Tués pour le profit : les prisonniers de conscience alimentent la vaste industrie des transplantations d’organes en Chine

Par Mahamoudou Diakite
26 décembre 2022 15:59 Mis à jour: 27 décembre 2022 09:53

Cette nuit‑là, quatre soldats ont transporté un jeune homme blessé hors de la prison. Dans un fourgon militaire qui attendait à proximité, des médecins en blouse blanche étaient prêts à se mettre au travail : l’un d’eux sort son scalpel et se lance dans l’ouverture de toute la cavité abdominale du jeune homme blessé, tandis que les autres médecins retirent rapidement les deux reins, pour les poser dans un récipient. Après avoir arraché les deux globes oculaires, le cadavre est jeté dans un sac mortuaire noir.

Cette scène macabre s’est produite dans la ville portuaire de Dalian, au nord du pays, il y a environ 30 ans. Il s’agissait d’un « ordre militaire secret » que George Zheng (pseudonyme) avait reçu lorsqu’il était interne dans un hôpital militaire de la ville à l’époque.

« Dès que j’ai coupé [les veines et les artères], le sang a immédiatement jailli. Il y avait du sang qui giclait de partout sur mes mains et mon corps. Ce sang qui giclait, attestait sans aucun doute que cet homme était encore vivant », s’est rappelé M. Zheng dans une interview de 2015 avec Epoch Times à Toronto, au Canada. George Zheng est un pseudonyme pour protéger son identité.

George Zheng a déclaré qu’il ignorait quel ordre allait lui être donné, avant que le corps du jeune homme soit déposé devant lui. La scène horrible lui a offert un aperçu du système tentaculaire de prélèvement d’organes à vif orchestré par le régime communiste, impliquant l’armée et ses hôpitaux affiliés. George Zheng a quitté l’hôpital peu après.

« Crimes de prélèvement d’organes », peinture à l’huile illustrant le prélèvement d’organes sur un pratiquant de Falun Gong vivant en Chine, peint par Xiqiang Dong. (Image reproduite avec l’aimable autorisation de Xiqiang Dong).

L’histoire raconté par George Zheng rejoint celles d’autres personnes qui ont participé ou assisté aux manœuvres opaques du régime chinois. Ces manœuvres consistent à prélever de force des organes sur des prisonniers encore en vie, notamment sur des personnes simplement détenues pour leur croyance spirituelle. Les organes sont utilisés pour alimenter une industrie de la transplantation d’organe.

L’épisode décrit par George Zheng s’est produit dans les années 1990. Depuis lors, cette sombre pratique s’est industrialisée dans des proportions choquantes, selon les recherches et les preuves approfondies présentées au cours des quinze dernières années. Ces prélèvements se sont amplifiés avec la persécution du Falun Gong lancée par le Parti communiste chinois à partir de 1999. Cette persécution a entraîné une augmentation importante des prisonniers de conscience incarcérés à travers le pays. Ils sont devenus une grande banque d’organes vivants.

En 2019, un tribunal populaire indépendant a conclu que des prélèvements forcés d’organes avaient lieu en Chine depuis des années « à grande échelle », et qu’ils se poursuivaient aujourd’hui. Les principales victimes, selon le tribunal, sont les pratiquants de Falun Gong détenus.

« Un crime contre l’humanité »

Ces abus terrifiants ont été révélés pour la première fois en 2006 lorsqu’un médecin militaire chinois, un journaliste et un autre informateur ont contacté Epoch Times. Dans ce groupe, une femme utilisant le pseudonyme d’Annie, était une ancienne employée d’un hôpital du nord de la Chine. Elle a révélé comment son ex‑mari, neurochirurgien dans le même hôpital, avait participé à l’ablation forcée des cornées d’environ 2000 pratiquants de Falun Gong emprisonnés entre 2001 et 2003. Ils étaient tous en vie au moment de l’extraction.

« Tout ce système et le prélèvement des organes ont été organisés par le système de santé gouvernemental. La responsabilité des médecins était simplement de faire ce qu’on leur disait de faire », a déclaré Annie dans une interview de 2006 avec Epoch Times.

