Une réponse globale de la part des pays démocratiques sera nécessaire pour contrer la propagande sur le Covid-19 de Pékin

Le régime communiste enchaîne une vague de désinformation après l'autre pour attaquer et se défendre

Par Rahul Vaidyanath
8 mai 2020 21:01 Mis à jour: 8 mai 2020 21:01

Alors que les accusations se multiplient contre Pékin à l’égard de sa mauvaise gestion de l’épidémie ayant conduit à la pandémie de Covid-19, le régime chinois a intensifié sa propagande, à la fois pour se défendre et pour attaquer les autres. Selon les experts, le Canada est vulnérable sur le plan intérieur et une agence de sécurité nationale est insuffisante pour contrecarrer la menace.

Les États totalitaires utilisent la désinformation comme une stratégie de communication hostile plus large. Ils tentent de manipuler l’opinion publique en créant ou en partageant de fausses informations, et utilisent la désinformation, conjointement avec la coercition ou le « soft power », pour amener les gens à adopter des positions plus favorables à leur égard.

Les régimes totalitaires utilisent également la diplomatie du « loup combattant » (wolf warrior). Par exemple, la Chine a récemment menacé de boycotter les marchandises australiennes lorsque l’Australie a insisté pour qu’une enquête soit menée sur l’apparition du virus du PCC (Parti communiste chinois), communément appelé le « nouveau coronavirus ».

« Ils doivent le faire pour détourner l’attention, de toute évidence, de leurs propres fautes, qui sont principalement la suppression de données et d’informations concernant le coronavirus », a déclaré Marcus Kolga, membre important de l’Institut Macdonald-Laurier, au journal Epoch Times.

M. Kolga, stratège en communication numérique et expert en campagnes de désinformation, affirme que la propagande des acteurs étatiques malveillants est un problème sérieux et que le Canada n’en fait pas assez.

Il ajoute que la gestion de ce problème va au-delà de la responsabilité d’une agence de sécurité nationale.

« C’est un problème qui concerne l’ensemble du gouvernement et de la société, et nous devons adopter une approche gouvernementale globale, une approche sociale globale, – et à vrai dire – de la démocratie en général », a-t-il déclaré. « Le but ultime de tous ces gouvernements [totalitaires] est de miner et de subvertir nos démocraties. »

« Ils essaient de déstabiliser. »

Ils arrivent à leurs fins en nous retournant les uns contre les autres, a ajouté M. Kolga.

Se protéger

« Nous devons veiller à ce que les Canadiens soient conscients de ces récits de désinformation. Donc il faut faire une veille et les dénoncer lorsqu’ils arrivent », a déclaré M. Kolga.

Une étude sur la désinformation, publiée en 2018 par le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), indique que pour se protéger au niveau national et faire avancer leurs intérêts de politique étrangère, « Moscou et Pékin ont tous deux développé des doctrines d’information sophistiquées ». Cela inclut la coordination de messages sur de multiples plateformes telle que la télévision et les médias sociaux.

« La désinformation sert des objectifs stratégiques immédiats et à long terme », indique le rapport d’étude.

Il est impératif de sensibiliser le public afin qu’il puisse discerner ce qui est de la propagande de ce qui ne l’est pas. Il existe de nombreux moyens de contrer la menace, mais le rapport conclut que « rien ne garantit que même des contre-campagnes efficaces puissent venir à bout du flux important de communications malveillantes ».

Les Canadiens doivent savoir quels médias étrangers diffusent de la propagande – par exemple, la Russia Today (RT) ou l’agence de presse russe Sputnik et la Xinhua chinoise – et ils devraient y avoir des messages d’avertissement, comme ceux qui sont mis sur les programmes télévisés au sujet de contenu violent ou de langage grossier, a déclaré M. Kolga.

Sur le plan de la sécurité et la défense nationales, la désinformation est une attaque du front intérieur canadien par des Chinois et des Russes, et le Canada n’y a jamais été aussi vulnérable, en particulier lorsque la désinformation est associée à des cyber-menaces. Le 30 avril, Affaires mondiales Canada a publié une déclaration condamnant les cyberattaques contre les hôpitaux et les centres de recherche sur les traitement pendant la pandémie.

