Un nouveau rapport expose comment les organes transplantés en Chine proviennent probablement de personnes vivantes

Par Kelly Song
28 août 2022 22:17 Mis à jour: 28 août 2022 22:17

Un nouvel article de recherche dans le Cambridge Quarterly of Healthcare Ethics publié par la Cambridge University Press met en évidence des cas d’abus de transplantation en Chine, où des organes de transplantation ont peut‑être été obtenus à partir d’êtres humains vivants trompeusement déclarés en état de mort cérébrale.

L’article revu par des pairs, intitulé « Cas d’abus de la définition de la mort cérébrale dans le prélèvement d’organes en Chine » (CABDD : Cases Abusing Brain Death Definition in Organ Procurement in China) examine les publications de revues médicales chinoises dans lesquelles des méthodes de prélèvement d’organes sont décrites. Les auteurs ont constaté des violations flagrantes des critères chinois pour déterminer la mort cérébrale. Ils ont conclu que certains donneurs d’organes n’étaient pas en état de mort cérébrale ou de mort cardiaque au moment du prélèvement des organes.

Mort cérébrale et transplantation d’organes

La mort cérébrale est la cessation irréversible de toutes les fonctions du cerveau. Une personne en état de mort cérébrale n’est pas dans le coma, qui peut être le résultat d’une maladie grave ou d’une lésion cérébrale. Elle a subi un arrêt irréversible de toutes les fonctions du cerveau et sera incapable de respirer par elle‑même. Comme le cœur ne reçoit pas d’oxygène, il s’arrête de battre. Une fois que le cœur cesse de battre, c’est‑à‑dire en cas de mort cardiaque, tous les organes cessent de fonctionner car la circulation sanguine s’est arrêtée. Si un organe reste privé de sang pendant un certain temps, il n’est plus adapté à une transplantation.

À l’inverse, si la respiration d’un patient en état de mort cérébrale peut être maintenue par un appareil de maintien en vie, tel qu’un respirateur, les tissus restent oxygénés et le cœur peut continuer à battre, ce qui garantit effectivement que les organes seront dans un état propice à la transplantation.

Par conséquent, la détermination et la gestion de la mort cérébrale sont des aspects cruciaux de la médecine de transplantation et impliquent également de profondes questions éthiques.

Les patients doivent être sous respirateur

La respiration artificielle est obligatoire pour maintenir la respiration et la circulation d’un patient en état de mort cérébrale. Ce n’est que lorsque le patient est déjà sous respirateur que les procédures visant à déterminer la mort cérébrale peuvent être lancées.

Pour déclarer une personne en état de mort cérébrale, les médecins doivent confirmer l’absence de réflexes du tronc cérébral et l’incapacité à respirer par ses propres moyens, entre autres critères.

La procédure standard adoptée au niveau international pour diagnostiquer la mort cérébrale suit à peu près les étapes suivantes. Tout d’abord, le patient est branché à un respirateur, puis des tests de diagnostic sont effectués pour vérifier l’absence de réflexes du tronc cérébral, suivis d’un test d’apnée au cours duquel le respirateur est débranché (puis rebranché) pour confirmer l’absence de respiration spontanée. Enfin, si les résultats répondent aux critères de la mort cérébrale, le patient est déclaré en état de mort cérébrale et le prélèvement d’organes peut commencer.

Les directives chinoises de 2009 sur la détermination de la mort cérébrale stipulent que le test d’apnée doit suivre des « procédures strictes » en « déconnectant le patient du respirateur pendant 8 à 10 minutes ». Cela montre que les critères chinois impliquent également que le patient soit déjà sous respirateur avant que le test de mort cérébrale puisse commencer.

La preuve irréfutable : « intubation après la mort cérébrale »

Grâce à une évaluation minutieuse d’articles sur des transplantations réalisées par des hôpitaux militaires, des hôpitaux universitaires et d’autres hôpitaux civils chinois, les auteurs ont conclu que, dans certains cas, les organes ont pu être prélevés sur des personnes vivantes.

Dans l’article CABDD, on peut lire que « les ‘organes du donneur’ pourraient bien avoir été prélevés dans ces cas sur des êtres humains vivants et les ‘donneurs’ tués par les professionnels de la santé par explantation d’organes ».

L’article CABDD cite en exemple cinq articles de revues médicales chinoises. Les transplantations mentionnées dans les articles comprennent 16 transplantations cardiaques et 5 transplantations combinées cœur‑poumons, réalisées entre 2002 et 2013. Les cinq articles affirment que l’intubation, qui est la procédure permettant de connecter un patient à un respirateur, a eu lieu après la mort cérébrale.