La lanceuse d’alerte Annie lors d’une conférence de presse à Washington, D.C., le 20 avril 2006. Il s’agissait de son premier témoignage public sur les atrocités des prélèvements d’organes à grande échelle en Chine. (Epoch Times)

C’est son récit qui a donné lieu à l’enquête conjointe de David Kilgour, ancien ministre canadien, et de David Matas, avocat canadien spécialisé dans les droits de l’homme. N’ayant pas reçu de réponse à leur demande de visite en Chine, ils ont enquêté sur les hôpitaux chinois en examinant leurs sites Web, les rapports des médias et en effectuant des appels téléphoniques sous anonymat avec des médecins dans 15 provinces chinoises. En juillet 2006, ils ont publié la première édition de leur rapport intitulé « Prélèvement meurtrier », concluant que le prélèvement forcé d’organes était une pratique courante.

« Ce sont des crimes contre l’humanité. Ce sont des crimes contre chacun de nous », ont‑ils écrit dans la version actualisée de leur livre. Avec de nouvelles preuves, un rapport actualisé a été publié en 2007. (Lien vers le rapport)

Entretemps, Ethan Gutmann, analyste expérimenté de la Chine, et vivant aux États‑Unis, initialement sceptiques quant aux allégations des deux Canadiens, a alors commencé sa propre enquête sur le sujet. Après sept ans de recherches, Ethan Gutmann est arrivé à une conclusion similaire dans son livre de 2014, « The Slaughter » [Le massacre].

« Les dirigeants étaient au courant et c’était parrainé par l’État – en fin de compte, l’État a permis que cela se produise et l’a encouragé », a déclaré Gutmann dans une interview de 2014 avec Epoch Times.

Système à la demande

Une explosion soudaine et mystérieuse de l’industrie de la transplantation en Chine s’est opérée au début des années 2000. Malgré l’absence d’un système officiel de don d’organes, les taux de transplantation d’organes ont décollé. Des centaines de nouveaux centres nationaux de transplantation ont ouvert leurs portes et de nombreux sites Web proposaient un temps d’attente de quelques semaines seulement pour la transplantation d’un organe vital – du jamais vu dans les pays s’appuyant sur des systèmes de don volontaire.

Prix des organes prélevés de force sur des pratiquants de Falun Gong (Epoch times)

Des temps d’attente extrêmement courts

Les délais d’attente plus courts ont attiré des patients du monde entier, qui se sont rendus en Chine pour subir des opérations de survie. Parmi eux se trouvait Mordechai Shtiglits. En novembre 2005, il a entrepris un voyage à Shanghai après avoir passé un an et demi au centre médical Sheba en Israël à attendre un nouveau cœur.

Il n’a fallu que quelques jours aux médecins chinois pour lui proposer une greffe avec un cœur compatible. Une semaine après son arrivée à Shanghai, M. Shtiglits a appris que le lendemain, il pourrait recevoir son nouveau cœur, selon un rapport d’enquête publié en 2013 par le journal allemand Die Zeit.

Un chirurgien chinois a indiqué que le cœur provenait « d’un donneur » de 22 ans, décédé dans un accident de la route. Mais le rapport précise qu’une telle situation est « extrêmement improbable ». Plus de 60.000 personnes meurent chaque année dans des accidents de la route en Chine, les médecins chinois ne sont pas en mesure cependant de prévoir la mort de qui que ce soit. En outre, le pays ne disposait pas à l’époque d’un système d’attribution rapide d’organes.

Le Dr Jacob Lavee après une conférence médicale à Poiana Brasov, en Roumanie, le 20 octobre 2017. (Mihut Savu/Epoch Times)

Le Dr Jacob Lavee a traité M. Shtiglits pendant des années. Grâce à son patient, il a eu connaissance du prélèvement forcé d’organes en Chine pour la première fois. Le Dr Lavee s’est souvenu du jour où M. Shtiglits, gravement malade, a annoncé qu’il allait subir une opération de transplantation cardiaque en Chine dans deux semaines.

« Je l’ai regardé et je lui ai demandé : ‘Vous vous entendez ? Comment peuvent‑ils programmer une transplantation cardiaque deux semaines à l’avance ?’ », a déclaré le Dr Lavee dans le documentaire de 2015 « Hard to Believe » [Difficile à croire].

