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Affaire Legrand-Cohen : CNews est « une chaîne d’extrême droite », accuse la patronne de France Télévisions

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La directrice générale du groupe France Télévisions Delphine Ernotte Cunci.

Photo: LUDOVIC MARIN/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

En plein bras de fer entre l’audiovisuel public et les médias du groupe Bolloré, la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte Cunci, a qualifié CNews de « chaîne d’extrême droite » dans un entretien publié jeudi par Le Monde.

« Il faut admettre que CNews est un média d’opinion. Qu’ils assument d’être une chaîne d’extrême droite ! », a-t-elle déclaré, employant pour la première fois ce terme à l’égard de la chaîne d’information en continu, désormais première en part d’audience.

Le contexte : l’affaire Legrand-Cohen

Mme Ernotte Cunci et la présidente de Radio France, Sibyle Veil, ont été entendues mercredi par l’Arcom au sujet de l’affaire Legrand-Cohen.

Cette controverse a éclaté début septembre après la diffusion, par le magazine conservateur L’Incorrect, d’une vidéo montrant les journalistes Thomas Legrand (France Inter, Libération) et Patrick Cohen (France Inter, France 5) en discussion avec deux responsables socialistes. Les deux hommes sont depuis accusés de proximité avec le PS.

À un an et demi de la présidentielle de 2027, cette affaire a fait émerger une confrontation inédite entre médias publics et médias privés.

Un conflit inédit avec la galaxie Bolloré

D’un côté, les médias appartenant au milliardaire conservateur Vincent Bolloré – dont CNews, Europe 1 et le Journal du Dimanche – accusent l’audiovisuel public de partialité en faveur de la gauche. De l’autre, France Télévisions et Radio France contestent ces attaques et appellent au soutien de l’Arcom et des pouvoirs publics.

« La galaxie médiatique de Vincent Bolloré veut la peau de l’audiovisuel public, réclame sa privatisation, et l’exprime avec violence (…). À un moment, il faut dire stop », a lancé Mme Ernotte Cunci dans Le Monde.

Mise en garde contre la « post-vérité »

La présidente de France Télévisions a également exprimé ses inquiétudes sur l’impact du conflit dans le débat politique : « Ce qui m’inquiète désormais, c’est qu’une partie du personnel politique prend pour argent comptant ce qui est affirmé, et repris sur les réseaux sociaux, sans vérifier ce qui s’est vraiment passé ; c’est ce qu’on appelle la post-vérité », a-t-elle déclaré, établissant un parallèle avec les États-Unis sous Donald Trump.

Le financement de l’audiovisuel public en question

Interrogée sur le soutien de l’État, Delphine Ernotte Cunci a lancé : « Je pose la question ». Selon elle, « si ce soutien consiste à garantir l’indépendance de l’audiovisuel public, donc un financement pérenne, alors on ne l’a pas », a-t-elle souligné, dans un contexte marqué par de fortes restrictions budgétaires.

Revirement sur le projet de holding

Enfin, Mme Ernotte Cunci a annoncé qu’elle n’était plus favorable au projet de rapprochement des sociétés de l’audiovisuel public sous une holding commune, une réforme portée par l’ancienne ministre de la Culture Rachida Dati.

« J’ai toujours défendu l’union, mais il faudrait être aveugle pour ne pas voir que les conditions ont changé. L’urgence est de donner des garanties sur notre indépendance », a-t-elle expliqué.

Avec AFP