Dermatose nodulaire bovine
Dermatose bovine : le gouvernement étend la vaccination, mais maintient sa stratégie d’abattage malgré la colère des éleveurs
Face à une situation qui se détériore rapidement, le gouvernement a élargi vendredi les zones où la vaccination contre la dermatose nodulaire contagieuse devient obligatoire dans le Sud-Ouest. Mais cette mesure ne suffit pas à apaiser la grogne : l'exécutif maintient sa stratégie d'abattage systématique des troupeaux infectés, une politique vivement contestée par une partie du monde agricole.

La ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, quitte l'Élysée après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, à Paris, le 10 décembre 2025.
Photo: Bertrand GUAY / AFP via Getty Images
La maladie progresse à un rythme inquiétant. Après son apparition en Savoie en juin dernier, deux nouveaux foyers ont été détectés cette semaine en Ariège et dans les Hautes-Pyrénées, laissant craindre une propagation incontrôlée du virus.
« Blocages partout » : les syndicats montent au créneau
La mobilisation prend de l’ampleur. La Confédération paysanne a lancé un appel national à des « blocages partout » pour réclamer « la fin de l’abattage total » et une vaccination massive. Des rassemblements sont déjà programmés dans plusieurs villes d’ici la fin de la semaine.
Vendredi après-midi, une soixantaine de tracteurs ont paralysé l’autoroute A64 entre Toulouse et Bayonne, illustrant l’exaspération du secteur agricole, déjà fragilisé par de multiples crises.
Bertrand Venteau, président de la Coordination rurale, a quant à lui exhorté les éleveurs à « continuer à manifester » après avoir été reçu par la ministre de l’Agriculture. Son syndicat revendique une « vaccination généralisée » du cheptel français.
Annie Genevard campe sur ses positions
« Pour sauver toute la filière, l’abattage est la seule solution », a martelé la ministre de l’Agriculture Annie Genevard. Ses propos interviennent alors que les services vétérinaires ont commencé vendredi matin, sous escorte des gendarmes mobiles, l’abattage de 207 vaches dans un élevage ariégeois, après deux jours de manifestations virulentes.
Pour la ministre, la stratégie actuelle a fait ses preuves : « Le protocole actuel fonctionne », a-t-elle assuré au Parisien, citant l’exemple des Savoies où la maladie a d’abord été détectée. Cette approche, imposée par la réglementation européenne, combine abattages ciblés, restrictions de circulation des troupeaux et vaccination dans un rayon de 50 kilomètres autour des foyers.
Sur la vaccination généralisée, Annie Genevard se dit « ouverte au dialogue » mais prudente. « On va commencer par étendre la zone vaccinale, autour des foyers de contamination », a-t-elle précisé.
Une course contre la montre
« Nous sommes aujourd’hui engagés dans une véritable course contre la montre contre le virus. Deux nouveaux foyers, éloignés des précédents, montrent qu’il circule. Le risque, c’est le débordement », a alerté la ministre sur X.
Le dispositif de lutte s’élargit désormais à l’Aude, la Haute-Garonne, le Gers, les Landes et les Pyrénées-Atlantiques. Dans ces départements, la vaccination de tous les bovins devient obligatoire et leurs déplacements sont strictement encadrés : impossible de sortir de la zone vaccinale, sauf pour partir à l’abattoir.
Le dilemme de la vaccination totale
« Il faut bien évidemment vacciner toutes les vaches pour se préserver de cette maladie. Si ça fonctionne, pourquoi s’en priver ? Mais il faut le faire très rapidement, n’attendons pas que la zone soit infectée », a plaidé José Pérez, membre du comité directeur de la Coordination rurale.
Le ministre du Commerce Serge Papin a également défendu cette option vendredi matin sur Europe 1 : « La solution, c’était le vaccin. »
La FNSEA s’oppose frontalement
Mais le syndicat majoritaire FNSEA refuse catégoriquement cette voie. Son président Arnaud Rousseau a vertement réagi aux propos de Serge Papin : « Monsieur Papin (…) peut-il nous garantir qu’il prendra en charge les pertes de marché ? »
Pour la FNSEA et l’organisation Jeunes Agriculteurs, une vaccination complète plongerait « la France sous cloche » pendant plusieurs mois, lui faisant perdre son statut de pays « indemne » au niveau européen. Conséquence : une chute des capacités d’exportation et un effondrement des prix.
« L’abattage total est la meilleure solution. C’est un crève cœur, mais c’est ce que nous disent les scientifiques », affirment ces organisations.
Un protocole jugé « injuste et inefficace »
Les autorités sanitaires justifient leur stratégie par un argument implacable : l’absence de symptômes ou même un test négatif ne garantissent pas qu’un animal n’est pas porteur du virus. D’où la nécessité d’abattre l’intégralité des troupeaux touchés.
Mais pour les opposants à cette politique, soutenus par la Coordination rurale et la Confédération paysanne, le protocole est « injuste et inefficace ». Ils dénoncent une « épée de Damoclès permanente » suspendue au-dessus de la tête des éleveurs et de leurs bêtes.
Une maladie non transmissible à l’homme
La dermatose nodulaire contagieuse, apparue en France il y a six mois, ne présente aucun danger pour l’être humain. En revanche, elle peut s’avérer mortelle pour les bovins et menace ainsi l’ensemble de la filière d’élevage française.
Avec AFP

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