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Lutte contre les incendies : une flotte aérienne vieillissante qui « n’est plus adaptée au besoin »

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Un Canadair se ravitaille en eau.

Photo: JACK GUEZ/AFP/Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

Des avions vieillissants régulièrement immobilisés pour maintenance et de nouvelles commandes en retard : alors que les feux de forêt gagnent en intensité avec le réchauffement climatique, la flotte aérienne tarde à se renouveler, soulignent parlementaires et pompiers. 
Lors de l’incendie aux abords de Narbonne, quatre Canadair étaient mobilisés seulement lundi quand s’est déclenché le feu qui aura au final parcouru 2100 hectares, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Selon le colonel Christophe Magny, commandant du SDIS de l’Aude, leur absence les jours suivants s’explique notamment par la « doctrine nationale »: « c’est priorité au feu naissant », afin de pouvoir « inscrire dans le temps » la disponibilité de la flotte aérienne, « une grande partie du territoire national (étant) soumis au risque incendie », explique le sapeur-pompier.
« La flotte n’est plus adaptée aux besoins »
« La flotte n’est plus adaptée aux besoins, lesquels augmentent fortement sous l’effet du réchauffement climatique », qui accroît le risque d’importants incendies de forêt comme ceux que vient de connaître le Midi, d’après un rapport parlementaire publié début juillet par Damien Maudet (LFI) et Sophie Pantel (PS).
Actuellement, « la flotte est dimensionnée pour répondre aux enjeux des départements du sud sur le pourtour méditerranéen », précise Sophie Pantel sur Europe 1. Or, « en 2022, 90 départements ont été concernés par les incendies », ajoute-t-elle.

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Les douze Canadair de la Sécurité civile ont une moyenne d’âge de 30 ans, notent les députés auteurs du rapport.
Peu de pièces détachées sont disponibles « au niveau mondial », et « aucun appareil n’a été construit depuis 2015 » par l’entreprise canadienne qui a conçu ce bombardier d’eau amphibie à la fin des années 1960, ajoutent les parlementaires.
Du fait de leur ancienneté, ces avions, qui se ravitaillent principalement en eau de mer, « coûtent de plus en plus cher à la maintenance » et restent au sol « plus longtemps », explique Mickaël Biberon, président d’Unsa pompiers, joint par l’AFP.
Un appel à « un vrai effort financier »
Lui appelle à « un vrai effort financier » dans la prochaine loi de finances pour une commande d’appareils permettant d’assurer la « protection de nos forêts, de notre population » et que les pompiers puissent « intervenir sereinement et en toute sécurité ».
« Des incertitudes pèsent sur la capacité de relance de la production de nouveaux appareils et le respect de leur calendrier de livraison » par la firme canadienne De Havilland, la seule à fabriquer les Canadair, observent les députés.
Autres appareils à renouveler : les trois Beechcraft, ces avions qui effectuent des missions de reconnaissance et dont la moyenne d’âge de 45 ans « rend nécessaire » leur « remplacement rapide » qui doit être « anticipé dès à présent », et deux avions Dash, sur les huit que compte la flotte, qui ont une vingtaine d’année au compteur chacun.

Un avion Dash 8 Q400-MRE éteignant un feu de forêt près de Bessèges dans le Gard, le 8 juillet 2022. (Sylvain Thomas/AFP via Getty Images)

Si ces bombardiers d’eau sont « particulièrement adaptés » pour attaquer les feux naissants, ils doivent se recharger au sol, limitant « leur emploi tactique sur certains feux », note le rapport.
« On a, il y a deux ans, commandé deux nouveaux Canadair et je souhaite qu’on puisse en commander deux nouveaux », a annoncé mardi le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, en déplacement à Marseille.
Sophie Pantel évoque également sur Europe 1 les 36 hélicoptères faisant partie de la flotte des 60 aéronefs. 46 ont été commandés ; Airbus vient de livrer le premier, les autres devant arriver d’ici 2029.
Le remplacement des avions prévus assuré dans les délais ?
Ces deux avions doivent être livrés en 2028, détaille à l’AFP Grégory Allione, député européen (Renew) et ancien président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers, sceptique quant au respect du délai.
Le Canada pourrait privilégier sa demande nationale et régionale en faveur des États-Unis, le continent nord-américain étant régulièrement touché par des feux massifs, explique M. Allione. Il plaide pour une « Europe de la sécurité civile ».
Construire des bombardiers d’eau sur le sol européen
Les députés Damien Maudet et Sophie Pantel préconisent aussi dans leur rapport de créer une industrie européenne pour construire des bombardiers d’eau.
En France, plusieurs initiatives tentent de développer des avions construits sur le sol européen.
Près de Bordeaux, la start-up Hynaero prévoit de sortir deux prototypes en 2029 du Frégate F100, un bombardier d’eau amphibie « nouvelle génération », et espère en fabriquer dix par an à partir de 2035, explique à l’AFP son fondateur David Pincet, ancien pilote de chasse.