Logo Epoch Times
Colère agricole

Abattage de bovins malades : la colère agricole embrase à nouveau la France

Le monde agricole français se soulève à nouveau. Cette semaine, les manifestations se sont multipliées aux quatre coins du pays : rassemblements massifs devant les préfectures, « feux de la colère » allumés dans la Marne, dépôt d'un cercueil symbolique devant le ministère de l'Agriculture. Dans la nuit de jeudi à vendredi, des tonnes de déchets ont été déversées devant des administrations à Agen, tandis que dans l'Ariège, une ferme reste encerclée par les gendarmes depuis deux jours, bloquée par des manifestants déterminés.

top-article-image

Des manifestants marchent vers un barrage routier lors d'une manifestation contre l'abattage d'un troupeau de 200 vaches, suite à la détection de la maladie de la peau bosselée (LSD) à Les-Bordes-sur-Arize, dans le département de l'Ariège, dans le sud-ouest de la France, le 11 décembre 2025.

Photo: Matthieu RONDEL / AFP via Getty Images

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 4 Min.

Au cœur de cette nouvelle vague de contestation : la gestion controversée de la dermatose nodulaire contagieuse. Cette maladie bovine apparue fin juin en Savoie pousse l’État à ordonner l’abattage systématique des troupeaux touchés. Dans l’Ariège, 207 vaches sont ainsi menacées d’euthanasie, déclenchant une résistance farouche des éleveurs. Début décembre, dans le Doubs, les forces de l’ordre ont même dû recourir aux gaz lacrymogènes pour faire évacuer des manifestants venus empêcher l’abattage de 83 vaches pourtant vaccinées.
Cette stratégie sanitaire passe mal et fracture profondément les syndicats agricoles français. À cela s’ajoute un nouveau foyer de grippe aviaire annoncé vendredi dans les Landes, région phare de la production de canards gras et de volailles.

« L’agriculture française est à bout »

Les tensions ne se limitent pas aux crises sanitaires. L’horizon s’assombrit avec la signature imminente de l’accord UE-Mercosur et la réforme inquiétante de la Politique agricole commune (PAC). Le 18 décembre, jusqu’à 10 000 manifestants, dont de nombreux Français, sont attendus à Bruxelles pour une grande marche de protestation.
« Depuis des années, nous alertons : l’agriculture française est à bout, prise en étau entre des normes toujours plus nombreuses et une concurrence étrangère déloyale (…) Et qu’a fait le gouvernement ? Rien », dénoncent les représentants de la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole du pays.
La Confédération paysanne, troisième organisation syndicale, se montre tout aussi virulente : « L’État ne veut plus entendre les paysans. L’État persiste à les ignorer, à appliquer des politiques mortifères qui détruisent les fermes, les vies, et les territoires. » Le syndicat a lancé vendredi un appel « à se mobiliser et à organiser des blocages partout en France pour en finir avec cette folie » et exige « l’arrêt de l’abattage total ».

Un boycott unanime et une opération de com’ ratée

L’exaspération atteint un tel niveau que presque tous les syndicats agricoles ont boycotté lundi le discours d’Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, venu lancer un cycle de conférences sur la souveraineté alimentaire. Même la FNSEA, premier syndicat du secteur, a dénoncé une « opération de communication ».

Une agriculture française au bord du gouffre

La situation économique du secteur est alarmante. Plusieurs fleurons de la production française, du blé aux vignes, traversent une crise sans précédent. Les importations explosent au point que la France pourrait connaître en 2025 son premier déficit commercial agricole depuis un demi-siècle.

Mercosur : la menace d’une concurrence déloyale

L’accord UE-Mercosur, unanimement rejeté par les syndicats agricoles, se rapproche dangereusement. La Commission européenne vise une adoption avant le 20 décembre et un vote au Parlement début 2026.
Ce traité faciliterait massivement l’importation de bœuf, volaille, sucre et miel en provenance d’Amérique latine, en échange d’exportations européennes de voitures, machines et vins.
Les agriculteurs dénoncent une concurrence faussée, les normes latino-américaines étant bien moins strictes, et craignent une déstabilisation des filières européennes déjà fragilisées.

Les propositions de la Commission européenne dans le collimateur

La PAC menacée : 20% de coupes budgétaires en vue
Comme si cela ne suffisait pas, les propositions de la Commission européenne sur la PAC ajoutent à l’inquiétude générale. Le prochain budget 2028-2034 pourrait être amputé de 20% et « dilué » dans un fonds plus large.
Pour la France, première bénéficiaire de la PAC avec environ 9 milliards d’euros d’aides annuelles représentant les deux tiers des revenus agricoles, la coupe s’annonce particulièrement douloureuse. Ces subventions constituent un amortisseur vital pour de nombreuses exploitations déjà fragilisées depuis le début de la guerre en Ukraine.
Avec AFP