La tragédie de la politique de Pékin: le retour possible de la pandémie

Par Ilana Freedman
25 janvier 2023 17:30 Mis à jour: 25 janvier 2023 17:30

Lorsque le virus du Covid-19 a émergé en Chine communiste et a été lâché sur le reste du monde en hiver 2020, le régime chinois était bien conscient de ce qu’il faisait. Wuhan, la capitale de la province du Hubei de 11 millions d’habitants était l’épicentre de la pandémie. Dans un laboratoire de sécurité maximale P4 utilisé par l’armée chinoise pour mener des recherches de « gains de fonction » et développer des armes biologiques, un nouveau virus a été libéré – probablement par accident – et a ouvert la boîte de Pandore.

À la mi-janvier 2020, la ville était submergée de personnes malades et mourantes à cause du virus, et les fours crématoires fonctionnaient 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. La Chine n’a signalé que 3299 décès liés au coronavirus, la plupart ayant eu lieu à Wuhan. Toutefois, un crématorium de Wuhan, à lui seul, a reçu deux fois 5000 urnes funéraires en l’espace de deux jours, tandis que le chiffre total de commandes s’est élevé à plusieurs dizaines de milliers. Le nombre de décès rapporté à l’époque par le gouvernement était ridiculement bas.

Du 3 janvier 2020 au 11 janvier 2023, la Chine a déclaré à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qu’il y avait eu dans le pays 10.803.226 cas confirmés du Covid-19, dont 33.343 décès. Pourtant, à la mi-janvier 2023, les estimations de plusieurs villes chinoises suggèrent qu’elles faisaient face jusqu’à 10.000 décès attribués au Covid par jour et par ville. Selon une estimation interne du gouvernement, 250 millions de Chinois auraient pu avoir attrapé la maladie seulement au cours des 20 premiers jours de décembre. Une autre fuite indique que le 21 décembre, 37 millions de personnes ont été nouvellement infectées en Chine pour cette seule journée. Comparez ce chiffre au nombre officiel de 3049 nouvelles infections que le Parti communiste chinois (PCC) a déclaré pour cette journée. Un autre rapport suggère que plus de 75% de la population chinoise est déjà infectée.

Le nombre de décès en Chine a été volontairement sous-estimé dès le début. Pour la seule année 2020, l’OMS a estimé ce nombre à 1.813.188. La Chine en a annoncé environ 30.000. Cependant, le nombre réel de décès en Chine doit être beaucoup plus élevé. Un fait surprenant est la disparition de 21 millions de téléphones portables que chaque citoyen chinois est tenu d’avoir. Est-ce que cela a révélé un nombre de décès bien plus important que ce que l’État-parti était prêt à admettre ?

La nouvelle épidémie en Chine soulève les vieilles questions. Mais, cette fois, l’OMS et les gouvernements de plusieurs pays confrontés à l’éventualité d’une nouvelle pandémie ont demandé à la Chine une plus grande ouverture. Finalement, le 14 janvier 2023, les responsables chinois ont répondu aux accusations de manque de transparence. Ils ont annoncé que 60.000 personnes étaient mortes du Covid-19 en un peu plus d’un mois. Ces chiffres ne correspondent toujours pas à ceux qu’ils ont communiqués lors de réunions privées, mais ils sont, sans aucun doute, plus proches de la vérité.

Des employés de l’hôpital transportent un corps sur une civière dans la salle d’urgence submergée d’un hôpital de Pékin, le 2 janvier 2023. (Getty Images)

Tirer ou ne pas tirer des leçons du passé

Jusqu’à la fin du mois de janvier et le début des vacances de Nouvel An lunaire 2020 (un long congé pour les Chinois qui en profitent normalement pour voyager), c’est-à-dire plusieurs mois après que les premières infections ont été signalées et puis ont mis la ville de Wuhan à terre, le Parti communiste chinois (PCC) a permis à 5 millions d’habitants de Wuhan de quitter la ville. Cinq millions de personnes, dont beaucoup étaient porteuses du virus, ont pu quitter Wuhan et voyager, y compris à l’étranger, en exposant le reste du monde au Covid-19.

Il s’agit d’un crime contre l’humanité qui n’a jamais été abordé. Le dirigeant chinois Xi Jinping a libéré un virus mortel qui pouvait tuer des millions de personnes. C’est exactement ce qui s’est passé. Le virus s’est répandu comme une traînée de poudre, faisant le tour du monde et touchant pratiquement tous les pays. Un chiffre incomplet fourni par l’OMS concernant les décès attribués au Covid-19 au cours de la première vague de la pandémie (2020-2021) dépasse les 3 millions. Au 25 janvier 2023, les estimations du site Worldometer du nombre total de décès liés au Covid (sans tenir compte des vrais chiffres pour la Chine, dont les données officielles ont été très suspectes depuis le début) dépassaient 6.750.000 personnes.

Cela aurait pu être bien pire, mais c’était déjà assez grave. La grippe espagnole de 1918, provoqué par le virus H1N1, aurait tué entre 50 et 100 millions de personnes dans le monde. C’était pendant la Première Guerre mondiale, et c’est la guerre elle-même et le transfert massif de troupes d’un pays à l’autre qui expliquent le nombre élevé de décès causés par cette pandémie. En revanche, une analyse de l’OMS suggère que les décès liés au Covid dans le monde dépassent largement les estimations de Worldometer et se situent entre 16 millions et 28,2 millions. Ce chiffre n’est, à son tour, qu’une estimation car la Chine, avec sa population de 1,4 milliard d’habitants, a massivement sous-compté ses cas.

