« Sacrifié sur l’autel de l’énergie verte » – L’industrie de la pêche commerciale risque de disparaître si le développement éolien en mer se poursuit

Par Matt McGregor
6 juillet 2023 06:56 Mis à jour: 6 juillet 2023 06:56

Aux États-Unis, les défenseurs de la pêche mettent en garde à l’effet que, si les promoteurs et leurs investisseurs étrangers construisent des éoliennes en mer le long de la côte est du pays, une source de nourriture essentielle et un riche patrimoine culturel préservé par les pêcheurs sont en jeu.

« Des générations de pêcheurs pourraient être sacrifiées sur l’autel de l’énergie verte », a déclaré Meghan Lapp à Epoch Times.

Mme Lapp est représentante de l’entreprise de pêche commerciale Seafreeze Ltd., à North Kingstown, au Rhode Island.

Selon elle, la pêche commerciale est la septième industrie la plus réglementée du pays – plus réglementée que l’industrie pharmaceutique et de l’extraction pétrolière et gazière.

« Nous ne sommes pas libres d’aller où nous voulons, quand nous voulons et de pêcher ce que nous voulons », a déclaré Mme Lapp. « En conséquence, l’océan est un endroit très petit. »

Les sociétés d’éoliennes en mer ayant établi des baux dans des zones de pêche commerciale prospères, l’océan est devenu encore plus petit, rapporte Mme Lapp.

Mme Lapp et d’autres acteurs du secteur de la pêche commerciale constatent que le Bureau de gestion de l’énergie océanique (Bureau of Ocean Energy Management, BOEM) peut accorder des baux d’exploitation n’importe où sans étude d’évaluation d’impacts préalable, et sans obligation de vérifier si les baux contractés entrent en conflit avec les pêcheries.

« Nous constatons, dans le secteur de la pêche commerciale, que de nombreuses et importantes zones de pêche nous sont retirées sans que personne ne s’en préoccupe », déclare Mme Lapp. « Et le gouvernement fédéral avance à grands pas pour louer des terres le long de la côte atlantique. »

Selon Mme Lapp, 2,3 millions d’acres ont déjà été loués pour construire 3500 turbines le long des eaux de la côte est du pays, en plus de 1,7 million d’acres supplémentaires à venir.

« Les conflits [d’usage] sont énormes », déclare-t-elle. « Nous ne pourrons pas pêcher dans ces zones parce que nos engins de pêche sont des filets remorqués derrière un navire qui ratisse le fond de l’océan. Nous ne pouvons pas remorquer autour des turbines parce que la protection contre l’affouillement – c’est-à-dire beaucoup de rochers – à la base des turbines, déchirera nos filets. Nos engins s’accrocheront aussi à l’infrastructure sous-marine de ces parcs éoliens. »

Il s’agit non seulement d’une menace pour le matériel de pêche, mais également d’un risque sérieux, car lorsqu’un filet s’accroche, cela peut faire basculer le bateau, explique Mme Lapp.

(DAMIEN MEYER/AFP via Getty Images)

La capture réglementaire

Le BOEM a reconnu que les pêcheurs ne pouvaient pas opérer en toute sécurité dans les pêcheries dans le cadre de ce développement, a déclaré Mme Lapp.

« Le BOEM a donc déclaré qu’il atténuerait les impacts. Or, pour atténuer les impacts, il faut déconflictualiser », affirme Mme Lapp. « Toutefois, le BOEM s’en remet à 100% au promoteur, quel que soit le problème. Il s’agit d’un cas de capture réglementaire. »

La « capture réglementaire » est une théorie économique décrivant une situation dans laquelle les agences réglementaires sont à la merci des entreprises qu’elles sont chargées de réglementer, conduisant ces dernières à ne pas statuer en faveur de l’intérêt public, mais de l’intérêt de l’entreprise, d’un intérêt politique ou d’une idéologie.

Dans le cas présent, a expliqué Mme Lapp, le BOEM se range du côté des promoteurs qui se précipitent pour profiter des subventions fiscales fédérales prévues par la loi sur la réduction de l’inflation. Cela déclenche une ruée vers l’or en matière de prospection et de développement des énergies éolienne et solaire, sur terre et en mer.

