Logo Epoch Times
plus-icon

Un contraceptif courant lié à un risque de tumeur cérébrale chez les femmes

top-article-image

Photo: Illustration par Epoch Times

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 7 Min.

Pfizer fait face à des centaines de plaintes alors que de nouvelles études explorent un possible lien entre certaines hormones et la croissance tumorale.

Souvent appelée « la piqûre contraceptive », l’injection à action prolongée de médroxyprogestérone acétate (Depo-Provera) est associée à un risque rare mais sérieux : le méningiome, une tumeur cérébrale le plus souvent bénigne mais pouvant entraîner de graves complications.

Risque presque quadruplé selon une vaste étude

Une analyse portant sur plus de 10 millions de femmes a montré que l’utilisation de Depo-Provera multipliait presque par quatre le risque de développer un méningiome, en particulier chez les femmes de plus de 30 ans qui en font un usage prolongé.

Publiée dans JAMA Neurology, l’étude indique que les utilisatrices de ce contraceptif présentaient un risque global multiplié par 2,43. Ce risque grimpait à 3,77 chez celles âgées de 31 à 40 ans au moment du début du traitement. L’analyse compare près de 89.000 utilisatrices de Depo-Provera à des femmes ayant recours à d’autres méthodes contraceptives. À l’aide d’un appariement sur score de propension, les chercheurs ont pu isoler l’effet du traitement hormonal des autres facteurs susceptibles d’augmenter le risque de méningiome.

Les chercheurs estiment que 60 % des cas de méningiome survenus chez les utilisatrices pouvaient être attribués directement à cette méthode contraceptive. Les femmes plus âgées ayant utilisé Depo-Provera pendant plus de six ans présentaient un risque 3,9 fois supérieur à celui de la population générale ; quant aux femmes ayant commencé le traitement dans la trentaine, elles affichaient systématiquement les taux de tumeurs les plus élevés dans toutes les catégories. Les auteurs ont calculé qu’il y aurait environ un cas de méningiome pour 1150 femmes traitées.

« Même bénignes, ces tumeurs peuvent poser de sérieux problèmes selon leur taille et leur emplacement, notamment en exerçant une pression sur les tissus cérébraux voisins », explique le Dr Luke Barr, neurologue, non impliqué dans l’étude.

Comment se manifeste un méningiome ?

Le méningiome est la tumeur cérébrale primaire la plus fréquente. Il naît des méninges, les membranes protectrices entourant le cerveau et la moelle épinière.

Ses symptômes apparaissent souvent de manière progressive et varient selon la localisation de la tumeur : maux de tête, crises d’épilepsie, troubles de la vision peuvent en être les premiers signes.

Outre l’âge, le sexe féminin et l’exposition aux radiations, l’usage de contraceptifs hormonaux fait partie des facteurs de risque connus.

En octobre 1992, la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a officiellement approuvé Depo-Provera pour un usage contraceptif. Cependant, l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) distribuait déjà ce contraceptif depuis de nombreuses années dans le cadre de ses programmes de planification familiale dans les pays en développement. Depuis 1969, Depo-Provera était également accessible aux États-Unis à des fins non contraceptives, notamment pour le traitement du cancer de l’endomètre.

Pourquoi Depo-Provera est en cause ?

Le lien viendrait de la sensibilité des cellules tumorales aux hormones. Plus de 70 % des méningiomes possèdent des récepteurs à la progestérone, et environ 10 % possèdent des récepteurs aux œstrogènes, ce qui suggère que le traitement hormonal pourrait stimuler la croissance tumorale. La médroxyprogestérone acétate, molécule de synthèse proche de la progestérone naturelle, pourrait donc favoriser cette stimulation.

Bien que le risque absolu reste faible, les auteurs soulignent sa signification clinique, car il concerne un contraceptif largement prescrit. L’étude s’ajoute à des recherches antérieures, notamment une étude de 2024 publiée dans le British Medical Journal qui avait observé un risque multiplié par cinq après seulement un an d’utilisation.

À noter : Depo-Provera comporte déjà un avertissement de la FDA déconseillant un usage prolongé au-delà de deux ans (sauf si d’autres méthodes sont jugées inadéquates), en raison d’une perte osseuse significative chez certaines utilisatrices.

Procès en cours en Floride

Le mois dernier, Pfizer a demandé à un juge de Floride de rejeter des poursuites affirmant que leur injection contraceptive provoque des tumeurs cérébrales, arguant que les autorités sanitaires l’avaient empêché d’ajouter un avertissement sur le risque de tumeurs sur la notice. Pfizer a aussi dit que les réclamations selon lesquelles la société n’aurait pas informé les consommatrices et les médecins sont bloquées parce que la FDA avait précédemment rejeté de tels avertissements avant le début des poursuites.

Les avocats des femmes poursuivant Pfizer affirment cependant que le laboratoire a ignoré des données scientifiques remontant aux années 1980 suggérant que Depo-Provera pouvait être lié à ces tumeurs : une étude de 1983 montrait que le progestatif contenu dans Depo-Provera peut se lier aux cellules de méningiome. Les issues de ce procès pourraient influer sur plus de 500 autres affaires en cours, selon les dossiers de la cour.

Epoch Times a contacté Pfizer pour obtenir un commentaire.

Ce que cela signifie pour les utilisatrices

Les experts soulignent que, malgré une augmentation statistiquement significative du risque, le méningiome reste relativement rare au niveau individuel. Depo-Provera demeure une méthode contraceptive fiable et efficace pour de nombreuses femmes. Toutefois, patients et praticiens doivent être informés de ce risque émergent, en particulier chez les femmes présentant d’autres facteurs de risque ou des antécédents personnels/familiaux de méningiome.

Les auteurs recommandent que les professionnels de santé évaluent soigneusement ces risques avant de prescrire de la médroxyprogestérone acétate, notamment chez les femmes de plus de 30 ans ou celles envisageant un usage prolongé.