Vérité et tradition, qu’est‑ce que cela signifie ?

Par Rob Natelson
15 avril 2022 02:18 Mis à jour: 28 avril 2022 22:53

Juste sous la manchette d’Epoch Times se trouve la devise : « Vérité et tradition ». Qu’est‑ce que cela signifie ? Je ne m’exprime pas au nom du journal, je fais part de mes propres réflexions.

La vérité comme authenticité

La « vérité » est, bien sûr, la forme nominale de l’adjectif « vrai ». Un des sens de « vrai » est « authentique ».

Dans chaque génération, de grandes figures inspirantes insistent sur le fait que la vérité n’existe pas. Ce qui n’est pas sans rappeler la réponse donnée par Ponce Pilate au Christ dans l’évangile de Jean chapitre 18 verset 38 :

« Pilate lui dit : Qu’est‑ce que la vérité ? »

De tels personnages ont toujours un prétexte rationnel qui permet d’étayer leurs propres affirmations. Pour Ponce Pilate, il s’agissait peut‑être de quelque divagation sceptique à la manière des philosophes grecs. Deux excuses modernes sont la théorie de la relativité et la mécanique quantique : si tout est relatif, il n’y a pas de vérité ; si tout est incertain au niveau subatomique, il n’y a pas de certitude.

Mais les explications et les observations utiles sur un plan peuvent être trompeuses sur un autre. Au 19e siècle, certains écrivains étaient si enthousiastes à l’égard de la théorie biologique de l’évolution qu’ils l’ont appliquée à la société humaine. Ils spéculaient que la « survie du plus apte » parmi les humains nécessitait un combat à couteaux tirés opposant chaque individu à tous les autres. C’était l’idéologie athée et atomiste connue sous le nom de darwinisme social.

Nous comprenons aujourd’hui que le darwinisme social n’est pas une norme pour un épanouissement humain réussi. L’épanouissement humain passe par la compétition, certes, mais aussi par la coopération, la foi et la bienveillance.

De même, les théories de la relativité et de la mécanique quantique sont des déclarations sur la réalité dans des espaces extrêmement vastes ou minuscules. Ce ne sont pas des paradigmes applicables à la réalité humaine. Le fait que les vitesses soient relatives ne signifie pas que la moralité le soit. Le fait que tout soit bancal au niveau quantique ne signifie pas que tout soit bancal au niveau humain. Vous pouvez tester de vous‑même cette dernière proposition en fonçant tête baissée dans un arbre.

Si vous réalisez cette expérience et conservez vos facultés cognitives, vous comprendrez peut‑être que le mot « vrai » est lié au mot « arbre ». Pour les Indo‑Européens, dont la langue est à l’origine de la plupart des langues occidentales, les arbres étaient des exemples de dureté et de fermeté (certainement comparés à l’herbe, par exemple).

Il est peut‑être vrai que, même au niveau humain, la vérité absolue n’existe pas. Mais cela ne signifie pas que la vérité n’existe pas, pas plus que l’absence de cercle parfait ne prouve que la circularité n’existe pas. Nous pouvons tous distinguer différents degrés d’approche de la perfection, tout comme nous pouvons distinguer un cercle d’un triangle.

La vérité comme honnêteté

Une définition plus dynamique de la vérité est d’être honnête. Cela signifie être loyal, digne de confiance et sincère. Une personne « vraie » honore ses promesses, elle est transparente avec son entourage. Comme l’authenticité, cette forme de vérité est également une vertu journalistique.

Ainsi, en plus de rapporter des faits authentiques, un média d’information doit le faire pour des motifs honnêtes. Au jour d’aujourd’hui, les grands médias mainstream ayant pignon sur rue s’efforcent généralement de rapporter des faits authentiques, mais leurs motifs sont obscurs. Ils perdent donc en crédibilité dans le choix de leurs sujets et dans la manière très orientée dont sont construits leurs articles.