Le Dr Lavee a eu connaissance de patients israéliens se rendant en Chine pour y subir une greffe de rein. Il pensait qu’ils se fournissaient auprès de villageois pauvres. C’était en soi une pratique contraire à l’éthique, mais elle était totalement différente du don de cœur – on peut survivre à l’ablation d’un seul rein, mais extraire le cœur tue la personne.

Une abondance d’organes à disposition

Outre les courts délais d’attente, les sites Web des hôpitaux chinois promettaient qu’en cas d’échec de la première transplantation d’organe, ils proposeraient de nouveaux organes compatibles jusqu’à ce que la greffe soit réussie.

D’après le livre Prélèvement meurtrier, le site Web du China International Transplantation Assistant Center indiquait : « Une semaine suffira à trouver le donneur [de rein] approprié, le délai maximum étant d’un mois… Si un problème survenait avec l’organe du donneur, le patient aura la possibilité de se voir proposer un autre donneur d’organe et de subir une nouvelle opération en une semaine. »

Les enquêteurs ont confirmé par la suite que certains patients recevaient effectivement plusieurs organes, voire un troisième ou un quatrième. Par exemple, un homme originaire d’Asie s’est rendu deux fois à Shanghai entre 2003 et 2004. La première fois, un médecin chinois lui a apporté quatre reins en deux semaines, mais aucun n’était compatible. Quelques mois plus tard, lorsqu’il est revenu en Chine, on lui a présenté quatre autres reins jusqu’à ce que le huitième soit compatible.

« Quand nous l’avons rencontré, il avait l’air d’aller bien. Mais huit êtres humains avaient été tués pour lui faire sa greffe », a déclaré M. Kilgour dans le documentaire Medical Genocide concernant ce patient.

Le premier hôpital central de Tianjin, qui abrite un des centres de transplantation d’organes les plus actifs en Chine. (Dossiers de l’hôpital)

Un essor rapide

La Chine possède désormais la deuxième plus grande industrie de transplantation au monde après les États‑Unis. Il existe plus de 700 centres de transplantation dans un système de transplantation d’organes tentaculaire, avec plus de 160 centres nationaux enregistrés et approuvés par les autorités en 2007, selon les données recueillies par les enquêteurs. Mais avant 1999, il n’y avait que 150 établissements de transplantation en Chine.

Sur la base de l’analyse des infrastructures et des capacités des hôpitaux pratiquants des transplantations, les enquêteurs ont estimé que le régime effectue entre 60.000 et 100.000 transplantations chaque année, selon un rapport de 2016 coécrit par Matas, Kilgour et Gutmann. Cette estimation dépassait de loin les 10.000 greffes que Huang Jiefu, alors vice‑ministre de la Santé, déclarait effectuer chaque année dans le pays.

(De g. à dt.) David Kilgour, David Matas et Ethan Gutmann, à Londres, en Angleterre, le 25 novembre 2014. (Simon Gross/Epoch Times)

Une nombre aussi colossal de transplantations laisse supposer un vaste réservoir d’organes. Cependant, il n’existait pas de système officiel de don et de distribution d’organes en Chine jusqu’en 2015.

La première opération de transplantation d’organes en Chine a eu lieu dans les années 1970. Les Chinois, quant à eux, sont réticents à donner leurs organes en raison de la tradition du pays qui considère le corps comme un cadeau des parents et prescrit de ne pas y toucher après la mort. En 2003, le nombre de dons d’organes dans le pays était nul, selon les médias d’État chinois.

La plupart des organes destinés aux transplantations provenaient de prisonniers condamnés à mort, ont reconnu de hauts responsables chinois pour la première fois en 2005. Cette déclaration constituait un revirement de la part du régime. Le PCC avait nié au fil des ans l’existence du prélèvement d’organes sur des prisonniers. Ce type de prélèvement est condamnée par les organisations de défense des droits de l’homme et proscrite par les pays autres que la Chine, car les prisonniers condamnés à morts ne sont pas en mesure de donner leur libre consentement.

Toutefois, le nombre d’exécutions dans le couloir de la mort ne saurait expliquer le nombre de transplantations réalisées dans tout le pays.

