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À peine nommé, le gouvernement Lecornu menacé par deux motions de censure

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Photo: THOMAS SAMSON/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Deux motions de censure, l’une déposée par La France insoumise (LFI) et l’autre par le Rassemblement national (RN), seront examinées jeudi matin à l’Assemblée nationale, dernier obstacle avant l’étude du budget.

Le scrutin, attendu serré, devrait se solder par un rejet, faute de soutien du Parti socialiste (PS).

Un débat commun dès 9 heures

Le débat commun sur les deux textes débutera à 9h00 dans l’hémicycle et durera environ deux heures et demie. Les députés voteront ensuite successivement, pendant trente minutes pour chaque motion.
Si la gauche ne votera pas celle du RN, la motion de LFI bénéficiera des voix de l’extrême droite, ainsi que de députés écologistes et communistes. Il manquerait néanmoins une vingtaine de voix pour atteindre les 289 nécessaires à la censure du gouvernement, nommé dimanche.

Le RN espère un basculement

Marine Le Pen, qui défendra le texte du RN et de ses alliés ciottistes, a déclaré mardi : « Je pense qu’il manque une poignée de voix et que la sagesse peut revenir à certains. » Sa motion plaide pour une dissolution afin de « sortir » le pays « de l’impasse ».
Parmi les Républicains, « deux ou trois » députés devraient voter la censure, selon une source du groupe. Des « votes pour » sont également envisageables parmi les indépendants de Liot, d’après une source centriste.

Les socialistes confortés par la suspension des retraites

Le Parti socialiste, après avoir obtenu mardi plusieurs concessions – notamment la suspension de la réforme des retraites annoncée par Sébastien Lecornu dans sa déclaration de politique générale –, a décidé de ne soutenir aucune motion.
Le premier secrétaire Olivier Faure et le président du groupe Boris Vallaud ont appelé leurs députés à respecter cette ligne adoptée « quasi unanimement ».

Des dissidences au sein du PS

Quelques voix discordantes se font toutefois entendre. Le député Paul Christophle a affirmé qu’il censurerait malgré tout : « Mon sujet, c’est la justice fiscale et le pouvoir d’achat. Il n’y a pas d’engagement du gouvernement sur ces sujets. »
Cinq autres élus socialistes ultramarins ont également annoncé leur intention de voter la censure.
Pierrick Courbon hésite encore. Il redoute que la suspension de la réforme des retraites, prévue via un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), n’oblige les socialistes à soutenir « le PLFSS du budget Macron ». « Il n’obtiendra jamais ma voix », confie-t-il à l’AFP.

La France insoumise relance la pression

La France insoumise reprend le même argument. « Vous vous apprêtez à commettre une monumentale erreur », a lancé lundi dans l’hémicycle le député Louis Boyard aux socialistes.
La motion insoumise, défendue jeudi par Aurélie Trouvé, dénonce un « leurre » : « Le débat ouvert sur un éventuel décalage de la réforme des retraites est un leurre, comme l’a été avant lui le ‘conclave’ de François Bayrou. »

Lors de la précédente motion de censure visant le gouvernement Bayrou, huit socialistes avaient défié la consigne de leur parti. François Bayrou avait ensuite perdu un vote de confiance début septembre, devenant le deuxième Premier ministre à tomber depuis la dissolution de 2024, après Michel Barnier en décembre.

Une majorité fragile avant la bataille budgétaire

Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit au vote, les discussions budgétaires pourront s’engager. Le projet, présenté mardi en Conseil des ministres, sera examiné dès lundi par la commission des Finances, avant son arrivée dans l’hémicycle vendredi.
Le Premier ministre, qui s’est engagé à ne pas recourir à l’article 49.3, devra affronter une bataille parlementaire serrée, entre une gauche désunie, un bloc majoritaire fracturé et une droite nationaliste offensive.
Les socialistes se réservent par ailleurs la possibilité de déposer une nouvelle motion en cours de débat.

« Je ne pense pas que le gouvernement sera censuré demain, mais il sera très fragile », estime un député Horizons.

Avec AFP