Versailles : le roi est mort

27 janvier 2016 10:15 Mis à jour: 24 février 2016 19:29

Le château de Versailles consacre jusqu’au 21 février une grande exposition au tricentenaire de la mort de Louis XIV. Le roi Soleil est mort le 1er septembre 1715.

L’exposition réunit des œuvres d’art ainsi que des documents historiques. Portraits d’apparat, statues et effigies funéraires, tombeaux, manuscrit du récit de l’autopsie du roi, pièces d’orfèvrerie du Trésor de Saint-Denis, médailles en or ou mobilier liturgique des funérailles nommées « le grand théâtre de la mort » sont mis en scène comme un vrai opéra baroque.

Pour la première fois, une exposition est dédiée à la mort du Roi Soleil, monarque absolu et symbole des arts et des fastes.

L’exposition, qui se veut à la fois historique et scientifique, a été mise en place après trois ans de recherches de grande envergure.

Grâce aux témoignages et à une mise en scène spectaculaire, l’exposition permet d’examiner la mort de Louis XIV dans le contexte de l’époque ainsi que les rites de la cérémonie funèbre que l’on retrouve encore aujourd’hui dans certaines cours royales.

Il y a la France d’avant Louis XIV et celle d’après Louis XIV. Le roi qui a régné pendant 72 ans – le règne le plus long des rois de France et d’Europe, plus long encore que celui de la reine Victoria – fut le dernier bastion contre les idées des encyclopédistes.

C’est sous cette lumière que l’exposition examine la mort de Louis XIV et son impact sur les monarchies de France et d’Europe.

Le roi en représentation

De l’agonie à la mise au tombeau, la mort du roi tient de la représentation et joue un rôle fondamental pour la société de cour dont elle marque plus que jamais les rangs.

Jusqu’au dernier moment, l’homme privé donne la priorité à l’homme public. Le roi est résolu à assumer son rôle et à mourir en roi tout en subissant une douleur atroce alors que la gangrène dévore sa jambe.

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Dans Le Siècle de Louis XIV, Voltaire écrit : « Quoiqu’on lui ait reproché des petitesses, des duretés dans son zèle contre le jansénisme, trop de hauteur avec les étrangers dans ses succès, de trop grandes sévérités dans les choses personnelles, des guerres légèrement entreprises, l’embrasement du Palatinat, les persécutions contre les réformés ; cependant ses grandes qualités et ses actions, mises enfin dans la balance, l’ont emporté sur ses fautes. Le temps, qui mûrit les opinions des hommes, a mis son sceau à sa réputation ; malgré tout ce qu’on écrit contre lui, on ne prononcera point son nom sans respect, et sans concevoir à ce nom l’idée d’un siècle éternellement mémorable. »

Trois journaux de l’époque nous permettent de connaître les derniers jours du roi ainsi que les rites funèbres en détails.

Dans le journal du marquis de Dangeau on trouve :

Les premières atteintes du mal se manifestent le 10 aout 1715.

– Alité dans sa chambre à Versailles dès le 15 août, le roi ne change rien à ses occupations quotidiennes malgré sa faiblesse, ses douleurs et l’impuissance des médecins : messe, travail avec les ministres, repas en public, etc.

– Le 24 août, la gangrène est diagnostiquée, la fin paraît dès lors inéluctable.

– Le 25 août, fête de la Saint Louis, le roi reçoit l’extrême onction des mains du Grand aumônier, le cardinal de Rohan. Il règle sa succession avec les audiences du duc d’Orléans, du duc du Maine, des princes du sang qu’il informe de l’existence d’un testament.

– Le 26 août, ce sont les adieux à la famille royale, au Dauphin de 5 ans, à ses officiers. L’affliction générale contraste avec la sérénité souveraine de l’agonisant.

– Le 30 août, c’est l’adieu à Mme de Maintenon.

– Le 1er septembre, à 8h23 selon Dangeau, le roi rend son dernier souffle.

La mort de Louis XIV au palais de Versailles par Thomas Jones Henry Barker vers 1835. Huile sur carton.(Thomas Jones Henry Barker (1815-1882) © Saint-Quentin, Musée Antoine Lécuyer/Gérard Dufrêne)
La mort de Louis XIV au palais de Versailles par Thomas Jones Henry Barker vers 1835. Huile sur carton.(Thomas Jones Henry Barker (1815-1882) © Saint-Quentin, Musée Antoine Lécuyer/Gérard Dufrêne)

Le lendemain du décès, le corps de Louis XIV est embaumé selon un rituel fixé dès le Moyen Âge. Le procès-verbal de l’ouverture révèle que le côté gauche du corps est gangréné depuis l’extrémité du pied jusqu’au sommet de la tête.

Après l’autopsie, le corps du roi est triparti : corps, entrailles et cœur. L’embaumement est réalisé selon un protocole bien décrit par Dionis, autre chirurgien de la cour.

Les entrailles, le cœur et le corps auront chacun leur cérémonie avec trois lieux distincts de sépulture.

Toute la cour est en deuil, chacun porte un habit différent de longueur et de couleur – noir, violet ou blanc – selon sa proximité avec le défunt.

Depuis la fin du Moyen Âge, le convoi funèbre qui conduit la dépouille du souverain de son lieu de décès à celui de son tombeau est un haut moment des funérailles monarchiques.

Le 9 septembre 1715, le corps de Louis XIV quitte Versailles sur un char drapé de noir croisé d’argent aux armes de France, tiré par huit chevaux caparaçonnés de même. Le convoi part à l’abbaye royale de Saint-Denis en une longue procession de 2 500 personnes endeuillées qui serpente pendant une dizaine d’heures à la lumière des flambeaux, au son des tambours et hautbois de la marche composée par Philidor.

Le cercueil arrive le lendemain, mais la grande cérémonie des obsèques ne se tient que le 23 octobre. Durant cet intervalle, le corps du roi est honoré dans la chapelle ardente qui est entièrement restituée à l’entrée de l’exposition.

Durant cet intervalle, un décor éphémère est installé pour transformer l’église abbatiale, occultant son architecture gothique sous un apparat de style baroque.

300 ans après sa mort, l’héritage que nous a laissé Louis XIV éblouit toujours le monde entier.

 

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