84.000 euros de tenues et 120.000 euros de voyages : les notes de frais d’Anne Hidalgo sous le feu des critiques

La maire de Paris, Anne Hidalgo.
Photo: Crédit photo Sascha Schuermann/Getty Images
Les notes de frais d’Anne Hidalgo, maire de Paris, ont été rendues publiques après une longue bataille judiciaire menée par une association. Elles révèlent près de 210.000 euros dépensés en quatre ans pour des vêtements et des voyages officiels, suscitant une vive polémique.
Selon les éléments rendus publics ce mardi par Mediapart, entre 2020 et 2024, Anne Hidalgo aurait engagé environ 84.200 euros pour ses tenues et 125.000 euros pour ses déplacements internationaux. Ces frais, officiellement justifiés au titre de la représentation institutionnelle de la mairie, comprennent notamment des achats de vêtements de luxe et de nombreux voyages aux quatre coins du monde.
Des « voyages officiels », à New York, Tokyo, Tahiti
C’est l’association Transparence citoyenne qui, en saisissant la justice, a révélé les dépenses personnelles de la maire de Paris. Selon les tickets de caisse dévoilés par Mediapart, Anne Hidalgo aurait acheté deux robes Dior à 6320 euros chacune en 2024, un manteau Burberry pour 3067 euros en 2023, une blouse Dior à 1120 euros en 2021 et une veste Burberry à 1087 euros en 2020. D’autres achats, plus fréquents mais moins coûteux, concernent des enseignes comme Gérard Darel, Repetto ou le BHV Marais, pour des montants généralement compris entre 500 et 1000 euros.
Côté déplacements, l’enveloppe totale de 125.000 euros couvre plusieurs voyages onéreux. Anne Hidalgo aurait notamment effectué deux séjours à New York, facturés 10.034 euros en 2022 et 9810 euros en 2023, ainsi qu’un déplacement à Tokyo pour les Jeux paralympiques en 2021, pour un montant de 12.687 euros. En octobre 2023, elle s’est rendue à Tahiti pour visiter le site olympique de surf, un voyage facturé plusieurs milliers d’euros et qui a suscité la controverse, la maire ayant prolongé son séjour pour des raisons privées.
Des frais « encadrés »
Pour se défendre, le cabinet d’Anne Hidalgo a mis en avant la nécessité de représenter la ville et la France à l’international, ainsi qu’une enveloppe annuelle légale d’environ 20.000 euros dédiée à ces frais. Une partie des sommes non utilisées serait reversée chaque année à la collectivité. Selon le quotidien, la maire aurait ainsi laissé un solde non dépensé de 714 euros en 2024, 4900 euros en 2023, 5800 euros en 2022, 14 euros en 2021 et 2800 euros en 2020.
La mairie a rappelé au Parisien que « les frais de représentations de la maire de Paris et des maires d’arrondissement sont encadrés ». Après avoir « opéré un contrôle » sur ces dépenses et sur « les justificatifs produits », l’Urssaf n’aurait d’ailleurs relevé aucune irrégularité, précise le quotidien francilien. Mais ces explications n’ont pas suffi à éteindre la polémique, qui reste vive dans un contexte de fortes tensions financières pour la capitale et à l’approche des municipales.
« De quel droit nos impôts paieraient tout ça ? »
Dans le camp de l’opposition parisienne, on dénonce des dépenses ahurissantes. « Tout cela payé avec l’argent public, l’argent des Parisiens. Dans une opacité totale, sans jamais solliciter le vote du Conseil de Paris pour obtenir un mandat pour ses déplacements », s’est agacé sur X le 16 septembre dernier le conseiller LR Aurélien Véron. Paul Hatte, conseiller de Paris (17ᵉ) et vice-président de l’opposition municipale, s’est lui aussi indigné. « Hallucination », a-t-il écrit en lettres majuscules sur le réseau social, ajoutant : « Je rappelle : aucun entrepreneur ni commercial n’a le droit de déclarer ses costumes comme une charge professionnelle. » Et de conclure : « De quel droit nos impôts paieraient tout ça ? »
Ces révélations ont aussi outré de nombreux internautes, certains allant jusqu’à réclamer la démission de la maire. Une polémique qui vient ainsi nourrir les critiques déjà vives sur la gestion d’Anne Hidalgo, pointée pour l’alourdissement de la dette et l’austérité imposée à plusieurs politiques municipales.
Face aux critiques, le cabinet d’Anne Hidalgo a contre-attaqué en visant sa principale rivale, Rachida Dati, maire du 7ᵉ arrondissement et candidate à la mairie de Paris, actuellement mise en cause pour omission de déclaration de bijoux de valeur. Il a aussi accusé l’association Transparence citoyenne d’être « financée par le milliardaire Pierre-Édouard Stérin » et de se montrer « proche de l’extrême droite ». Une accusation contrée par l’association, qui affirme enquêter également sur des élus issus de l’extrême droite.

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