« Pour cette raison, l’industrie de la pêche commerciale le long de la côte est, qui est la plus ancienne du pays, risque de disparaître, ce qui est inacceptable », a déclaré Mme Lapp.

Un autre enjeu consiste en l’interférence des éoliennes non seulement avec les radars maritimes, mais également avec les radars des garde-côtes américains, posant problème pour les opérations de recherche et de sauvetage ainsi que pour la sécurité nationale.

« Il n’est même pas possible de traverser ces installations en toute sécurité, et le BOEM les approuve tout de même », relève Mme Lapp. « Ainsi, non seulement nous perdons de précieuses zones de pêche, mais nous perdons également la possibilité de les traverser en toute sécurité. »

LIVERPOOL, UNITED KINGDOM – AUGUST 04: Kayakers paddle on the Mersey Estuary near the Burbo Bank Offshore Wind Farm on August 04, 2021 in Liverpool, United Kingdom. (Photo by Christopher Furlong/Getty Images)

« C’est dévastateur »

Seafreeze Ltd. est le principal plaignant dans un procès (pdf) contre le premier parc éolien autorisé par le gouvernement fédéral aux États-Unis, appelé Vineyard Winds.

Parmi les agences fédérales que les plaignants poursuivent pour obtenir un jugement déclaratoire et des mesures injonctives figurent le ministère de l’Intérieur, qui supervise le BOEM, et le ministère du Commerce, qui supervise l’Administration nationale des océans et de l’atmosphère (National Oceanic and Atmospheric Administration, NOAA).

Selon l’action en justice, les agences fédérales ont violé plusieurs lois environnementales telles que la National Environmental Policy, la Endangered Species, la Marine Mammal Protection et la Clean Water Acts (loi sur l’eau propre).

Elle déclare également que tous les défendeurs fédéraux ont violé les lois fédérales en louant et en approuvant la construction de Vineyard Wind 1, consistant en 62 éoliennes, espacées de 1,6 km nautique, à 24 km au sud de Martha’s Vineyard et de Nantucket, et à 56 km de la partie continentale du Massachusetts.

« Le gouvernement fédéral n’a pas tenu compte des conséquences sur nous, et sa politique est clairement de promouvoir l’éolien en mer et de le réaliser, peu importe les impacts », a déclaré Mme Lapp.

Les répercussions sur les pêcheurs seront irréparables, selon Mme Lapp.

« Il s’agit de prendre des millions d’hectares de fonds marins et de les transformer en usine industrielle, alimentant les fonds marins avec des champs électromagnétiques », a déclaré Mme Lapp. « Les poissons utilisent les champs électromagnétiques naturels de la terre pour naviguer, et ces champs seront fortement perturbés. »

Les turbines, dont la hauteur peut atteindre 305 mètres, génèrent des infrasons constants à basse fréquence qui peuvent être mortels pour les organismes marins tels que les calmars, explique Mme Lapp.

« Ils subissent des lésions sur leurs organes internes et meurent », déclare-t-elle.

Ensuite, il y a le problème du battage de pieux, ajoute Mme Lapp.

« Lorsque des turbines de 305 mètres de haut sont enfoncées dans le fond de l’océan, l’environnement marin s’en trouve considérablement impacté », dit-elle. « Dans ce cas, la faune et la flore marines peuvent mourir d’un traumatisme contondant, et si l’on considère l’effet cumulatif que cela aura sur la côte est, c’est dévastateur »

« Un scénario catastrophe »

La Long Island Commercial Fishing Association de Montauk, dans l’État de New York, une autre association de pêche commerciale, s’est également portée partie civile dans le procès.

Bonnie Brady, directrice exécutive de l’association, a déclaré à Epoch Times que l’industrialisation de l’océan pour le développement de l’énergie éolienne était « un scénario catastrophe ».

« C’est la plus grande menace qui pèse sur notre secteur depuis que je m’occupe de gestion de la pêche, soit depuis 20 ans », a déclaré Mme Brady. « Pour moi, ce qui rend cette situation si insensée, c’est que nous n’avons pas appris de leçons du Covid, à savoir que la provenance de notre nourriture et la sécurité alimentaire nationale sont très importantes. »

Mme Brady a fait référence à la loi Magnuson-Stevens sur la conservation et la gestion des pêches (Magnuson-Stevens Fishery Conservation and Management Act, MSA), la principale loi régissant la gestion des pêches maritimes dans les eaux fédérales.

