Corruption
Forces de l’ordre du Val-d’Oise : quatre agents impliqués dans un vaste réseau frauduleux
Le procureur de Pontoise, Guirec Le Bras, a révélé samedi une affaire de corruption d'une ampleur inédite touchant les forces de l'ordre du Val-d'Oise. Quatre jeunes agents, âgés de 20 à 27 ans, sont mis en cause dans ce dossier explosif qui mêle corruption et criminalité organisée. Parmi eux figurent deux gendarmes adjoints volontaires actuellement en poste à Domont et Pontoise, ainsi que deux policiers municipaux fraîchement recrutés après avoir exercé comme gendarmes adjoints volontaires.

Photo: ALBIN BONNARD/Hans Lucas/AFP via Getty Images
Les investigations ont mis en lumière des liens troublants avec des individus installés dans le Sud-Ouest de la France, soupçonnés d’orchestrer un système frauduleux de grande envergure impliquant l’utilisation détournée de fichiers sensibles.
Prés de 6 500 opérations frauduleuses démasquées
L’affaire a débuté en juillet dernier, lorsque la brigade motorisée de la gendarmerie d’Orléans a détecté des anomalies lors du contrôle et de l’immobilisation d’un véhicule. Cette découverte fortuite a déclenché l’ouverture d’une enquête préliminaire le 1er août, portant sur « des faits de corruption active et passive en bande organisée, violation du secret professionnel et détournement de la finalité d’un traitement des données à caractère personnel », comme l’a précisé le magistrat dans son communiqué.
L’Unité nationale cyber (UNC) a été mobilisée pour analyser en profondeur les activités suspectes. Le bilan est accablant : les quatre agents sont accusés d’avoir effectué « près de 6 500 opérations de nature frauduleuse en lien avec l’utilisation des fichiers judiciaires et administratifs ». Ces manipulations concernaient notamment des véhicules immatriculés frauduleusement au nom de garages fictifs.
Des corrupteurs liés au milieu criminel
Les investigations ont révélé que les quatre agents « intervenaient contre rémunération, à la demande d’individus impliqués dans des activités criminelles et implantés dans le Sud-Ouest ». Les deux principaux donneurs d’ordres identifiés sont des gérants de sociétés de location de véhicules, qui auraient versé des sommes considérables pour obtenir ces services illégaux. Le procureur fait état « d’au moins 160 000 euros de flux financiers » transitant dans le cadre de ce réseau de corruption.
Cette organisation criminelle exploitait la position privilégiée des agents pour accéder à des informations confidentielles et manipuler des données administratives sensibles, créant ainsi un système lucratif au service de la criminalité organisée.
Une opération policière d’envergure
Les interpellations menées le 10 décembre ont nécessité des moyens considérables. Le procureur a souligné l’ampleur exceptionnelle du dispositif déployé durant cette opération judiciaire de deux jours : 120 enquêteurs mobilisés, deux hélicoptères en appui aérien et plusieurs équipes cynophiles ont participé aux interventions simultanées.
Les perquisitions ont permis la saisie de 30 000 euros en liquide, deux véhicules de luxe (Audi et Mercedes), une moto et de nombreux équipements informatiques et électroniques, représentant une valeur totale estimée à 90 000 euros. Plus inquiétant encore, les enquêteurs ont découvert un véritable arsenal : un pistolet-mitrailleur, trois armes de poing incluant un pistolet automatique de la police nationale et un Glock provenant de cambriolages, ainsi qu’un revolver 357 Magnum chez l’un des suspects de corruption active.
Des sanctions judiciaires déjà prononcées
La justice a déjà statué sur le sort de l’un des policiers municipaux, jugé sur reconnaissance préalable de culpabilité et condamné à six mois de prison avec sursis. Son collègue policier municipal ainsi que les deux corrupteurs présumés demeurent en détention provisoire. Les deux gendarmes adjoints volontaires ont quant à eux été placés sous contrôle judiciaire.
L’ensemble des prévenus comparaîtra devant le tribunal le 30 janvier prochain pour répondre de leurs actes dans cette affaire qui illustre les dérives possibles lorsque des agents dépositaires de l’autorité publique trahissent leur mission au profit d’intérêts criminels.
Avec AFP

Articles actuels de l’auteur
12 décembre 2025
Berlin accuse Moscou : cyberattaque et ingérence électorale









