INSPIRANT

Une rencontre innocente dans un centre commercial se solde par le trafic sexuel d’une adolescente

mai 5, 2021 21:37, Last Updated: mai 10, 2021 6:40
By

Sabrina Lopez, comme beaucoup de jeunes adolescentes de Holyoke, dans le Massachusetts aux États-Unis, aime flâner au centre commercial. C’était en 2003.

Elle avait remarqué qu’il y avait souvent un grand groupe de jeunes qui se tenaint près d’une salle de jeux électroniques. Comme elle n’avait que 13 ans et était peu sûre d’elle, elle voulait en faire partie. Un garçon en particulier avait attiré son attention. Alors quand deux filles de son groupe l’ont abordée pour lui demander s’il lui plaisait, elle a dit oui.

Et elles ont dit : « Tu veux que je te mette en contact ?» raconte Sabrina à Epoch Times.

« J’ai dit oui, parce que je pensais qu’elles jouaient à Cupidon. Je ne savais pas que je venais de m’inscrire pour être exploitée. »

Peu après, le garçon, âgé de 16 ans, est devenu le petit ami de Sabrina et ils ont développé une relation pendant environ huit mois, jusqu’à ce que « cela commence à prendre une mauvaise tournure », a dit Sabrina.

Elle avait commencé à aller chez lui au lieu de chez sa meilleure amie pour le week-end, et laissait sa mère penser qu’elle était chez cette dernière.

« Ma mère n’a jamais eu de problèmes avec moi et c’est pourquoi elle n’a jamais remis en question quoi que ce soit », a dit Sabrina. « Je faisais tellement confiance. J’étais une fille qui allait à l’école catholique, une étudiante d’honneur, capitaine de mon équipe de basket. »

Certaines choses ne collaient pas, comme le nombre de jeunes filles qui entraient et sortaient de chez lui, mais Sabrina avait été élevée à ne pas juger et a laissé passer certains signaux d’alarme. Quand elle lui a posé la question, il a répondu : « Oh, ce ne sont que des amies. »

Quelque temps plus tard, alors qu’elle posait à nouveau cette question, il l’a frappée devant ses amis et lui a dit : « Quand les gars parlent, tu te tais », a dit Sabrina.

« Je ne savais pas quoi faire. Je ne pouvais pas appeler ma mère parce qu’elle ne savait pas. Je n’avais pas le droit d’avoir un petit ami. Elle ne savait pas où j’étais », a-t-elle ajouté.

« Je ne savais pas qui m’intimidait le plus : lui ou ma mère. »

Les violences physiques ont continué et c’est aussi à ce moment-là que les rencontres sexuelles ont commencé. Son petit ami est devenu son trafiquant, la prostituant pour de l’argent. Il la filmait, ce qui lui procurait des vidéos explicites pour la menacer.

« Mes enregistrements étaient utilisés comme moyen de chantage si je n’étais pas coopérative ou soumise », a dit Sabrina. « Sa mère, sa sœur, le beau-père, ils étaient tous dans le coup et savaient tous ce qui se passait. »

Pendant plus de 18 mois, le « service » de Sabrina à la maison commençait à 17 heures le vendredi.

Le comportement de Sabrina a changé, mais il était facile de le considérer comme une angoisse d’adolescente.

« De plus, à l’époque, ma mère s’occupait de mon frère aîné, qui faisait des allers-retours en prison », a expliqué Sabrina. Elle n’en a donc parlé à personne.

En 2004, à l’âge de 14 ans, Sabrina est tombée malade à l’école et a été renvoyée chez elle. Sa mère lui a demandé si c’était possible qu’elle soit enceinte et est revenue à la maison avec trois kits de grossesse, qui se sont tous révélés positifs.

Sabrina a dit avoir été soulagée de pouvoir enfin dire à sa mère ce qui se passait, « je lui ai dit ce que je pouvais comprendre et expliquer, car c’était il y a 15 ans et la traite des êtres humains n’existait même pas à l’époque. Il s’agissait plutôt d’agression sexuelle et de violence domestique », a-t-elle dit.

« Je me souviens qu’elle voulait porter plainte. Et j’ai dit : ‘Non, je ne veux pas m’occuper de ça. Je veux juste penser à quoi faire maintenant’. »

Entretemps, le fait d’être enceinte l’a rendue inutile pour son trafiquant.

