« À Rungis, chaque entreprise donne avec son cœur » : 2,4 millions de repas offerts en 2020 par les grossistes du marché

Par Nathalie Dieul
30 mars 2021 03:59 Mis à jour: 10 mai 2021 06:24

Les invendus ont été plus nombreux que d’habitude en 2020 au marché de Rungis (Val-de-Marne). La bonne nouvelle est que les dons alimentaires aux associations ont aussi connu une année exceptionnelle.

« Nos grossistes ont donné 1 250 tonnes de denrées alimentaires en 2020 auprès des 65 associations qui collectent régulièrement sur le MIN [Marché d’intérêt national, ndlr], soit l’équivalent de 2,4 millions de repas », rapporte fièrement au Parisien Stéphane Layani, président de la Semmaris, la société d’économie mixte qui gère le marché.

L’année 2020 a été ponctuée de mauvaises surprises pour le marché international de Rungis, qui est le plus grand marché de produits frais au monde. Entre les fermetures des restaurants, celles des cantines ou encore celles des marchés extérieurs qui se sont succédé, de nombreux aliments, en particulier des fruits et légumes, se sont retrouvés sans acheteurs.

Parallèlement à cela, un grand nombre de personnes vulnérables avaient besoin d’un coup de pouce pour pouvoir se nourrir. Les associations se sont donc démenées pour faire le lien entre les deux et éviter le gaspillage.

Cela fait plus d’une dizaine d’années que Rungis a mis en place un système pour éviter le gaspillage alimentaire. En 2019, Le Figaro rapportait que le marché où transitent 2,8 millions de tonnes de marchandises chaque année générait 46 000 tonnes de déchets qu’il s’évertuait à diminuer grâce à des acteurs locaux. Le coût de traitement de ces invendus serait d’ailleurs très élevé s’ils étaient tous détruits parce que lourdement taxé.

Avec la crise sanitaire, ces associations ont réagi rapidement pour aider Rungis à faire face à la nouvelle réalité due au premier confinement. Par exemple, l’association Handi’cap insertion internationale, de Villejuif, raconte dans un autre article du Parisien datant d’avril 2020 comment elle s’est activée.

« J’ai contacté des gens au marché de Rungis, j’ai demandé si des grossistes accepteraient de nous donner quelques palettes d’aliments pour les personnes vulnérables. En parallèle, j’ai posté des messages sur Facebook pour trouver les associations intéressées », se réjouit son président, Dan Lahsene Tebani. « Tout le monde s’est débrouillé, a trouvé des camions et des bras pour venir. »

Sur les 1 250 tonnes de denrées alimentaires données en 2020, 20 % ont été redistribuées au Potager de Marianne, qui récupère les fruits encore bons une fois triés. L’association les revend ensuite dans l’une de ses 350 épiceries solidaires, en fonction du niveau de revenus de ses clients, indique FranceInfo. Une retraitée aux revenus modestes comme Georgina Garcia peut ainsi acheter un kilo d’oranges pour la modique somme de 15 centimes d’euros.

Un autre pourcentage équivalent est donné au réseau Phénix, tandis que les 60 % restants sont fournis directement à diverses associations par les grossistes eux-mêmes.

Rungis a même une page dédiée pour expliquer comment une entreprise de l’immense marché peut confier ses invendus au Potager de Marianne, précisant que « l’association est en capacité de récupérer tous types de produits sous deux heures ».

Les dons ne se limitent pas à ce qui se serait perdu : certaines denrées rares et chères comme la viande, pour laquelle il n’y a pratiquement jamais d’invendus, font parfois l’objet de cadeaux. Un exemple ? La semaine dernière, 200 kilos de bœuf ultra frais ont été offerts aux Restos du cœur. Chaque grossiste a contribué avec 20 à 30 kilos de viande, ce qui n’est pas grand-chose pour eux puisque chacun d’entre eux négocie une moyenne de 50 tonnes.

« À Rungis, chaque entreprise donne avec son cœur », précise Jean-Michel Peuch, président d’Unigros qui fédère les grossistes du MIN.

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