Un village sur la glace

11 décembre 2012 20:35 Mis à jour: 5 août 2015 20:41

 

Chaque hiver, depuis 75 ans, un village de 500 cabanes installées sur une rivière gelée permet aux amateurs de pêcher depuis le confort d’une cabane chauffée, à partir d’un trou dans la glace. L’expérience de la pêche aux petits poissons des chenaux à Sainte-Anne-de-la-Pérade, entre Trois-Rivières et Québec, est unique puisque c’est le seul endroit au monde où l’on peut pêcher le poulamon Atlantique sur une rivière. Il arrive en grande quantité à la même période de l’année pour se reproduire, au grand plaisir des pêcheurs qui sont assurés d’avoir de belles prises, peu importe leur expérience dans le domaine de la pêche.

Au Québec, la petite ville de près de 2000 habitants de Sainte-Anne-de-la-Pérade ne serait probablement pas très connue sans ses petits poissons des chenaux. Aussi appelé poulamon Atlantique, ce poisson a décidé de quitter la rivière Saint-Maurice, trop polluée, pour aller frayer dans la rivière Sainte-Anne. C’est en 1938 qu’un boucher a découvert cette quantité de poissons sous la glace qu’il venait de découper pour ses glacières. La nouvelle s’est rapidement propagée et les gens ont commencé à venir pour nourrir leur famille.

La pêche aux petits poissons des chenaux s’est popularisée jusque dans les années 1960-1970, une époque où un gros festival sur la rivière était organisé. Puis, la pêche commerciale a décimé la population de poulamons, et il y a eu une baisse de l’activité de pêche familiale et récréative. Enfin, en 1992, un moratoire a été instauré pour protéger le poisson, interdisant la pêche commerciale, et les conditions de pêche vont maintenant très bien.

Ailleurs au Québec, on peut faire de la pêche blanche pour attraper le doré, la perchaude, la truite, la morue ou le sébaste. Cependant, le poulamon, de la famille de la morue, ne se pêche qu’à Sainte-Anne-de-la-Pérade. Il arrive en quantité si grande qu’il est très facile de le pêcher. Même un enfant y arrive! Cela ne prend pas de permis de pêche et il n’y a pas non plus de quotas. Tout le matériel de pêche est fourni avec la location de la cabane.

À marée montante ou descendante, il y a toujours du poulamon lors de la saison qui s’étend de la fin décembre à la mi-février. Toutefois, Isabelle Durette, directrice générale de l’Association des pourvoyeurs de la rivière Sainte-Anne, reconnaît qu’il est «vrai que ça mord un peu mieux à la marée montante et quand la marée est haute. C’est un poisson qui est relativement paresseux, donc il se laisse pousser. Il arrive du fleuve, alors il rentre en plus grande quantité quand la marée monte.  Ce sont surtout les vieux pêcheurs d’expérience qui prennent ça très au sérieux».

Chaque hiver, un véritable village de 500 chalets est aménagé sur la rivière, créant une atmosphère vraiment unique. (Association des pourvoyeurs de la rivière Ste-Anne) 
Chaque hiver, un véritable village de 500 chalets est amu00e9nagu00e9 sur la riviu00e8re, cru00e9ant une atmosphu00e8re vraiment unique. (Association des pourvoyeurs de la rivière Ste-Anne)

Ce qui fait que la pêche aux petits poissons des chenaux attire en moyenne 100  000 visiteurs par an, c’est l’image du village concentré sur la glace avec son ambiance conviviale. Ailleurs, les cabanes sont éparpillées, mais ici il s’agit de 500 chalets confortables, les uns près des autres, avec des restaurants sur la glace, des patinoires et une grande glissade avec des tapis de glisse fournis gratuitement. La clientèle vient de partout au Québec, mais elle est de plus en plus internationale, particulièrement populaire chez les Européens francophones.

Chaque chalet peut accueillir entre 4 et 35 personnes. Ils sont tous chauffés, éclairés et disposent d’au moins une prise électrique. Quelques meubles permettent de se mettre à l’aise  : bancs, chaises, banquette et table. Ils ne sont toutefois pas équipés pour y dormir. Ceux qui veulent cuisiner doivent apporter leur vaisselle et utiliser la petite surface de cuisson disponible sur les poêles à bois.

Le petit poisson des chenaux est un poisson à chair blanche, de la famille de la morue, qui n’est pas très goûteux. Il faut l’apprêter avec des épices. La chair se détache bien. Dans la région de Sainte-Anne-de-la-Pérade, on le fait surtout frire.

Au niveau de la sécurité, aucune inquiétude à avoir  : «Cette année, ça va être notre 75e année et il n’y a jamais eu d’accident», rassure la directrice de l’Association. Une norme de sécurité oblige à avoir une épaisseur de glace de 12 pouces pour laisser les véhicules se déplacer sur la rivière. «Si jamais il fait très doux, c’est déjà arrivé qu’on ferme pour une journée ou deux par précaution», mais il faut que le temps doux se prolonge pendant une semaine pour que la décision de fermer soit prise.

Par contre, ce qui arrive souvent à cause du réchauffement planétaire, c’est que l’ouverture du village soit retardée de quelques jours. Au lieu d’ouvrir le 26 décembre, l’ouverture a été reportée au 1er janvier l’année dernière, et jusqu’au 7 ou 8 janvier une autre année. Cependant, la saison ne peut pas être prolongée pour autant, puisque le poisson repart une fois qu’il s’est reproduit.

Cette année, un festival va célébrer le 75e anniversaire de la pêche aux petits poissons des chenaux, les fins de semaine du 19 janvier au 10 février. Il y aura des feux d’artifice, des spectacles d’artistes connus sur la glace, des tournois de hockey et des jeux gonflables pour enfants. La programmation sera dévoilée à la fin de décembre sur le site Web de l’association. Mieux vaut réserver son chalet longtemps à l’avance pendant ces fins de semaine, et environ deux semaines à l’avance pendant le reste de la saison. En semaine, il y a toujours de la place, mais il est préférable d’appeler avant de venir pour s’assurer que son chalet soit chauffé avant son arrivée.

Du 26 décembre 2012 au 10 février 2013

Sainte-Anne-de-la-Pérade  : entre Trois-Rivières et Québec, à environ 2 heures de route de Montréal.

Pour en savoir davantage : associationdespourvoyeurs.com ou  418 325-2475

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