Une infirmière de la Première Guerre mondiale a restauré une maison vieille de 900 ans, son salon de musique est toujours intact

Les aviateurs du RAF Wyton voisin appréciaient la musique classique apaisante dans la maison pendant la Seconde Guerre mondiale

Par Louise Chambers
4 mai 2022 16:45 Mis à jour: 8 mai 2022 17:17

La propriétaire et résidente de l’une des deux plus anciennes maisons habitées en permanence en Grande-Bretagne raconte l’histoire de la restauration épique par sa belle-mère de cette maison vieille de 900 ans pour lui redonner son état d’origine normande. La maison est aujourd’hui un témoignage magnifique et tangible du passé et une attraction touristique dans l’est de l’Angleterre.

Lucy Boston, la belle-mère de Diana Boston, a acheté le manoir Green Knowe à Hemingford, dans le Cambridgeshire, le 31 mai 1939. Espérant que cette maison unique serait sa dernière demeure, Lucy s’est lancée dans le grand projet de restaurer la structure pour lui redonner sa gloire originale de l’époque normande.

« Pendant les centaines d’années de sa vie, la maison a été habitée par des locataires », a confié Diana, âgée de 82 ans, à Epoch Times. « Elle était rarement habitée par le propriétaire, donc les gens ne faisaient aucun changement à la maison ; ils ne dépensaient pas d’argent pour la maintenir en bon état, car elle ne leur appartenait pas. »

Le dévouement de Lucy à la restauration de la structure originale du manoir a trouvé un écho chez sa belle-fille. Les seuls changements significatifs qui subsistent sont une poutre érigée dans les années 1300, et l’électricité installée à la fin des années 1930.

« Il ne reste plus beaucoup de maisons normandes », explique Diana. « Vous pouvez imaginer les gens entrer par la porte d’entrée, vous pouvez les imaginer s’asseoir sur le rebord de la fenêtre s’ils voulaient faire quelque chose qui nécessite de la lumière, parce que, bien sûr, ils n’avaient pas d’électricité. C’est ce qui la rend si unique, le fait qu’elle n’ait pas changé. »

La façade avant la restauration du manoir Green Knowe, vieux de 900 ans, à Hemingford, Cambridgeshire en Angleterre (Avec l’aimable autorisation de Diana Boston)
Lucy Boston (Avec l’aimable autorisation de Diana Boston)

Née en 1892 à Southport, dans le Lancashire, Lucy était l’une des six enfants. Après avoir perdu son père à l’âge de 7 ans, sa sœur et elle ont été envoyées dans le sud de l’Angleterre pour terminer leur scolarité dans l’espoir de neutraliser leur accent du Nord. « À cette époque, il fallait parler un anglais pur, sans accent », explique Diana.

Lucy a étudié la littérature anglaise au Somerville College d’Oxford jusqu’à ce que la Première Guerre mondiale éclate. Elle quitte alors l’université pour suivre une formation d’infirmière et passe les années de guerre à soigner les patients d’un hôpital militaire en France. À la fin de la guerre, elle épouse un ami d’enfance, Harold Boston, et le couple s’installe à Liverpool. Mais Lucy est dévastée lorsqu’Harold la quitte en 1935. Elle s’enfuit en Europe pour s’en remettre.

« Elle a fini par vivre en Autriche. Puis il a semblé qu’Hitler allait s’emparer de l’Autriche », se souvient Diana. « Alors elle est revenue et a vécu dans un appartement à Cambridge, tout en essayant de trouver une maison qui allait lui convenir pour le reste de sa vie. Quelqu’un lui a dit un jour qu’il y avait une maison à Hemingford à vendre, alors elle a pris un taxi et est venue directement … ils ont obtenu une vente très rapide ! »

Le manoir Green Knowe (Avec l’aimable autorisation de Diana Boston)
Le salon de musique avec le gramophone original de Lucy (Avec l’aimable autorisation de Diana Boston)
(Avec l’aimable autorisation de Diana Boston)

Le manoir a été construit vers 1130 par un homme du nom de Payn Osmundsen, un locataire d’Aubrey de Vere. Il était autrefois la propriété de Richard Cromwell, le grand-père du célèbre général et homme d’État anglais Oliver Cromwell. Située à côté de la rivière Great Ouse, la maison a été construite en pierres qui ont dû être transportées par voie fluviale depuis un autre endroit d’Angleterre.

Environ 600 ans après sa construction, elle a été doublée et transformée en une grande maison avec une élégante façade géorgienne, une rénovation qui n’a duré que 70 ans jusqu’à ce qu’un incendie se déclare en 1798. Diana a souligné que les murs de pierre d’origine « très épais » ont protégé la structure.

Lucy avait vu le manoir pour la première fois bien des années avant de l’acheter, lors d’une promenade en barque sur la rivière avec ses frères en 1916. Diana affirme qu’elle en était tombée amoureuse et qu’elle y avait souvent pensé.

Lucy Boston (1892-1990) (Avec l’aimable autorisation de Diana Boston)
(Avec l’aimable autorisation de Diana Boston)

Lucy a acheté la propriété bien-aimée 24 ans plus tard, elle a mis ses compétences uniques au service de sa restauration. Jardinière passionnée et couturière de talent, elle a planté des arbres, des iris et des roses dans les deux grands jardins du manoir avec l’aide de l’horticulteur et expert en roses Graham Stuart Thomas, et a décoré les chambres à coucher avec des couvre-lits faits main.