Le Dr Jiefu Huang, président du Comité national chinois du don d’organes et de la transplantation, à l’ambassade de Chine à Rome, le 6 février 2017. (AP Photo/Andrew Medichini)

En 2015, alors que les abus en matière de transplantation faisaient l’objet d’une attention croissante, le régime chinois a réagi. Pékin a annoncé qu’il ne s’approvisionnerait plus en organes auprès des prisonniers condamnés à mort pour les transplantations et qu’il s’appuierait uniquement sur un système de dons volontaires.

Là encore, cette déclaration officielle n’a pas satisfait les enquêteurs selon lesquels le système naissant de don d’organes ne pouvait pas être la source principale du nombre incroyable de transplantations effectuées.

Les chercheurs se sont aussi montrés sceptiques quant à la véracité des chiffres officiels mis en avant par la Chine. Une étude de 2019 publiée dans BMC Medical Ethics a révélé que les données de la base de données officielle sur les dons d’organes suivaient « presque une fonction mathématique. » Par exemple, en 2016, les données recueillies auprès de la Croix‑Rouge chinoise, qui n’a aucune affiliation avec la Croix‑Rouge internationale, ont montré que 21,3 organes auraient ainsi été prélevés sur chaque donneur sur une période de 10 jours, ce qui pour les auteurs est « un exploit clairement impossible ».

Des pratiquants de la méthode spirituelle Falun Gong faisant des exercices debout à Pékin avant le début de la persécution en 1999. (Avec l’aimable autorisation de Minghui.org)

Meurtres des pratiquants de Falun Gong pour leurs organes

Un tribunal indépendant et des enquêteurs ont conclu que seuls les pratiquants de Falun Gong détenus constituant la principale source d’organes permettaient d’expliquer l’essor rapide de l’industrie de transplantations en Chine.

L’industrie du prélèvement d’organes a coïncidé avec l’intensification de la persécution nationale du Falun Gong, une pratique spirituelle qui consiste en des enseignements moraux fondés sur les principes de vérité, de compassion et de tolérance, ainsi qu’en des exercices de méditation.

Depuis son introduction en Chine en 1992, cette pratique a gagné en popularité, si bien qu’on estime qu’elle comptait entre 70 et 100 millions de pratiquants dans le pays à la fin de la décennie.

Considérant cette énorme popularité comme une menace pour la suprématie du Parti, le dirigeant chinois de l’époque, Jiang Zemin, a personnellement lancé une violente campagne pour « éradiquer » le groupe spirituel en 1999.

Gao Rongrong, pratiquante de Falun Gong, après avoir été torturé par la police chinoise. Gao Rongrong est morte en détention le 16 juin 2005. (Domaine public)

Les pratiquants de Falun Gong de tout le pays ont utilisé des moyens pacifiques pour interpeller les autorités centrales et demander la fin de la répression. En retour, ils ont été tabassés, arrêtés et jetés dans des camps de travaux forcés, des centres de détention et des centres dits de rééducation, où ils ont été torturés. Pour protéger leurs familles et leurs amis, beaucoup ont refusé de révéler leur identité à la police. Un certain nombre ont disparu

Chen Ying, une femme originaire de la province portuaire orientale du Shandong vit aujourd’hui en France. Elle fait partie de ceux qui ont croupi dans des centres de détention chinois. Chen Ying a été arrêtée trois fois entre 2000 et 2001 car elle refusait de renoncer à sa croyance dans le Falun Gong. À chaque fois, elle a été torturée, a‑t‑elle confié aux enquêteurs, mais ce qu’elle ne comprenait pas à l’époque, c’était pourquoi elle subissait divers examens physiques.

« Fin septembre 2000, comme je ne voulais pas leur dire mon nom, j’ai été interpellée par la police et emmenée dans un hôpital pour un examen médical complet : cardiaque, sanguin, oculaire, etc. Je devais porter des chaînes aux jambes et j’étais attaché à un rebord de fenêtre. La police m’a injecté des substances inconnues. Après les injections, mon cœur battait anormalement vite. Chacune d’entre elles me donnait l’impression que mon cœur allait exploser », a déclaré Chen Ying aux enquêteurs.