« Les campagnes de désinformation ne manquent pas, ce n’est pas seulement la Russie, ce n’est pas seulement la Chine, mais vous pouvez parier qu’ils sont heureux de profiter et de renforcer des messages qui n’aident pas nécessairement à résoudre cette pandémie », a déclaré Stephanie Carvin, professeur à l’université Carleton et ancienne analyste de la sécurité nationale, lors d’un webinaire organisé le 1er mai par l’Institut de la Conférence des associations de la Défense (Institut de la CAD).

Ce n’est pas parce que l’Armée a des cyber-experts qu’elle doit nécessairement être la première à lutter contre la désinformation, a déclaré Stephen Saideman, directeur du Réseau de défense et de sécurité canadien (Canadian Defense and Security Network), lors du webinaire de l’Institut de la CAD.

Il a ajouté que les Canadiens doivent s’assurer de ne pas répandre la désinformation que la Russie ou la Chine pourrait lancer dans notre cyberespace sur Facebook ou Twitter.

« Traitez ces choses de manière responsable », a déclaré M. Saideman.

Un exemple flagrant de propagande chinoise sur Twitter est la China Xinhua News (CXN) – qui compte 12,6 millions d’abonnés – donnant une vision très favorable de l’intervention de Pékin face au virus du PCC, et qui ment sur la gestion de l’épidémie des États-Unis.

Exemple du porte-voix du Parti communiste chinois, Xinhua, qui dénature la réponse américaine à la Covid-19. L’expert en désinformation Marcus Kolga appelle cela une « tactique classique ». (China Xinhua News)

Le flux Twitter de la China Xinhua News tweete normalement des nouvelles régulières, mais mélange aussi insidieusement de la flagrante désinformation. Ce compte semble donc relativement légitime, mais ses tweets de propagande sont repris et renforcés par des comptes qui sont manifestement faux – et il y en a des milliers. Ce tweet de désinformation a été partagé plus de 25 000 fois.

« Il s’agit d’une tactique classique », a déclaré M. Kolga.

Le 29 avril, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a déclaré à la Fox que la campagne de désinformation de Pékin visant à rejeter la responsabilité de l’épidémie de virus du PCC est une « désinformation communiste classique ».

« Nous connaissons le genre de choses que les partis communistes font pour essayer de gérer l’information à l’intérieur de leur propre pays et dans le monde entier », a-t-il dit.

Le 4 mai, ce dernier est devenu la cible de la machine de propagande de Pékin. « Le Diable Pompeo crache du venin et fabrique des mensonges sans fondement », a déclaré le diffuseur d’État chinois CCTV.

Un autre exemple est la déclaration d’un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères selon laquelle l’armée américaine aurait possiblement introduit le virus à Wuhan.

Un problème national

Le Canada n’a pas à braver des eaux inconnues pour mettre en place des mesures visant à lutter contre les marchands de propagande.

« Le Canada pourrait suivre l’exemple de l’Australie, qui a mis en place un registre des agents étrangers il y a tout juste un an », a déclaré M. Kolga. « Les États-Unis ont ce registre, et ce n’est pas vraiment nouveau. »

Les États-Unis ont été la principale cible de la campagne de désinformation de Pékin sur le virus du PCC, mais le Canada a également été compromis. Les démocraties ne sont que les dernières victimes d’une longue liste qui comprend les Tibétains, des intellectuels et les pratiquants du Falun Gong.

Le PCC cherche désespérément à contrôler le récit sur le virus et est ultra-sensible à toute critique. Il a sous-estimé le nombre réel de cas et de décès de Covid-19 et a menti, notamment au sujet de la transmission interhumaine du virus.

Alors que la pandémie commençait à faire la une des journaux du monde entier, les médias occidentaux ont considéré les données issues de la Chine sur les nombres de cas et de décès comme étant sacro-saintes et ont déclaré que les États-Unis étaient les plus durement touchés.

La pression et l’intimidation du PCC ont rendu le gouvernement canadien réticent à critiquer Pékin, et le Canada a été plus lent que plus de 50 autres pays à suspendre le trafic aérien en provenance de Chine. Pékin a félicité le Canada pour avoir agi ainsi.

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