Un référendum pour la Catalogne

7 septembre 2017 11:59 Mis à jour: 7 septembre 2017 09:54

Le gouvernement séparatiste catalan a convoqué mercredi soir un référendum d’autodétermination dans cette région du nord-est de l’Espagne pour le 1er octobre, ouvrant une très grave crise avec le pouvoir central.

Le texte a été signé à 23h26 (21h26 GMT) sous les flashes de nombreuses caméras et par l’ensemble du cabinet, pour marquer son union face aux menaces de poursuites judiciaires qui pèsent sur ses membres.

La signature intervient après la promulgation de la loi régionale organisant la tenue de ce scrutin, au nom du « droit du peuple catalan à décider de son avenir politique ».

Les parlementaires indépendantistes, majoritaires depuis 2015, ont estimé dans ce texte que « le peuple de Catalogne est un sujet politique souverain ».

Et vont jusqu’à instaurer un « régime juridique exceptionnel » qui prévaudra sur toutes les normes qui pourraient entrer en conflit avec la loi, ce qui équivaut à dire d’avance à l’État et à la justice qu’ils ignoreront leurs décisions.

La loi organisant le référendum a été adoptée avec 72 votes pour et onze abstentions.

Il n’y a pas eu de voix contre car les élus opposés au scrutin ont refusé de voter et quitté l’hémicycle, laissant derrière eux des drapeaux catalans et espagnols côte à côte.

Ensuite, dans une assemblée à moitié vide semblant incarner la division de la région en parts presque égales entre indépendantistes et partisans du maintien en Espagne, les séparatistes ont repris en cœur l’hymne de la Catalogne.

Ce chant, Els Segadors, qui fait référence au soulèvement populaire contre la couronne d’Espagne en 1640, a été entonné à l’issue d’une séance très houleuse de près de onze heures.

Par tous les moyens, l’opposition a tenté de freiner les séparatistes.

À peine trois semaines après les attentats des 17 et 18 août qui ont fait 16 morts et plus de 120 blessés en Catalogne, l’Espagne est ainsi confrontée à une de ses pires crises politiques en 40 ans de démocratie.

« C’est un coup de force contraire à la démocratie », avait dénoncé en milieu de journée la vice-présidente du gouvernement espagnol, Soraya Saenz de Santamaria.

Les personnes « aux commandes du Parlement et du gouvernement de Catalogne se rapprochent davantage des régimes dictatoriaux que d’une démocratie », a-t-elle lancé, annonçant la saisine de la Cour constitutionnelle pour tenter de faire annuler les débats, puis le vote de la loi.

La Cour n’examinera pas cette demande avant jeudi 10H00 (8H00 GMT), a précisé une porte-parole de la juridiction.

Le président de la région, le séparatiste Carles Puigdemont, s’est lui félicité de l’adoption du texte, assumant cette « prise de risque » collective.

« Nous défendrons jusqu’au bout le droit de tous les Catalans et Catalanes à (…) déterminer leur avenir », a-t-il dit.

Les séparatistes veulent consulter les Catalans pour déterminer si leur région de 7,5 millions d’habitants – 16% de la population espagnole – doit devenir « un État indépendant sous forme de République ».

Si les indépendantistes remportaient le référendum, ce territoire grand comme la Belgique et pesant 20% du PIB espagnol chercherait à se séparer de l’Espagne, mais sans consentement mutuel.

La Catalogne vit une poussée de fièvre sécessionniste, en partie alimentée par la crise mais aussi le sentiment d’être maltraitée par l’État central.

Le détonateur de la crise avait été, en 2010, l’annulation partielle par la Cour constitutionnelle du nouveau « Statut d’autonomie de la Catalogne », à la demande du parti du chef du gouvernement Mariano Rajoy. Le texte adopté en 2006 par le Parlement espagnol accordait des compétences élargies à cette région et la définissait comme étant une « nation » à l’intérieur de l’État espagnol.

Après avoir remporté les élections régionales en septembre 2015, les séparatistes ont promis de chercher à conduire à l’indépendance la Catalogne, qui a une langue et une culture propres.

Deux ans ont encore filé, sans véritable évolution du camp de M. Rajoy. En dépit d’une proposition de « dialogue » et d’investissements, il n’a pas cédé sur l’essentiel : l’exigence d’un référendum et de compétences renforcées.

Une partie de l’opinion publique régionale est lasse de ce débat. Plus de 70% des Catalans souhaitent une consultation qui réglerait la question.

L’Union européenne observe et a fait savoir qu’elle ne reconnaîtrait pas un État catalan.

Le gouvernement central a promis que le vote du 1er octobre n’aurait pas lieu… sans dévoiler son plan.

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