Incendie de Marseille : le préfet répond à la colère de sinistrés

Des pompiers inspectent une propriété incendiée dans le quartier de Pelouque à Marseille, le 9 juillet 2025.
Photo: VIKEN KANTARCI/AFP via Getty Images
Une semaine après l’incendie qui a ravagé une soixantaine de bâtiments à Marseille et aux Pennes-Mirabeau, des sinistrés ont ouvertement exprimé leur colère, poussant le préfet à une inhabituelle mise au point dans laquelle il « assume » toutes ses décisions.
Georges-François Leclerc « tient à réagir à ces mises en cause, qui ne reflètent pas la réalité de l’engagement efficace et héroïque de nos forces d’incendie et de secours. Il assume la totalité des décisions qui ont été prises afin de garantir et surtout de réussir à protéger la population », écrit la préfecture dans un communiqué publié dans la nuit de mercredi à jeudi.
« Il y a beaucoup de colère »
Les pompiers sont-ils arrivés trop tard dans certains quartiers de Marseille ? L’ordre de confinement était-il tenable, alors que les flammes arrivaient aux portes des maisons ? Ces questions sont revenues en boucle lors d’une réunion houleuse organisée mardi soir par la ville de Marseille à l’Estaque, après cet incendie du 8 juillet qui a parcouru 750 hectares.

Un habitant tente d’éteindre un incendie près d’un mur lors d’un incendie de forêt qui se propage dans le quartier de l’Estaque à Marseille, le 8 juillet 2025. (Clément MAHOUDEAU/AFP via Getty Images)
Evelyne Mazade par exemple a fini par sortir de chez elle, armée de deux seaux d’eau, pour tenter d’éteindre le feu qui a ravagé son sous-sol.
Chez elle, le feu est arrivé vers 15h45 et les pompiers autour de 18h00. « Et ils venaient de Nice, donc j’ai dû leur montrer où étaient les bornes incendies », a expliqué à l’AFP cette retraitée, qui cherche aujourd’hui à se reloger avec son chien.
« La police et les pompiers ont fait ce qu’ils ont pu mais ‘en haut’, ça n’a pas été très bien organisé », déplore-t-elle aujourd’hui.
« Il y a beaucoup de colère, les gens sont frustrés parce que le préfet n’était pas présent à cette réunion », explique de son côté Dominique Fortin, présidente du comité de quartier (CIQ) de l’Estaque-Le Marinier.
« Pourquoi on leur a dit de rester confinés quand il y a le feu devant leur porte »
Samia Ghali, maire-adjointe de Marseille, qui pilotait cette réunion, confirme que les échanges ont très rapidement tourné sur l’organisation des secours : « La colère des sinistrés est légitime, il s’agit d’essayer de comprendre pourquoi on leur a dit de rester confinés quand il y a le feu devant leur porte », et pourquoi les habitants ont vu arriver des pompiers des Alpes-Maritimes, qui ne connaissent pas ces quartiers escarpés, alors que les marins-pompiers de Marseille, oui », expliquait-elle jeudi à l’AFP.
« La première fois dans l’histoire des feux à Marseille qu’un préfet prend le commandement »
« C’est la première fois dans l’histoire des feux à Marseille qu’un préfet prend le commandement », regrette l’élue.
Ce mardi 8 juillet, peu avant 11h00, une voiture prend feu sur le bord de l’autoroute aux Pennes-Mirabeau. Face à un vent violent et tourbillonnant, l’incendie saute d’une colline à l’autre, sur une végétation asséchée par plusieurs jours de canicule, et arrive dans le 16e arrondissement de la deuxième ville de France.
À 12h27, le préfet prend la direction des secours, « car ce feu était singulier par sa violence et parce qu’il concernait désormais deux communes », justifie la préfecture. La communication aussi passe aux mains de la préfecture et les pompiers, qui ont l’habitude de communiquer de façon efficace sur ces feux, ne peuvent plus rien dire à la presse.
« Le cadre opérationnel était très contraint », se justifie aujourd’hui le préfet, avec d’autres feux ce jour-là dans le sud de la France et notamment celui de Narbonne qui a parcouru au final 2100 hectares dans l’Aude, rapporte le Figaro.
Au total, 875 pompiers des Bouches-du-Rhône et marins-pompiers de Marseille ont été déployés, renforcés par 500 pompiers d’autres départements, appuyés par 260 engins et 17 moyens aériens dont sept Canadair. Un rapport parlementaire a récemment pointé une flotte aérienne vieillissante et qui « n’est plus adaptée au besoin », pour lutter contre les incendies.

Georges-François Leclerc, préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, le 16 novembre 2021. (DENIS CHARLET/AFP via Getty Images)
« Aucune perte humaine », « aucun blessé grave »
Ces interventions « ont permis d’éviter le pire », assure le préfet : « aucune perte humaine », « aucun blessé grave », et « près d’un millier d’habitations sauvées ». Le bilan matériel est tout de même lourd, avec 91 bâtiments touchés dont 60 détruits ou inhabitables.

Les zones incendiées du quartier de l’Estaque à Marseille, le 9 juillet 2025. (VIKEN KANTARCI/AFP via Getty Images)
Sur le confinement, désormais utilisé systématiquement dans ces cas là, il explique qu’il doit permettre d’« éviter de mettre les populations en danger » et d’éviter un engorgement des routes pour permettre aux secours d’intervenir.
Une autre assemblée de sinistrés et délogés du 16e arrondissement était prévue jeudi en fin de journée, pour « faire valoir nos droits collectivement ».
En attendant, collectivités et pouvoirs publics se mobilisent pour apporter de l’aide, regrouper les déchets, apporter des chèques alimentaires aux sinistrés les plus démunis, aider au relogement ou à l’achat de biens du quotidien pour des personnes traumatisées par la perte de leurs affaires, ou gérer la situation dans la pinède carbonisée, afin que la première pluie ne se transforme pas en coulée de cendres…

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