suscité jeudi la mise en garde de Jean-Pierre Chevènement, en poste à l’Intérieur quand le préfet Erignac a été assassiné : En Corse, « nous assistons à un chantage permanent à la violence. Depuis 1975, les gouvernements, quelle que soit leur couleur politique (…) sont allés de reculade en reculade », a-t-il déploré dans un entretien à L’Opinion.

Pour le sénateur (LR) de Corse-du-Sud Jean-Jacques Panunzi, « il est inutile de faire imaginer aux Corses qu’on risque d’avoir un statut d’autonomie surtout à la polynésienne », qui est selon lui « à la frontière de l’indépendance »,  a-t-il déclaré, ajoutant : « S’il suffisait d’un nouveau statut pour régler le problème corse, il serait réglé depuis 40 ans ».

Conclusions de l’enquête « dans une dizaine de jours »

Gérald Darmanin a poursuivi les consultations jeudi après-midi à Porto-Vecchio. De retour à Ajaccio vendredi, il se rendra ensuite à Bastia dans l’après-midi.

Sur la tentative d’assassinat d’Yvan Colonna, Gérald Darmanin a une nouvelle fois promis « toute la lumière ». Outre l’enquête judiciaire, des auditions ont commencé mercredi à l’Assemblée nationale et les conclusions de l’enquête administrative seront rendues publiques « dans une dizaine de jours », a-t-il précisé.

Pour la première fois, dix photos tirées de la vidéo de la tentative d’assassinat enregistrée par une caméra de surveillance de la prison ont été diffusées jeudi soir sur le site de France 3 Corse.

Un « calme fragile »

L’agression du militant indépendantiste a été le détonateur des tensions entre l’État et les nationalistes, frustrés que leurs victoires dans les urnes, aux élections territoriales de 2015, 2017 puis 2021, n’aient pas fait aboutir leurs revendications.

Parmi elles, le rapprochement à la prison corse de Borgo des deux autres membres du ‘commando Erignac’, Alain Ferrandi et Pierre Alessandri. Se félicitant du retour à un « calme fragile » sur l’île, le ministre de l’Intérieur a rappelé jeudi que ces rapprochements étaient conditionnés à l’arrêt durable des violences.

Interrogé par l’agence France Presse (AFP), le fils d’Alain Ferrandi a affirmé que le ministre n’avait pris « aucun engagement précis » sur une date pour ces éventuels rapprochements.

 

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