Certains lecteurs peuvent penser qu’il s’agit d’un phénomène récent. Mais le biais des médias mainstream ne date pas d’aujourd’hui. Lorsque j’étais adolescent dans les années 1960, j’ai remarqué que les journaux télévisés de NBC, ABC et CBS interviewaient fréquemment des sénateurs démocrates libéraux ou des sénateurs républicains très libéraux. Mais il était rare qu’ils interviewent un sénateur conservateur, à moins qu’il ne s’agisse de Barry Goldwater en Arizona – auquel cas la « discussion » était un barrage d’attaques journalistiques du début à la fin.

De même, j’ai remarqué que les médias grand public se concentraient davantage sur les événements importants pour les libéraux que sur les événements importants pour les conservateurs. Un événement libéral recevait une couverture respectueuse, mais un événement conservateur n’était pas considéré comme digne d’intérêt, à moins qu’un participant ne dise une bêtise ou ne porte un T‑shirt raciste, auquel cas les médias publiaient une tonne d’articles axés sur l’absurdité impardonnable de son propos ou son épouvantable T‑shirt.

J’ai personnellement été témoin de ce biais médiatique lorsque j’étais étudiant en droit et que j’ai organisé des contre‑manifestations pacifiques pour m’opposer à l’occupation d’un bâtiment universitaire par les communistes. Le New York Times a accordé une couverture considérable à l’occupation du bâtiment. Mais je me souviens de la déception sur le visage du journaliste du NY Times lorsque je lui ai dit que nous, les contre‑manifestants, n’étions pas des fascistes. Eh non ! Nous représentions un large éventail d’opinions, du conservateur au socialiste démocrate. Sur quoi, bien sûr, les médias n’ont jamais parlé de nous.

Ainsi, même lorsque les déclarations des médias grand public sont « vraies » au sens où elles sont techniquement exactes, elles ne sont généralement pas « vraies » en termes de représentation fidèle des événements, puisqu’une partie des opinions ou des options politiques sont purement et simplement éludées.

Dans sa couverture de l’actualité, Epoch Times cherche à être « vrai » à la fois en termes d’exactitude et d’honnêteté. Certes, il semble que le journal couvre davantage les questions importantes pour les conservateurs que pour les libéraux. Cependant, je pense qu’il y a deux bonnes raisons à cela : premièrement, comme nous le signalons dans de nombreux articles, nos demandes de commentaires auprès des sources libérales restent souvent sans réponses à l’heure de la mise sous presse, conformément à la « sagesse » politique qui consiste à éviter tout contact avec les médias non conformes. Deuxièmement, les grands médias nous saturent d’événements et de points de vue importants pour la gauche, de sorte qu’Epoch Times sait que nous en entendrons parler même s’il ne les rapporte pas. Mais si Epoch Times ne rapporte pas les événements et les points de vue importants pour les conservateurs, nous risquons de ne jamais en entendre parler.

Epoch Times fait une fixation sur l’authenticité, jusque dans la section Opinion du journal. Si je soumets un essai dont l’authenticité est douteuse, les rédacteurs me consultent à ce sujet ou effectuent eux‑mêmes la modification. En cas de doute, ils insistent pour que j’étaye ou corrige ma déclaration avant la publication.

Le sens « figé » de la tradition

La tradition, comme la vérité, peut être comprise dans un sens figé ou dans un sens dynamique. Dans un sens figé, la tradition fait référence aux coutumes et pratiques propres aux temps passés, la « sagesse des âges ». Dans un sens figé, la tradition évoque une façon de faire à un moment donné. Par exemple la tradition, aujourd’hui disparue, obligeant un homme à incliner son chapeau vers une dame en signe de respect.

Epoch Times met un point d’honneur à reconnaître la sagesse et la beauté des grandes civilisations du monde. Cela explique pourquoi le journal sponsorise Shen Yun, le spectacle de danse classique chinoise. Cela explique également pourquoi le journal insiste pour défendre la tradition occidentale contre des idéologies telles que le communisme qui, par nature, lui sont hostiles.