Comme Chen Ying, de nombreux pratiquants ont déclaré avoir été soumis à des examens physiques, notamment à des analyses de sang – une condition préalable à la transplantation d’organes. Lors d’une audience devant un tribunal populaire indépendant tenu à Londres en 2019, d’autres personnes ayant fui la Chine après avoir été détenues, notamment des Ouïghours, ont également raconté avoir subi des tests de pression sanguine et d’autres examens médicaux.

« Pourquoi les pratiquants de Falun Gong détenus subissaient‑ils des examens physiques spécifiques (notamment des rayons X, des ultrasons, des tests sanguins) alors qu’ils sont en même temps soumis à un lavage de cerveau, à des travaux forcés, à la torture ou à la mort par la torture ? » a questionné le Dr Torsten Trey, directeur exécutif du groupe de défense Doctors Against Forced Organ Harvesting, lors de l’audience.

Parmi d’autres éléments de preuve, des médecins et des infirmières ont admis avoir utilisé des organes de pratiquants de Falun Gong lors d’appels téléphoniques enregistrés sous couverture par des enquêteurs se présentant comme des patients potentiels à la recherche d’un organe.

L’ancien chef du Parti communiste, Jiang Zemin, photographié dans le Grand Hall du Peuple le 21 octobre 2007. Alors que la direction du Parti s’interroge sur la manière de traiter Bo Xilai, on aperçoit en arrière-plan Jiang Zemin, qui est en fin de compte responsable des atrocités commises par Bo. (Goh Chai Hin/Getty Images)

Un ordre de Jiang Zemin

En outre, les appels téléphoniques effectués par l’Organisation Mondiale pour Enquêter sur la Persécution du Falun Gong, une organisation à but non lucratif installée aux États‑Unis, indiquent que cette pratique macabre a été ordonnée par les plus hautes instances du régime chinois. L’organisation à but non lucratif découvre que ce ne sont pas les hôpitaux non réglementés et des chirurgiens sans éthique, mais bien l’État chinois qui tire les ficelles.

Dans un cas, un haut responsable militaire chinois a clairement indiqué que l’instruction venait de Jiang Zemin en personne, l’ancien dirigeant chinois.

« À l’époque, c’était le président Jiang Zemin. Il y avait une instruction pour commencer cette chose, la transplantation d’organes », a déclaré Bai Shuzhong, ancien ministre de la Santé du Département de la Logistique générale de l’Armée populaire de libération.

L’existence de l’ordre a également été confirmée par Bo Xilai, un haut fonctionnaire en disgrâce, autrefois un personnage central de la faction politique fidèle à Jiang Zemin, lors d’un autre appel téléphonique.

Lorsque Bo Xilai s’est rendu à Hambourg en septembre 2006, un enquêteur se faisant passer pour un fonctionnaire de l’ambassade de Chine en Allemagne a eu une conversation téléphonique avec lui. Interrogé pour savoir si l’ordre de prélever des organes sur les pratiquants de Falun Gong venait de lui‑même ou de Jiang Zemin, Bo Xilai a répondu : « Du président Jiang. »

Comme d’autres hauts fonctionnaires et officiers militaires de la faction de Jiang Zemin, Bo Xilai, ainsi que son bras droit Wang Lijun, ont joué un rôle clé dans le prélèvement forcé d’organes à vif sur des pratiquants de Falun Gong, ont découvert les enquêteurs.

Au début des années 2000, Bo Xilai était à le secrétaire du Parti du Liaoning, une province du nord‑est où se trouvait le célèbre camp de travail forcé de Masanjia. Sous la surveillance de Bo Xilai, Masanjia est devenu un des camps les plus meurtriers pour les pratiquants de Falun Gong, qui l’ont surnommé de « sombre antre du mal ». La province du Liaoning a également été la première région où des lanceurs d’alerte ont confirmé la réalité des prélèvements d’organes à vif.

(En haut à g.) Bo Xilai, (en bas à g.) Wang Lijun, (à dt.) Jiang Zemin (Feng Li/Getty Images)

À l’époque, Wang Lijun était le chef de la police de la ville de Jinzhou, dans le Liaoning. En 2009, un policier qui travaillait sous ses ordres a déclaré aux enquêteurs que ce dernier leur avait ordonné « d’éradiquer tous » les pratiquants de Falun Gong.

Le policier a raconté comment deux médecins militaires ont procédé à une opération de prélèvement forcé d’organes en avril 2002 dans une salle de chirurgie d’un hôpital militaire de Shenyang, la capitale provinciale du Liaoning.

