Un cubain révèle des vidéos de cellules de torture et de «l’enfer» qu’il vivait dans une prison du régime de Castro

Par Anastasia Gubin - La Gran Epoca
11 novembre 2019 16:56 Mis à jour: 12 novembre 2019 06:49

Des vidéos inédites de la vie dans une prison cubaine, aux abords de La Havane, révèle au monde les souffrances endurées par les prisonniers, dans les cachots de la dictature de Castro.

Les vidéos ont été secrètement filmées par un dissident, Luis Borges, qui a passé sa jeunesse derrière les barreaux, enfermé pendant douze ans sous le régime communiste après avoir tenté d’emmener sa mère à Miami, où il résidait.

Alors qu’il se trouvait dans la prison à sécurité maximale appelée K8, à 160 km de la capitale, il a documenté 40 heures de vidéo stockées sur des cartes mémoire d’un téléphone portable qu’il a réussi à présenter par l’intermédiaire de sa famille, a déclaré le dissident dans un reportage spécial intitulé « K8, Inside Hell », présenté cette semaine par Telemundo51, dans une série de reportages.

Luis Borges a caché sa mémoire lors du tournage dans un savon qu’il avait offert à sa femme lorsqu’il lui avait rendu visite. À sa sortie de prison, en 2018, il a émigré de nouveau aux États-Unis et ses images sont maintenant partagées.

Tout a commencé en 2005, lorsqu’il a décidé de prendre un bateau à Miami pour rechercher ses proches.

« J’ai été repéré par les gardes-côtes cubains, ils ont heurté mon bateau, les moteurs sont tombés en panne. J’entrais sur la plage de Jaimanitas, par La Havane, et j’ai été arrêté », a-t-il déclaré à Telemundo51 dans la vidéo de la première partie de la série.

Il a ensuite été transféré au centre K8, la prison de Pinar del Río.

« Beaucoup de personnes ont été torturées là-bas », a-t-il déclaré. « Enfer, le mot enfer. C’est le mot qui l’emporte. »

L’ancien détenu du régime communiste cubain a déclaré avoir été torturé dans le cachot numéro 7 et avoir souvent entendu les cris de personnes ayant subi le même sort.

« Du trou noir numéro 7, tous les détenus en ont peur. Celui qui y passe en sort avec une côte fracturée, bien fracassé », a-t-il déclaré.

Dans une méthode de torture appelée « la petite chaise », explique le Cubain, les torturés sont menottés par les mains, lesquelles vont derrière le corps. Ensuite, « ils menottent vos pieds de telle manière qu’ils vous plient comme si vous étiez un jouet à bascule, mais les cris, les autres détenus réussissent à les entendre. Parce que quand tu es plié pendant longtemps, ton ventre ne peut pas le supporter ».

« Ici, ils m’ont torturé et m’ont mis sur la petite chaise », disent des lettres en désordre sur le mur du cachot, qu’il a réussi à filmer, un témoignage de ceux qui étaient là et qui voulaient graver leur expérience.

Luis parle également d’une autre méthode de torture, appelée « la guaguita », dans laquelle ils prennent le prisonnier par les poignets et « le pendent par les pieds ».

Le portable

La vie en prison a pris une valeur particulière, lorsque sa mère et son épouse lui ont envoyé un téléphone portable, dissimulé au fond d’un récipient contenant de la nourriture suffisamment grasse faite maison, entouré d’un élastique et couvert d’un faux fond.

Il a caché le téléphone dans un agenda percé d’un trou, permettant de filmer avec la caméra à l’intérieur. Sur l’agenda, il a collé une image de voiture, et a caché l’objectif de la caméra derrière un des phares de la voiture, comme le montre la vidéo K8, partie 2.

« Il a percé un trou dans le savon, il l’a bien scellé. Ils n’ont ni examiné le savon, ni ma femme. Ma mère savait qu’il y avait dedans la carte mémoire. » Ainsi, Luis Borges a réussi à faire sortir les vidéos qu’il avait filmées à l’intérieur de la prison.

L’eau

« Les conditions sont très mauvaises », dit Luis Borges, se souvenant de la prison et essayant d’exprimer ce que l’on ressent quand on doit voir les excréments d’autres personnes, la saleté et « l’eau que tu es en train de boire ».

« Tu dois la prendre petit à petit. Tu dois la laisser se décanter dans le seau, et tu réalises qu’au fond, il y a un de la terre. »

Selon le dissident, « à cause de cette eau de nombreux boutons sont apparus sur la peau (…) parce que c’est une eau de barrage, de lagune, ainsi même avec l’estomac à l’envers, il faut la boire (…) C’est une eau qui doit parfois durer un mois. »

Un camarade de cellule filmé a déclaré qu’« il y a longtemps, un garçon de 22 ans est décédé, parce qu’il avait un bouton sur la tête ».

Pour survivre à la contamination, les prisonniers montrent comment ils parviennent à filtrer l’eau pour pouvoir la boire.

Luis Borges a purgé sa peine et a été libéré en 2018. En septembre de la même année, il s’est embarqué à bord d’un radeau rustique emportant avec lui les précieuses vidéos, accompagné d’un de ses frères et amis, pour se rendre aux États-Unis. Sa mère qu’il avait retrouvée le 28 décembre 2005, était décédée huit mois plus tôt.

C’était la deuxième fois qu’il s’embarquait à Miami pour fuir la dictature. L’homme a déclaré avoir quitté Cuba en radeau pour la première fois en 2002 et, après avoir été accueilli, il a commencé à travailler pour envoyer de l’aide sur l’île. Lorsqu’il a appris que le cyclone Katrina avait laissé son ancienne maison sans toit, il n’a pas hésité deux fois et est parti.

Luis Borges a été reconnu coupable de trafic de personnes à la prison K8, où il raconte qu’il avait simplement rencontré des personnes qui tentaient de fuir le pays ou qui étaient des résidents à l’étranger.

Selon Telemundo51, il a réussi à sortir de cet enfer plus de 40 heures de vidéos et a vécu pour le raconter.

Voici plus de vidéos filmées à l’intérieur de la prison :

Vidéo : El infierno en cárcel cubana K8, partie 4

Vidéo : El infierno en cárcel cubana K8, partie 5

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