Les expressions « détermination de la mort cérébrale » ou « diagnostic de la mort cérébrale » ne figurent dans aucun des cinq articles. Les articles affirment simplement que les « donneurs » étaient en état de mort cérébrale, sans mentionner de procédure ou de critères de détermination.

Tableau des cas de transplantation en Chine impliquant des organes provenant de prétendus « donneurs en état de mort cérébrale », tiré de l’article de recherche intitulé « Cases Abusing Brain Death Definition in Organ Procurement in China ». (Capture d’écran via Epoch Times)

Selon l’article CABDD, la description de la procédure de prélèvement d’organes indique que le cœur fonctionnait avant que l’arrêt cardiaque ne soit provoqué par les médecins pour le prélèvement du cœur. « Ces donneurs dont le cœur battait n’étaient pas des donneurs d’organes en état de mort cérébrale avec un cœur battant. »

Législation sur la mort cérébrale

Aux États‑Unis, la définition de la mort cérébrale a commencé dès 1968. Après quelques années d’évolution, des lignes directrices ont été publiées en 1995 (pdf). La dernière ligne directrice sur la détermination de la mort cérébrale aux États‑Unis a été publiée en 2010. En outre, chaque État a ses propres critères juridiquement contraignants pour le constat de la mort cérébrale.

L’industrie chinoise de la transplantation a connu une croissance exponentielle depuis le début des années 2000, alors qu’il n’existait aucun système de don d’organes ni aucune réglementation sur la mort cérébrale. En 2003, le ministère chinois de la Santé a publié un projet de normes et de spécifications techniques pour le constat de la mort cérébrale. Il s’agissait simplement d’un projet destiné à recueillir des commentaires et qui n’était pas juridiquement contraignant. Il n’existe pas de législation sur la mort cérébrale en Chine aujourd’hui.

Néanmoins, depuis 2000, l’expression « donneurs en état de mort cérébrale » a commencé à apparaître fréquemment dans les publications relatives aux transplantations rédigées par des chirurgiens et des infirmières de transplantation d’hôpitaux de tailles diverses dans tout le pays.

Comment des articles décrivant une « intubation après la mort cérébrale » pouvaient‑ils être publiés ainsi ? L’article CABDD cite le président du Comité national chinois du don et de la transplantation d’organes, Huang Jiefu, qui a déclaré en 2013 : « 90% des médecins ne savent pas comment fonctionne la mort cérébrale. »

Par conséquent, les chirurgiens de transplantation chinois dans ces articles « n’ont utilisé le terme de mort cérébrale que comme prétexte pour dissimuler la véritable source d’organes, car les sources d’organes étaient illégales », conclut l’article CABDD.

Les organes ne proviennent pas tous d’un système national d’attribution d’organes

En partie en raison de l’examen international de ses pratiques de transplantation contraires à l’éthique, la Chine a annoncé en 2015 que « tous les organes doivent provenir d’un système national d’attribution d’organes, le système chinois de réponse aux transplantations d’organes (COTRS) ».

Cependant, l’article CABDD indique qu’ « un rapport de vérification des données internes du COTRS ayant fait l’objet d’une fuite a révélé qu’un assez grand nombre d’organes transplantés ne provenaient pas du COTRS, c’est‑à‑dire qu’il s’agissait de transplantations illégales ».

Le rapport qui a fait l’objet d’une fuite (en chinois uniquement) compare les greffes déclarées aux registres de transplantation de foie et de rein aux organes attribués par le COTRS. Les données couvrent la période allant de janvier 2015 à avril 2018. Plus de 2000 organes transplantés dans tout le pays provenaient de sources inconnues et, dans plus de 10.000 cas, les données des patients ont été manipulées une heure avant l’attribution des organes.

Étant donné que toutes les transplantations illégales n’ont pas été signalées aux registres de transplantation, l’article CABDD conclut que le nombre réel de transplantations d’organes illégales doit être beaucoup plus élevé que ce qui est inclus dans le rapport ayant fait l’objet d’une fuite.

Une enquête est indispensable

En résumé, les auteurs de l’article CABDD affirment que « la définition de la mort cérébrale est utilisée abusivement par certaines personnes pour le prélèvement d’organes et pour dissimuler les sources illégales d’organes. Dans de tels cas, il est évident qu’un constat de mort cérébrale n’a pas été effectué et que les donneurs ont simplement été déclarés en état de mort cérébrale ».

« Une enquête systématique sur les dons d’organes provenant de donneurs déclarés en état de mort cérébrale est indispensable. »

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