« La dernière chose que mon exploiteur m’a dite, c’est : ‘Bonne chance pour trouver quelqu’un qui s’occupera de toi et de cet enfant.’ »

« Et j’ai dit, ‘OK’. Et c’est un peu là où je voulais en rester. »

Mais elle était jeune et la pression pour avorter a été constante pendant des mois. Tout le monde lui disait qu’elle allait devenir une statistique de mère adolescente vivant de l’aide sociale et sans éducation.

Déterminée, elle a gardé sa fille, qui a maintenant 15 ans.

« Elle m’a sauvé la vie, alors je lui devais la sienne », a dit Sabrina.

Sa mère lui a fait suivre une thérapie, mais la conseillère ne convenait pas à Sabrina. Elle voulait que Sabrina revienne sur les détails de ce qui s’était passé, mais Sabrina avait juste besoin de quelqu’un pour l’aider à planifier pour l’avenir immédiat et pour être une mère adolescente.

« C’était plus accablant que ce que je venais de vivre », a-t-elle dit.

L’avenir

Malgré les obstacles, Sabrina a terminé ses études secondaires et a obtenu un diplôme en administration de la santé. Elle s’est mariée et a eu quatre autres filles. En plus des deux filles que son mari avait eues auparavant, elle est donc la mère de sept filles, âgées de 2 à 19 ans.

Pendant des années, Sabrina est restée en colère et sur ses gardes, gardant tout en elle. Ce n’est que lorsqu’elle a commencé à travailler dans un centre d’accueil pour survivantes qu’elle a compris.

« Je me suis dit que j’étais en contact avec ces survivantes, d’une certaine manière, à un niveau personnel. Je peux comprendre ce qu’elles ont vécu », a-t-elle dit. « Et c’est là que j’ai enfin compris que j’avais été exploitée. J’avais été victime de la traite des êtres humains. J’avais été définitivement manipulée, contrôlée, soumise à du chantage et tout ce que vous voulez. »

L’année dernière, elle a pris la décision de s’exprimer publiquement.

« J’ai créé une page Instagram, sans penser à rien, en voulant simplement donner du pouvoir à d’autres survivantes. Et ceci a pris énormément d’ampleur en un an. Je sors enfin de cette obscurité et je l’accepte tout simplement. »

« Je suis plus qu’une survivante. Je suis plus que mon histoire. Je vais simplement faire quelque chose à ce sujet maintenant. Et c’est génial. »

Sabrina a reçu plusieurs commentaires d’autres survivantes et son objectif est de leur donner les moyens de raconter leur histoire.

« J’ai à cœur d’aider parce que je me suis sentie si impuissante. Alors je veux être là pour les survivantes de la même manière que j’avais besoin que quelqu’un soit là pour moi », a-t-elle dit.

Girl, Speak Up est maintenant une page Instagram et un site web, et Sabrina vient de l’enregistrer en tant qu’organisme à but non lucratif pour lutter contre le trafic sexuel.

Le site Web offre des informations et des possibilités de contacter Sabrina, ainsi que des informations, telles que briser le mythe selon lequel les trafiquants ciblent les victimes qu’ils ne connaissent pas. En réalité, indique le site, « plusieurs survivantes ont été victimes de la traite par des partenaires romantiques, y compris des conjoints, et par des membres de la famille, y compris des parents. »

Être parent

Sabrina, aujourd’hui âgée de 30 ans, a dit que l’une des plus grandes erreurs que les parents peuvent commettre est de laisser leurs enfants faire ce qu’ils veulent et de ne pas être présents dans leur vie.

Elle avertit les adolescentes et les jeunes adultes de ne pas envoyer de photos ou de vidéos d’elles-mêmes qu’elles ne sont pas prêtes à montrer à tout le monde.

Et, s’il est trop tard, « parlez-en à quelqu’un en qui vous avez confiance », a-t-elle ajouté. « N’essayez surtout pas de vous débrouiller toute seule. Surtout si vous êtes une adolescente. »

« Dites quelque chose, car on ne sait jamais ce qui va se passer. On ne sait jamais ce qui va se passer. »

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.

Voir sur epochtimes.fr
PARTAGER