Une vidéo choquante dénonce la maltraitance animale et l’insalubrité dans un abattoir de Madrid

Par La Gran Epoca
20 septembre 2019 22:41 Mis à jour: 20 septembre 2019 22:41

Avertissement : cet article contient une vidéo et des descriptions explicites.

Des agneaux paralysés, peut-être par peur, peut-être par maladie, sont battus et jetés sans égards dans une chaîne d’abattage. D’autres sont abattus sans étourdissement préalable dans une chaîne où la hâte règne avant toute considération. Pour d’autres encore, on leur place la marque auriculaire, l’identification dans l’oreille, juste avant d’entrer dans la chaîne d’abattage qui les conduit à leur mort. Ce sont quelques-unes des scènes que l’on peut voir dans la vidéo que l’organisation Equalia a fournie aux médias comme moyen de dénonciation publique. Elle est accompagnée d’une dénonciation pénale adressée à la société qui gère l’abattoir de Madrid Cárnicas Salvanés, où les images ont été filmées.

« La plainte peut être classée en trois parties : bien-être animal, hygiène et sécurité alimentaire », explique Guillermo Moreno, coordinateur général d’Equalia. Par manque d’hygiène, M. Moreno fait référence au fait que « les installations, les enclos, sont pleins d’excréments, d’urine, ce qui favorise la prolifération des puces et l’accumulation des gaz qui peuvent affecter les travailleurs ».

En ce qui concerne la sécurité alimentaire, « d’une part, nous avons détecté des animaux qui n’avaient pas de marque auriculaire et à qui on l’installait, alors qu’ils doivent entrer dans l’abattoir déjà identifié car sinon il n’y a aucune traçabilité. Il y a aussi des animaux malades qui auraient dû être abattus sur place ; s’ils ne peuvent pas tenir debout, ils doivent être abattus là où ils se trouvent et non être traînés dans la chaîne d’abattage, ce qu’on voit souvent ».

La partie sur le bien-être des animaux ne semble pas avoir besoin d’être expliquée après avoir visionné la vidéo.

À travers le quotidien 20 minutes, l’organisation a essayé sans succès de contacter l’abattoir montré dans ces images qui sont arrivées de manière anonymes à Equalia. Cependant, le directeur de Cárnicas Salvanés avait auparavant tout nié au journal El País, assurant que son entreprise se conformait à toutes les réglementations. Plus tard, il a déclaré à une journaliste de Telemadrid qui s’était rendue à la porte de l’abattoir que « tout était un mensonge », qu’ « ils ont filmé cent heures pour obtenir seulement les points qui les intéressaient » et qu’ils l’ont fait « sans permission ». Il a quand même reconnu que « les images ne sont pas belles du tout », ajoutant que « je ne dis pas que certaines irrégularités n’ont pas été commises » ni que des mesures n’ont pas été prises contre l’employé qui apparaît dans la vidéo, car « on ne peut pas faire ça ».

« Nous ne demandons pas aux gens d’arrêter de manger de la viande, mais de contrôler ces aspects dans les abattoirs », explique le porte-parole d’Equalia, une organisation qui a lancé il y a dix mois une campagne pour s’assurer qu’il y ait des caméras dans tous les abattoirs comme c’est déjà le cas dans d’autres pays. « En Angleterre, en Écosse et en Israël, ça existe déjà ; en Allemagne, il y en aura bientôt. En France, elle était sur le point d’être homologuée, mais presque tout le monde a maintenant des caméras », indique M. Moreno.

L’organisation a élaboré un protocole qui est signé par de plus en plus d’entreprises. Guillermo Moreno donne comme exemple El Pozo, qui l’a déjà adopté, ou Carrefour, qui a également demandé que tous ses fournisseurs aient des caméras. Ils négocient aussi un avant-projet de législation avec différentes communautés autonomes. Ils rencontrent les groupes politiques de Madrid, de Cantabrie et de Castille-et-Léon, l’endroit « où c’est le plus avancé. Nous recevons un bon accueil parce que ce que nous demandons, c’est quelque chose dont tout le monde bénéficiera vraiment ».

Dans leur protocole, ils demandent qu’il y ait des caméras dans les zones de manipulation des animaux vivants, et pas seulement cela, mais aussi « que les images soient conservées pendant un mois conformément à la loi sur la protection des données, et que l’abattoir ainsi que le service vétérinaire officiel de chaque communauté autonome y aient accès ».

« Les contrôles doivent être intensifiés. »

« En l’absence d’une connaissance approfondie du protocole, je ne pense pas que ce soit une mauvaise idée d’avoir des caméras. Bien qu’il soit difficile de passer en revue autant d’heures d’enregistrement, ce n’est qu’un outil de contrôle de plus. Ils sauront qu’ils sont filmés », indique une vétérinaire consultée par 20 minutes, une experte en salubrité des aliments qui a de l’expérience dans les abattoirs, qui soutient que « nous avons les outils, la législation nécessaire, il nous faut intensifier les contrôles pour que des choses comme celle-ci n’arrivent plus. Les gens n’ont pas l’air de bien faire les choses si vous ne les surveillez pas ».

Cette vétérinaire trouve particulièrement grave l’introduction tardive des marques auriculaires : « La sécurité alimentaire est basée sur la traçabilité. Les crises alimentaires en Europe, comme celle de la vache folle, ont mis en évidence le problème de la sécurité alimentaire et les réglementations ont été modifiées pour contrôler la traçabilité à tous les stades. Cela exige que dans l’abattoir, les animaux doivent entrer déjà identifiés. S’ils ne le sont pas, ils peuvent appartenir à n’importe qui. »

Il est également grave que des animaux malades entrent dans la chaîne alimentaire. Elle explique que « le vétérinaire doit faire une inspection avant et après la mort ou la déléguer à un technicien qualifié. Cette inspection porte également sur l’état d’hygiène dans lequel se trouve l’animal ».

Le rituel Halal

La législation européenne et nationale en vigueur exige que les animaux soient complètement désensibilisés avant l’abattage. La seule exception est l’abattage rituel casher et halal pratiqué par la communauté hébraïque et une grande partie de la communauté musulmane, une exception qui n’est pas sans controverse. Plusieurs organisations se demandent d’ailleurs pourquoi une croyance religieuse devrait être placée au-dessus de la souffrance animale.

Cependant, le moment de l’égorgement montré dans la vidéo ne répond pas à l’un de ces rites. M. Moreno précise que, bien que Cárnicas Salvanés ait la certification pour le faire, les images montrent que ce qui se passe, c’est que « l’ouvrier avec les pinces à étourdissement néglige ses fonctions à cause du grand nombre d’agneaux qui arrivent ».

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