La patiente, une pratiquante de Falun Gong âgée d’une trentaine d’années, était encore en vie au moment de l’extraction, malgré « d’innombrables blessures » sur son corps après une semaine de tortures, a déclaré l’homme. Le policier témoin était de garde, et a été témoin de toute l’opération.

« Ils lui ont ouvert la poitrine avec un couteau… Elle a hurlé ‘Ah’, et dit ‘Le Falun Dafa est bon’ », a‑t‑il raconté.

« Elle a dit : ‘Vous me tuez, vous tuez une personne.’ »

Son cœur et ses deux reins ont été découpés et extrait de son corps, a‑t‑il raconté, et aucun anesthésiant ne lui avait été administré. La femme est morte dans d’horribles souffrances.

Au cours d’un rassemblement auquel se sont joints des milliers de pratiquants de Falun Gong, quatre manifestants jouent dans une pièce de théâtre d’action Taipei, Taiwan, 23 avril 2006 (Patrick Lin/AFP/Getty Images)

Le bureau de la sécurité de Wang Lijun dirigeait également un laboratoire affilié où étaient pratiquées des exécutions, des prélèvements d’organes, des transplantations d’organes et d’autres expériences, a révélé Wang Lijun lors d’une cérémonie de remise de prix en 2006. Le prix, décerné par la Fondation des sciences et technologies de Guanghua, une organisation caritative, sous la direction directe de la Ligue de la jeunesse du PCC, récompensait les recherches pionnières de son équipe sur la pratique de transplantation d’organes.

« Pour un policier chevronné comme moi, voir quelqu’un être exécuté et voir les organes de cette personne être transplantés dans le corps de plusieurs autres personnes, c’était profondément émouvant. Il s’agit d’une grande entreprise qui a nécessité le travail acharné de nombreuses personnes », a déclaré Wang Lijun dans son discours de remerciement.

Réponse internationale

Alors que le régime chinois continue de dissimuler son activité de transplantation d’organes, qui rapporte plusieurs milliards de dollars par an, de plus en plus de professionnels de la santé et de parlementaires occidentaux ont commencé à s’exprimer.

Les États‑Unis, l’Union européenne, des organisations médicales et des groupes de défense des droits de l’homme ont fait part de leurs préoccupations concernant les prélèvements d’organes forcés soutenus par l’État chinois. Les Nations unies n’ont pas encore publié de déclaration. En 2021, des dizaines d’experts des droits de l’homme affiliés à l’organisation mondiale ont exprimé leur surprise et leur consternation face à ce qu’ils ont qualifié d’accusations crédibles de prélèvements forcés d’organes.

Israël, Taïwan, l’Italie et l’Espagne ont déjà interdit le tourisme de transplantation vers la Chine. Le Royaume‑Uni a également modifié sa loi sur la bioéthique afin d’empêcher les patients britanniques en attente d’organes, d’aller se faire transplanter en Chine.

Défil de pratiquants de Falun Gong pour commémorer le 23e anniversaire de l’appel pacifique du 25 avril 1999 à Pékin, à Flushing, N.Y., le 23 avril 2022. (Larry Dye/Epoch Times)

Au début de l’année 2022, la Société internationale de transplantation cardiaque et pulmonaire a interdit les recherches en provenance de Chine, invoquant des inquiétudes quant aux pratiques de transplantation dans ce pays.

Pour le Dr Trey, directeur exécutif de Doctors Against Forced Organ Harvesting, un groupe de défense basé à Washington, il reste encore beaucoup à faire pour mettre fin à cette pratique.

« La Société internationale aurait dû prendre des mesures importantes et significatives pour mettre fin aux prélèvements forcés d’organes en Chine », a regretté le Dr Trey à Epoch Times.

« Le moment est venu d’aider le peuple chinois à mettre fin à cette pratique barbare. Si l’on ne peut pas imposer de changements au gouvernement chinois, les parlements occidentaux sont au moins totalement libres d’organiser des auditions, d’adopter des résolutions ou des lois. Nous avons cette liberté ici en Occident, alors qu’attendons‑nous ? »

Eva Fu a contribué à cet article.

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