Si on se focalise uniquement sur le sens figé, la tradition comme paradigmes appartenant au passé, on peut estimer que la vérité et la tradition se contredisent sur certains points. De fait, certaines traditions obsolètes contredisent la vérité. Dans l’Italie de la Renaissance, la tradition géocentrique de l’Église catholique contredit le modèle héliocentrique du système solaire, plus proche de la vérité. Le conflit entre la vérité et la tradition existante n’aura certes pas été de tout repos pour Galilée, considéré comme le père de la physique moderne.

Cependant, la tradition existante peut contredire la vérité mais ce n’est pas systématique. D’une part, certaines traditions n’ont en aucun cas pour objectif de présenter des faits authentiques. Les beaux‑arts, par exemple, déploient une vaste panoplie d’artifices qui respecteront tous types de normes en se montrant scrupuleusement allergiques à l’authenticité. Les légendes allemandes, par exemple, (majestueusement adaptées par Wagner dans son Anneau du Nibelung entre autres) n’essaient en aucun cas d’établir la véracité historique d’un personnage tel que l’illustre vainqueur du dragon Siegfried.

D’autre part, certaines traditions sont de simples symboles et représentent ingénument des vérités universelles, admises partout et en tout temps. Une de ces vérités universelles est que les hommes doivent respecter les femmes. Le fait de tirer son chapeau symbolise cette vérité et, sans surprise, cette vérité était davantage honorée lorsque le fait de tirer son chapeau était plus courant. Charles Dickens rapportait qu’en Amérique au 19e siècle :

« Toute dame peut voyager seule, d’un bout à l’autre des États‑Unis, et être certaine d’être traitée partout de manière courtoise et respectueuse. … Et je n’ai jamais vu une seule fois, en aucune occasion, où que ce soit, au cours de mes promenades en Amérique, une femme exposée au moindre acte d’impolitesse, d’incivilité ou même d’inattention. »

Combien avons‑nous perdu avec cette subtile inclinaison de chapeau !

Certes, certaines traditions existantes reflètent des erreurs de fait. La tradition que Galilée a transgressée en est un exemple. Une autre était l’ancienne tradition qui excluait partiellement les femmes de la vie civique en leur refusant le droit de vote. (Évidemment, ce n’était pas une concomitance nécessaire au respect observé par Dickens.) Heureusement, dans une société dynamique, les traditions fondées sur des mensonges évidents ne constituent qu’une petite minorité de nos us et coutumes, et elles ne survivent généralement pas très longtemps. L’Amérique n’aurait pas pu prospérer autrement.

Le sens dynamique de la tradition

Une autre signification du mot « tradition » est beaucoup plus proche de son sens étymologique. Le terme « tradition » vient du nom latin traditio, qui signifie « transmettre » ou « remettre ». Le verbe latin correspondant est tradere, transmettre. Dans ce sens, la tradition est un processus : c’est le processus par lequel chaque génération mature transmet ce qu’elle a appris à la génération montante.

Nous avons tous une responsabilité dans cette forme de tradition. Les parents, par exemple, sont responsables de la transmission des connaissances à leurs enfants. Les éducateurs ont également d’importantes responsabilités à cet égard.

Malheureusement, nous vivons actuellement notre propre version de « La trahison des clercs » – la trahison des intellectuels. Dans une large mesure, nos écoles et nos universités non seulement négligent la sagesse des âges, mais tentent aussi activement de la subvertir. Les parents, à la dérive dans un océan de « culture » populaire toxique, ont souvent été mal éduqués eux‑mêmes et ne sont plus équipés pour entreprendre cette forme de tradition sans aide extérieure. Epoch Times se donne pour mission de soutenir les parents qui veulent malgré tout défendre leur identité culturelle et les valeurs harmonieuses qui leur sont associées.

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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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