Cette loi vise notamment à garantir un approvisionnement durable en produits de la mer et à protéger les habitats de poissons.

Avant son adoption en 1976, les eaux internationales situées à 19 km des côtes américaines étaient exploitées par des flottes étrangères.

« La MSA a étendu la juridiction américaine à 322 km nautiques et a établi huit conseils régionaux de gestion des pêches composés de représentants des États côtiers et des parties prenantes du secteur de la pêche », a déclaré la NOAA.

Des plans de gestion durable de la pêche ont été établis conformément à dix normes nationales.

Depuis, le Congrès a révisé la MSA avec les lois sur la pêche durable et la réautorisation de la MSA, toutes deux rédigées dans le but de réviser et de renforcer les réglementations en matière de gestion des pêches.

En 1983, l’ancien président Ronald Reagan a adopté la loi sur la zone économique exclusive (Exclusive Economic Zone, EEZ) qui, comme la MSA, établit une limite maritime de 322 kilomètres nautiques autour du territoire côtier des États-Unis.

Vendus aux investisseurs étrangers

« L’objectif était de pousser les flottes étrangères qui se trouvaient le long des côtes, à proximité des bateaux américains, à 322 km au large, afin que nous puissions développer notre industrie nationale de la pêche », explique Mme Brady. « Cinquante ans plus tard, la ZEE a été vendue par notre propre gouvernement fédéral à des entreprises énergétiques détenues par des gouvernements étrangers. »

Le 27 juin, l’assemblée législative du New Jersey a adopté un projet de loi qui permettrait à Orsted, une société d’énergie éolienne détenue à 51% par le gouvernement danois, de conserver les crédits d’impôt qu’elle aurait dû reverser aux contribuables de l’État si le projet de loi n’avait pas été adopté.

La loi a été rédigée pour réduire l’impact négatif de la pandémie de Covid-19 et de l’inflation sur les promoteurs, selon les législateurs.

« Copenhagen Infrastructure Partners, qui a acheté Vineyard Winds à OffshoreMW, une société de Blackstone, a été initialement créé par PensionDanmark, l’un des plus grands fonds de pension du pays », a déclaré Mme Brady. « Puisque l’énergie éolienne en mer représente 8,5% du PIB du Danemark, ils doivent continuer à nourrir la bête. Que cela signifie-t-il ? Cela signifie qu’ils font des appels d’offres, les construisent, les vendent à quiconque veut en acheter une partie pour répondre aux exigences ESG (Environnementales, sociales et de gouvernance) dont ils doivent se prémunir, puis se retirent et poursuivent la construction ailleurs afin de ne pas être présents lorsque leur responsabilité est soulevée. »

Des manifestants lors d’une audience sur les parcs éoliens offshore affirment que le gouverneur du New Jersey, Phil Murphy, les a vendus, le 16 mars 2023. (Avec l’aimable autorisation de Scottie Barnes)

« Il n’y a pas de bon côté à cela »

Une communauté de pêcheurs composée d’entreprises familiales et de petites boutiques risque de disparaître si le développement des éoliennes passe à la phase de construction, a déclaré Mme Brady.

« Nous sommes en train de nous faire écraser, sur la base d’un mensonge, alimenté par des dollars, et dont les conséquences seront catastrophiques », a déclaré Mme Brady. « Il n’y a pas de bon côté à tout cela. »

Mme Brady espère que davantage de personnes prendront conscience des risques encourus.

« Il faut avoir de l’espoir, comme pour n’importe quoi d’autre », soutient-elle. « Ils n’auraient pas hissé le drapeau sur Iwo Jima s’ils n’avaient pas eu d’espoir. »

Progressivement, les gens voient clair et percent la propagande que leur vendent ces entreprises.

Et ils n’ont pas peur de s’affirmer : « Je ne veux pas regarder à l’horizon et voir mon océan transformé en friche industrielle », conclut Mme Brady.

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