Trois conclusions qu’on pourrait tirer de l’ingérence russe dans l’élection présidentielle américaine

19 février 2018 20:09 Mis à jour: 20 février 2018 11:21

Depuis l’élection du président américain en novembre 2016, les représentants du Parti démocrate ont colporté des rumeurs sur la théorie du complot selon lesquelles l’équipe de campagne de Donald Trump s’est coordonnée secrètement avec les Russes pour gagner la course présidentielle. Plus d’un an après le début du mandat de Donald Trump, de nombreux démocrates croient encore que sa présidence est illégitime et qu’il y a de l’espoir pour que Hillary Clinton devienne la présidente légitime des États-Unis.

L’enquête sur la possibilité d’une telle collusion, menée par l’équipe du procureur spécial Robert Mueller, alimentait les fantasmes des démocrates. Lorsque M. Mueller a porté des accusations contre les anciens associés de Trump – Mike Flynn, Paul Manafort et Rick Gates – les démocrates se sont emballés, oubliant le fait que les accusations n’avaient rien à voir avec la collusion de l’équipe de campagne de Trump avec les Russes. Mais le dernier acte d’accusation, publié vendredi dernier par les services de Robert Mueller, coupera presque certainement l’herbe sous le pied des démocrates.

L’acte d’accusation inculpe treize ressortissants russes, dont un proche de Vladimir Poutine, et trois entités russes pour l’ingérence dans le processus électoral américain de 2016. L’une de ces entités, la société IRA (Internet Research Agency – Agence de recherche sur Internet), est une fabrique des trolls des médias sociaux basée à Saint-Pétersbourg, Russie. À un moment donné, l’IRA a assigné jusqu’à 80 employés pour interférer avec l’élection américaine, affirme l’acte d’accusation.

Il y a trois principales conclusions qu’on pourrait tirer de cet acte d’accusation.

Tout d’abord, la soi-disant « campagne d’influence russe » a commencé bien avant que Donald Trump ait annoncé sa candidature à la présidence américaine. Selon l’acte d’accusation, l’IRA a lancé en avril 2014 un « projet de traduction » qui « visait la population des États-Unis et menait des opérations sur des plateformes de médias sociaux telles que YouTube, Facebook, Instagram et Twitter ».

Environ un mois plus tard, la stratégie de l’IRA a été précisée et « comprenait l’interférence avec les élections présidentielles américaines de 2016, dans l’objectif de ‘répandre la méfiance envers les candidats et le système politique en général’ ».

Donald Trump ne s’est lancé dans la course présidentielle que le 16 juin 2015. Cela suggère que la « campagne d’influence russe » n’était pas spécialement destinée à soutenir un candidat particulier, mais faisait plutôt partie d’une stratégie russe à long terme. Elle visait à répandre la désinformation et à manipuler l’opinion publique, dans le but de déstabiliser la société civile et saper la sécurité nationale des États-Unis.

Deuxièmement, les accusés russes encourageaient la division de la société et ont essayé d’amplifier les tensions dans le pays. L’acte accuse l’IRA d’avoir donné l’ordre à ses employés de provoquer « une violence politique en soutenant des groupes radicaux, des insatisfaits de la situation sociale et économique et des mouvements sociaux d’opposition ».

Par exemple, l’acte d’accusation évoque que les Russes auraient attaqué dans les médias sociaux les sénateurs Marco Rubio et Ted Cruz pendant les primaires républicaines et qu’ils auraient préféré le sénateur Bernie Sanders à Hillary Clinton lors des primaires démocrates. Les Russes voulaient probablement prolonger les combats internes entre républicains et démocrates.

Certains faux comptes de médias sociaux liés à la Russie soutenaient ostensiblement les mesures visant la sécurisation des frontières américaines, tandis que d’autres promouvaient des messages reflétant la position des démocrates. Un faux groupe sur Facebook appelé United Muslims of America (Musulmans unis d’Amérique) postait des avis favorables sur Hillary Clinton pour donner l’impression qu’elle soutenait l’Islam radical. Une page de Twitter sous un faux pseudo @Blacktivist soutenait le mouvement Black Lives Matter (Les vies noires comptent). Il y avait aussi un groupe appelé Army of Jesus (L’armée de Jésus).

Après l’élection, les Russes auraient organisé le 12 novembre 2016 un rassemblement à New York, destiné à « montrer le soutien au président élu Donald Trump ». Le même jour, les Russes auraient utilisé un autre de leurs groupes de médias sociaux pour organiser un rassemblement à New York sous le slogan « Trump n’est pas mon président ».

Tous ces exemples montrent que les Russes ne favorisaient pas nécessairement un candidat particulier. En fait, ils étaient assez opportunistes en soutenant ou en s’opposant à la fois à Donald Trump et à Hillary Clinton. La politique intérieure des États-Unis comme telle ne semblait pas les intéresser, à part son utilisation comme moyen pour infliger des dommages et semer le trouble.

Le soleil se couche derrière le Kremlin et la place Rouge de Moscou, le 8 juin 2017. (MLADEN ANTONOV/AFP/Getty Images)

Troisièmement, il n’y a aucune référence dans l’acte d’accusation à la collusion entre l’équipe de campagne de l’actuel président des États-Unis et les Russes dans la présidentielle de 2016. La « campagne d’influence russe » n’a pas non plus influencé le résultat des élections.

Le procureur général adjoint américain Rod Rosenstein a déclaré que l’acte d’accusation ne permettait pas d’accuser quelque Américain ou membre de la campagne de Trump d’avoir été « un participant en connaissance de cause dans les activités illégales présumées ». Il a également déclaré qu’il n’y avait pas d’indication dans l’acte que ces activités « avaient modifié le résultat des élections de 2016 ».

Certains Russes accusés « se faisant passer pour des Américains sans révéler leurs connexions russes ont approché, à leur insu, des personnes associées à l’équipe de campagne de Trump et d’autres militants politiques afin de chercher à coordonner leurs activités politiques ». On peut déduire de l’acte d’accusation que les accusés n’ont pas obtenu de collaboration recherchée des personnes associées à l’équipe de Trump. Sinon, toute correspondance ou discussion de ce sujet entre eux serait utilisée comme preuve contre les Russes.

En résumé, les Russes ont cherché à influencer la campagne présidentielle de 2016, mais ils ont échoué. Cependant, ils ont réussi au moins en une chose : la discorde qu’ils ont semée a porté ses fruits. Les démocrates n’ont pas réussi à trouver des preuves du complot de Donald Trump avec la Russie, mais ils ont tout mis en œuvre pour ne pas reléguer aux oubliettes l’histoire de cette collusion présumée. Si les Russes ont des collaborateurs parmi les Américains, ce seraient les démocrates.

Tian Yuan

Le point de vue exprimé dans cet article est celui de son auteur et ne reflète pas nécessairement celui d’Epoch Times.

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