Une usine du nord de la France accueille ses ouvrières ukrainiennes à domicile

Par Epoch Times avec AFP
26 mars 2022 14:50 Mis à jour: 26 mars 2022 14:58

Elles ont dû quitter leur pays, mais pas leur travail: des ouvrières ukrainiennes fuyant la guerre ont été accueillies dans le nord de la France par leur employeur français, une entreprise de textile, où elles continuent à fabriquer des manteaux.

Devant son ordinateur dans un vaste atelier éclairé par des verrières au sein de l’usine Lener-Cordier à Hazebrouck, Nadia Kotova juxtapose adroitement les pièces de drap à couper pour faire un manteau taille 38 avec le minimum de chutes.

L’atelier de Kiev est fermé depuis un mois

C’est le même travail qu’elle faisait à Kiev jusqu’au 24 février, dans le bureau d’études ukrainien de ce groupe familial français qui fabrique des manteaux, vestes et autres trenchs pour de nombreuses marques.

Le quartier a été bombardé, et l’atelier de Kiev est fermé depuis un mois.

« On s’est enfuis à Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, et M. Lener nous a proposé de venir en France », explique Mme Kotova. « On ne voulait pas partir: il y a mon mari, le mari de ma fille, mon frère là-bas… mais il y avait le travail, et il fallait mettre les enfants en sécurité ».

La modéliste est arrivée avec ses deux filles de 17 et 27 ans, et sa petite-fille de un an. Elle est logée temporairement dans une maison prêtée par une collègue française, puis devrait rejoindre un gîte prêté par des habitants de Hazebrouck, où la mairie a également mis des logements à disposition.

Comme elle, sept collègues ou ex-collègues sont arrivées avec des proches – soit 16 Ukrainiens depuis le 9 mars. Cinq de ces employés ont rapidement repris leurs fonctions au sein de l’entreprise.

Comme en témoignent les couleurs bleue et jaune très présentes dans ses locaux, Lener-Cordier entretient des liens de longue date avec l’Ukraine. Le groupe y est implanté depuis 1994 et y produit la majorité de ses manteaux, employant 250 salariés dans une usine installée dans l’ouest du pays depuis 2004.

Relocaliser ou recherche d’autres sites à l’étranger

Cette usine, épargnée par les combats, fonctionne toujours, et Lener-Cordier s’efforce de continuer à produire en Ukraine. « Mais il faut réfléchir au temps d’après », souligne le PDG, Frédéric Lener, évoquant relocalisation ou recherche d’autres sites à l’étranger.

L’employée réfugiée ukrainienne Nadia Kotova travaille à la création de vêtements à l’usine Lener-Cordier à Hazebrouck, dans le nord de la France, le 25 mars 2022. Photo de DENIS CHARLET/AFP via Getty Images.

Le groupe s’est appuyé sur ses équipes locales pour expédier de l’aide humanitaire par camions, rejoint par des producteurs de textile français réunis dans l’association Façon de faire, des sociétés de grande distribution ou de simples particuliers, venus déposer une palette de pommes de terre ou des médicaments.

Une fois les salariées du bureau d’études en sécurité hors de Kiev, « s’est posée la question: comment fait-on si notre bureau d’études est fermé en Ukraine? », explique M. Lener. « Certaines avaient déjà décidé d’aller en Pologne. Je leur ai proposé de venir en France et d’organiser leur accueil ».

« Ce sont des gens qu’on connaît depuis plus de 20 ans, des salariés, des collaborateurs, certains sont devenus des amis, c’était évident comme démarche, ça s’est passé très spontanément », souligne-t-il.

Une salariée franco-ukrainienne, Olga, ex-employée en Ukraine qui a rejoint il y a des années les ateliers de Hazebrouck après avoir rencontré son époux dans cette ville lors d’un voyage professionnel, sert d’interprète.

« Mes enfants sont protégés ici mais mon cœur est là-bas »

Les autres communiquent via des applications de traduction.

« On a l’habitude, on travaillait ensemble à distance », explique Valérie Loquet, responsable des modélistes. « On se connaissait déjà un peu, et quelque part, pour nous c’est plus simple de travailler côte à côte ».

Pour le moment, les cinq salariées sont considérées comme étant en mission. Et tous les membres du groupe sont en train de s’enregistrer en France, tout en gardant l’espoir de rentrer bientôt en Ukraine.

En attendant, la fille de Nadia devrait rejoindre sous peu un lycée français.

« La peur et la joie, toutes mes émotions sont mélangées. Mes enfants sont protégés ici mais mon cœur est là-bas », souligne Nadia, dont l’immeuble voisin du sien a été bombardé. « Je veux rentrer chez moi », conclut-elle, citant un proverbe ukrainien: « chez les amis c’est bien. Mais à la maison c’est mieux ». 

 

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