«Un point de non-retour»: le niveau en français des futurs professeurs des écoles inquiète

Par Emmanuelle Bourdy
19 décembre 2022 12:07 Mis à jour: 19 décembre 2022 12:07

Alors que les inscriptions aux concours 2023 pour devenir professeur des écoles viennent de se clôturer, les jurys d’académie pointent du doigt le faible niveau de maîtrise de la langue française des candidats. De plus, les références littéraires telles qu’Honoré de Balzac ou Victor Hugo sont délaissées, au profit des références populaires des séries Netflix ou de films Disney.

Entre le niveau d’orthographe et de compréhension de la langue française et les piètres références littéraires, les inspecteurs sont inquiets. Les futurs professeurs des écoles, bien qu’ayant le niveau Bac+5, auraient beaucoup de lacunes dans la maîtrise de la langue française. Ainsi que le rapporte Le Figaro, les jurés d’académie dénoncent ces « faiblesses criantes ».

Ils auront pourtant en charge l’enseignement de la langue

Dans des rapports publiés début décembre, les jurés d’académie révèlent que les futurs professeurs des écoles ne maîtrisent pas la langue de Molière, alors même qu’ils seront chargés de l’apprentissage de celle-ci à des enfants. Les erreurs commises par ces futurs fonctionnaires de l’Éducation nationale sont en effet nombreuses.

Pour donner quelques exemples, le mot « chancelant » a donné lieu à « bon nombre d’interprétations fantaisistes », explique le jury de l’académie d’Amiens. En effet, ce mot a été défini, selon les étudiants, comme quelqu’un « qui chante bien, chanceux, qui fait de la magie, pas sage, qui génère de la lumière ». Face à ce constat, le jury recommande aux candidats « de fréquenter les œuvres littéraires du patrimoine et d’enrichir leur vocabulaire en analysant, de façon régulière, un certain nombre de mots et de procédés de style ».

Une autre erreur, « récurrente et inquiétante » a par ailleurs souvent été faite, il s’agit de la confusion entre l’imparfait et le conditionnel présent. « ‘Chantaient’ et ‘bégaieraient’ ont souvent été analysés comme étant conjugués au même temps », mentionne à son tour le jury de l’académie d’Aix-Marseille. Ce dernier rappelle en outre que « les qualités rédactionnelles demeurent essentielles pour ce concours ».

« Le recours exclusif à des références de la culture populaire contemporaine »

L’académie de Lille a quant à elle pointé une « confusion entre adjectif, pronom, déterminant, entre nature et fonction, méconnaissance des temps et de leurs valeurs, incapacité chez certains candidats à identifier le sujet d’un verbe ». Le jury de l’académie de Nancy-Metz a déploré « le recours exclusif à des références de la culture populaire contemporaine », soulignant que cela « ne saurait suffire pour des enseignants en devenir, appelés dans leurs missions à véhiculer des éléments culturels du patrimoine auprès de jeunes élèves ». À Amiens on pointe également « le faible nombre d’exemples littéraires ou cinématographiques au profit d’illustrations faisant appel aux séries que l’on peut voir sur Netflix ».

Le jury de Besançon en arrive à la conclusion que « ces productions dégagent une impression de pauvreté concernant les connaissances culturelles, d’absence d’ouverture sociale et de curiosité intellectuelle peu compatible avec le métier d’enseignant ».

« Nous avons atteint un point de non-retour », estime quant à lui Pierre Favre, le vice-président du SNE (le Syndicat National des Écoles). « Depuis les années 1990, des générations de jeunes adultes ont été formées dans une absence de fondamentaux », reconnaît-il.

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