« Pendant la guerre, elle faisait de simples pièces en patchwork. Tout le monde le faisait ; c’était une façon d’utiliser les vieux vêtements, vraiment le début du recyclage. Elle a apporté deux courtepointes (couvre-lits en patchwork) qu’elle a utilisées sur les lits de l’étage et a découvert qu’elles s’y adaptaient parfaitement », a dit Diana.

Lucy s’est même fait un nom parmi les artistes pour un motif unique, baptisé « Patchwork of the Crosses » (patchwork de croix).

Aujourd’hui, Diana continue à exposer les œuvres de Lucy dans la maison et emploie un jardinier, Kevin, et sa petite-fille pour aider à l’entretien des jardins.

Le patchwork de croix, la plus célèbre des œuvres artisanales de Lucy (Avec l’aimable autorisation de Diana Boston)
(Avec l’aimable autorisation de Diana Boston)

Selon Diana, le salon de musique de Lucy « n’a pas changé en 900 ans » et entrer dans cette pièce, c’est « comme marcher dans le passé. Vous pouvez presque sentir toutes ces personnes qui sont venues dans cette pièce avant vous, une merveilleuse ambiance », a-t-elle expliqué.

La pièce revêtait une importance considérable pour Lucy, qui utilisait la musique lorsqu’elle était infirmière en Autriche pour soulager le stress des patients et du personnel. « Elle avait avec elle un gramophone et quelques disques et elle trouvait une pièce qui était habituellement vide », a raconté Diana. Elle affichait un panneau disant : « Le mercredi soir à 20 heures, je jouerai des disques dans cette pièce. Tout le monde est le bienvenu pour venir écouter. »

Et les gens venaient, y compris ceux qui étaient blessés et ceux qui travaillaient à l’hôpital avec elle. Ils s’assoyaient tous, principalement sur le sol, pour écouter ensemble de la musique classique apaisante. Cela a si bien marché que Lucy a fait la même chose en Angleterre pendant la Seconde Guerre mondiale, en organisant des séances de musique au manoir pour les aviateurs de la RAF Wyton voisine. Cela est devenu si populaire que Lucy organisait des séances deux fois par semaine.

Le gramophone de Lucy se trouve encore aujourd’hui dans le salon de musique.

(Avec l’aimable autorisation de Diana Boston)

La riche histoire de la maison se répercute également d’autres manières. Lucy a rendu hommage aux nombreux anciens résidents du manoir avec une série de livres pour enfants basés sur des faits historiques. Sa série Green Knowe, illustrée par son fils Peter, lui a valu la médaille Carnegie en 1961.

Décrivant le thème de la série à Epoch Times, Diana a raconté : « Lucy a vraiment écrit sur ce qui s’est passé. En 1947, il y a eu une très grosse inondation, et beaucoup de maisons dans le village étaient inondées. Elle n’a pas pu sortir de chez elle pendant une semaine, ce qui lui a donné l’idée [d’un petit garçon qui arrive] de façon très spectaculaire dans le noir, en bateau, jusqu’à sa porte d’entrée. »

« Petit à petit, dans l’histoire, il rencontre et devient ami avec des enfants qui vivaient dans la maison il y a 600 ans. »

Diana a dit que Lucy, qui est décédée en 1990 à l’âge de 97 ans, est considérée par ses proches comme une femme « savante » qui aimait organiser des fêtes et aimait la musique, la poésie et la peinture. Aujourd’hui, le manoir Greene Knowe est la maison de Diana et accueille des visiteurs du monde entier.

Diana, qui a grandi dans une ferme au Kenya et s’est installée en Angleterre à 18 ans pour devenir enseignante, a quatre enfants et dix petits-enfants, qui profitent tous de sa demeure unique et historique. L’entretien est coûteux, concède Diana, c’est pourquoi elle organise des visites guidées, des spectacles dans le jardin en été et emploie un acteur pour raconter des histoires de fantômes pendant les mois d’hiver.

« C’est une maison très accueillante, les gens y viennent du monde entier. Les gens s’intéressent et aiment venir ici pour l’atmosphère qui est extraordinaire. Les gens aiment voir un endroit aussi ancien [qui a été] habité, parce que la plupart du temps, on ne voit que des ruines », dit-elle.

Vous trouverez ci-dessous d’autres photos du manoir Greene Knowe et des courtepointes de Lucy. Profitez-en !

(Avec l’aimable autorisation de Diana Boston)
(Avec l’aimable autorisation de Diana Boston)
(Avec l’aimable autorisation de Diana Boston)
(Avec l’aimable autorisation de Diana Boston)
(Avec l’aimable autorisation de Diana Boston)
(Avec l’aimable autorisation de Diana Boston)
(Avec l’aimable autorisation de Diana Boston)
(Avec l’aimable autorisation de Diana Boston)
(Avec l’aimable autorisation de Diana Boston)
(Avec l’aimable autorisation de Diana Boston)
(Avec l’aimable autorisation de Diana Boston)

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