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Une prise de contrôle de Taïwan par le PCC menacerait la sécurité des États Unis, selon des experts

Le sénateur américain Jim Risch affirme que Taïwan « ne sera pas la dernière cible » de l’agression du régime chinois.

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Des marins taïwanais saluent le drapeau de l’île sur le pont du navire ravitailleur Panshih après avoir participé à des exercices annuels, à la base navale de Tsoying, à Kaohsiung (Taïwan), le 31 janvier 2018.

Photo: Mandy Cheng/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Une prise de contrôle de Taïwan par le Parti communiste chinois (PCC) aurait de graves conséquences géopolitiques et économiques pour les États‑Unis, ont averti trois experts auditionnés par les sénateurs lors d’une session du 20 novembre.
L’audition, organisée par la commission sénatoriale des affaires étrangères, faisait le point sur la coopération américano-taïwanaise depuis la promulgation du Taiwan Enhanced Resilience Act, intégré à la loi budgétaire de défense 2023 et signé.
« Du point de vue de la sécurité, perdre Taïwan — ce que le général Douglas MacArthur qualifiait de “porte-avions insubmersible” — serait irréversible. Nous perdrions notre accès à la première chaîne d’îles et plus largement à la région. Et surtout, nous perdrions un partenaire démocratique et dynamique », a déclaré Lauren Dickey, spécialiste de la Chine au CSIS (Center for Strategic and International Studies), rappelant les propos de MacArthur lors de la guerre de Corée et l’importance stratégique de Taïwan pour le containment du communisme.
Lauren Dickey fut conseillère principale sur la politique taïwanaise au département américain de la Défense.
Quand on lui demande si Xi Jinping s’arrêterait à Taïwan en cas d’invasion, elle répond : « Je ne le crois pas. »
Le Taiwan Enhanced Resilience Act (ex-Taiwan Policy Act) a été déposé au Sénat en juin 2022, peu après que le ministre chinois de la Défense a menacé publiquement de « ne pas hésiter à engager la guerre » contre Taïwan afin d’« anéantir » toute velléité indépendantiste.
Parmi ses mesures, le texte accorde à Taïwan 2 milliards de dollars de prêts et 2 milliards de subventions annuels jusqu’à l’exercice budgétaire 2027 pour financer des achats d’armement.

Conséquences économiques et géopolitiques majeures

Selon Rush Doshi, directeur du China Strategy Initiative au Council on Foreign Relations, une attaque chinoise sur Taïwan coûterait l’équivalent de 10 % du PIB mondial, soit l’équivalent d’une seconde Grande Dépression.
Sur le plan géopolitique, l’Asie pourrait alors « ne plus être favorable aux États‑Unis », rendant la région « inaccessible » pour Washington. « Nous serions exclus de l’Asie où les États se rallieraient à la Chine », insiste M. Doshi, ajoutant que les États‑Unis auraient alors « d’immenses difficultés à rebâtir leur industrie sans investissements asiatiques ».
Récemment, la Corée du Sud a annoncé la signature d’un protocole d’accord avec les États‑Unis, visant 350 milliards de dollars d’investissements stratégiques outre-Atlantique. Le Japon a pour sa part promis d’investir 490 milliards de dollars dans le cadre de nouveaux partenariats sécuritaires et commerciaux.
Le géant des semi-conducteurs TSMC, leader mondial taïwanais de la microélectronique, construit trois nouvelles usines en Arizona pour un total de 65 milliards de dollars, et a annoncé un investissement additionnel de 100 milliards au printemps.
Si la Chine venait à priver les États‑Unis d’accès à TSMC, « l’impact serait catastrophique », prévient M. Doshi, notamment parce que la société taïwanaise fabrique la quasi-totalité des puces pour l’intelligence artificielle (IA) de firmes comme Nvidia. « Pratiquement toutes les puces Nvidia d’importance sont produites à Taïwan », résume-t-il.

Enjeu décisif pour le XXIe siècle

Si le PCC s’emparait de Taïwan, « notre avenir entier en IA serait entre les mains de Pékin », poursuit M. Doshi : « Si nous perdons cela, nous perdrons probablement le XXIe siècle. »
Bonnie Glaser, directrice du programme Indo-Pacifique de la German Marshall Fund, constate que, jusqu’à présent, le recours à la force n’est pas central dans la politique extérieure de Pékin. Mais cela changerait si le PCC annexait Taïwan par la force : « En cas de victoire militaire, l’usage de la force s’imposerait comme une norme dans la diplomatie de la RPC — contre le Japon, en mer de Chine méridionale, face à certains États revendicateurs ou, potentiellement, contre l’Inde —, au fur et à mesure que les capacités militaires chinoises progresseront hors de leurs frontières. »

Alerte sur la préparation militaire chinoise

La Commission d’examen économique et sécuritaire États-Unis-Chine a prévenu dans un récent rapport que les capacités militaires chinoises permettent désormais de bloquer ou d’envahir Taïwan « avec très peu de préavis ». Selon ce texte, le PCC « accélère ses préparatifs en vue de s’emparer de Taïwan par la force ».
Le sénateur Jim Risch (Idaho), président de la commission, prévient que Taïwan « ne sera pas la dernière étape » de l’agression du régime chinois : « Ne nous trompons pas : la Chine représente la menace la plus sérieuse à long terme pour les intérêts américains. Si nous laissons l’agression avérée de la Chine contre Taïwan sans réaction, cela ébranlera nos alliances indo-pacifiques et nuira gravement à notre capacité à rivaliser globalement avec la Chine. »
Frank Fang est un journaliste basé à New York. Il couvre les nouvelles en Chine et à Taiwan. Il est titulaire d'une maîtrise en science des matériaux de l'Université Tsinghua à Taiwan.

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