La boîte de Pandore chinoise s’est rouverte pour hanter son créateur

Le confinement de Wuhan fin janvier 2020 a marqué le début de la politique du « zéro Covid » en Chine – la politique qui a maintenu les gens enfermés chez eux pendant des mois si un seul cas de Covid-19 apparaissait dans des villes de plusieurs millions d’habitants. Un seul cas pouvait déclencher des pénuries généralisées de nourriture, de médicaments et d’autres produits essentiels. Les gens étaient soumis à des tests répétés, certains domiciles étaient réquisitionnés, tandis que de nombreuses personnes étaient envoyées de force dans des centres de quarantaine.

Cette situation a pris fin brusquement en décembre 2022, lorsqu’un incendie d’un gratte-ciel à Urumqi, dans la région chinoise du Xinjiang, a déclenché des manifestations dans les grandes villes de Chine. L’incendie a tué 10 personnes, dont un enfant de 3 ans. Les strictes mesures du « zero Covid » imposées par les autorités ont empêché les résidents de s’enfuir et ont fait obstruction aux opérations de sauvetage.

La nouvelle s’est rapidement répandue et, en quelques heures, les manifestants étaient dans les rues, exigeant la fin du « zéro Covid » et appelant le PCC et Xi Jinping à se retirer – une situation sans précédent dans un pays qui avait été strictement confiné par un régime tyrannique pendant plus de deux ans. Les manifestations ont précipité le changement de la stratégie du Parti qui commençait à se rendre compte de son incapacité à contenir le virus par des confinements qui représentaient un lourd fardeau surtout pour l’économie du pays. Mais le remède était aussi mauvais que la maladie.

En l’espace de quelques jours, le régime a levé les confinements et les gens étaient à nouveau libres de sortir de chez eux et de vaquer à leurs occupations. Cependant, comme la majorité des Chinois a été complètement isolée du virus pendant plus de deux ans, de nouveaux variants ont frappé de plein fouet. Les souches prédominantes du variant Omicron qui ravagent actuellement la population, BA.5.2 et BF.7, représentent désormais 97,5% de cas de Chinois infectés. Contrairement au variant qui se propage actuellement aux États-Unis, ceux-ci sont mortels pour beaucoup de gens qui n’ont jamais été exposés au virus.

Des employés des pompes funèbres chargent des corps dans des fourgons pour les emmener à la crémation dans un salon funéraire submergé à Shanghai, le 13 janvier 2023. (Kevin Frayer/Getty Images)

Comme attendu, les autorités chinoises ont affirmé que le nombre de décès quotidiens attribués au Covid-19 était insignifiant, tandis que les rapports provenant de Chine montrent une situation tout à fait différente. Des photos satellites ont capturé des images des longues files de corbillards dans chaque ville, et les crématoriums ont déclaré être submergés par l’afflux de cadavres. Les malades s’entassent dans les couloirs des hôpitaux où les corps longent les murs, et il semble que les décès n’aient pas de fin.

Inutile de dire que, alors que le virus continue à échapper à tout contrôle, la Chine se trouve dans une situation critique et tente toujours de trouver une solution. Xi Jinping a été inhabituellement silencieux sur le sujet, bien que ses politiques restent machiavéliques. Sa politique du zéro Covid, qu’il était si fier et si inflexible de maintenir en place il y a seulement un mois, est maintenant abandonnée. Les manifestations qui ont réclamé sa destitution ont dû être considérées comme une humiliation dans un pays où préserver la face est une chose primordiale. Pourtant, c’est loin d’être fini pour Xi Jinping. Il dispose toujours d’un pouvoir énorme et les principaux membres de son parti se rallient à lui. En revanche, ses politiques représentent un grand danger pour le reste du monde.

La Chine est désormais rouverte aux touristes étrangers, et les voyageurs peuvent entrer dans le pays sans quarantaine. Il leur suffit de présenter un test PCR négatif effectué lors des 48 heures précédant leur départ. La Chine a également relancé sa politique d’exemption de visa, ce qui signifie que l’on peut se rendre en Chine sans demander un nouveau visa. En d’autres termes, la Chine ne se contente pas de faciliter les déplacements des Chinois à l’étranger, elle encourage également les voyageurs étrangers à venir en Chine.

Ce qui fait encore plus froid dans le dos, c’est le fait qu’après avoir libéré son peuple des longs confinements, le PCC a également ouvert les portes du pays pour les Chinois qui veulent voyager à l’étranger. Le Nouvel An chinois tombe le 22 janvier cette année, et les célébrations culminent avec le Festival des lanternes le 5 février. La Chine rouvre ses ports et a commencé à réémettre des passeports. C’est exactement au même moment que 5 millions d’habitants de Wuhan ont quitté la ville en 2020 pour voyager, y compris à l’étranger. Et, une fois de plus, ils sont porteurs d’un dangereux virus.

Le PCC risque de déclencher une nouvelle pandémie dans le monde. Fermer les frontières nationales à tous les voyageurs chinois et empêcher les nôtres de se rendre en Chine semble relever du simple bon sens. Et cela devrait être fait le plus vite possible. Cependant, le monde semble dépourvu de cette sagesse élémentaire. Si tel est le cas, il faut se préparer à un nouveau fléau.

Ilana Freedman est une analyste du renseignement qui a plus de trente ans d’expérience dans ce domaine. Elle est l’auteur de centaines d’articles sur les menaces mondiales et la situation géopolitique. Elle a également écrit quatre livres sur le terrorisme islamique et travaille actuellement sur une analyse complète de la montée et la chute de la Chine.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.