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plus-iconVoyage - L'Europe de Rick Steves

Tivoli, entre ruines impériales et jardins renaissants

À une trentaine de kilomètres de Rome, Tivoli attire depuis l’Antiquité voyageurs, empereurs et cardinaux. La Villa d’Hadrien et la Villa d’Este y offrent un saisissant dialogue entre ruines antiques et splendeurs renaissantes.

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Après la chute de l'Empire romain, la villa d'Hadrien fut pillée. Aujourd'hui, la plupart de ses œuvres d'art et objets d'origine sont dispersés à travers l'Europe.

Photo: Addie Mannan, Rick Steves' Europe

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Durée de lecture: 7 Min.

Lorsque les rêves de voyage amènent les visiteurs en Europe, l’Italie se trouve souvent au premier rang. Il émane de ce pays, de ses habitants et de la dolce vita un charme irrésistible. Je me sens toujours chez moi en Italie, que ce soit en me faufilant dans un bus bondé à Rome, en m’abandonnant au joyeux chaos de Naples, en sirotant un cocktail dans un bar vénitien ou en m’installant sur la rambarde du Ponte Vecchio, à Florence, pour un concert improvisé à minuit.

S’évader de Rome : cap sur Tivoli

Mais je recherche aussi des échappées loin de l’intensité urbaine italienne. Lorsque je séjourne à Rome, j’aime parcourir quelque 30 kilomètres vers l’est pour rejoindre la ville perchée de Tivoli, refuge prisé depuis l’Antiquité. Aujourd’hui, elle doit sa renommée à deux villas radicalement différentes : la Villa d’Hadrien, retraite campagnarde d’un empereur romain, et la Villa d’Este, résidence verdoyante et aquatique d’un cardinal du XVIᵉ siècle.

La Villa d’Hadrien, un empire en miniature

Hadrien — au pouvoir de 117 à 138 — possédait une villa parfaitement convenable à Rome, mais il préférait vivre hors de la capitale et, vers la fin de son règne, il résidait à plein temps à Tivoli. À l’image de Louis XIV gouvernant la France depuis Versailles plutôt que depuis Paris, Hadrien dirigeait Rome depuis ce vaste complexe de plus de 120 hectares.

Architecte, passionné de culture grecque et grand voyageur, Hadrien conçut le site comme un microcosme des territoires qu’il gouvernait, s’étendant alors de la Grande-Bretagne à l’Irak. Dans l’esprit de Legoland, d’Epcot et de Las Vegas, il recréa des monuments célèbres du monde entier, réalisant ainsi une sorte de diorama de son empire.

Au terme de ses travaux, plus de trente bâtiments se dressaient sur le domaine, accompagnés de jardins étendus. Avec des bibliothèques, des temples, des thermes, des théâtres et des palais lui étant destinés, à ses proches et à son personnel, l’ensemble fonctionnait comme un univers autonome.

L’empreinte de l’empereur

Bien que la plupart des édifices aient disparu depuis longtemps, l’empreinte d’Hadrien se perçoit encore dans certaines structures. L’empereur entourait un bassin rectangulaire — censé représenter le Nil — de colonnes et de statues, dont des copies des cariatides qu’il admirait à l’Acropole. À une extrémité, il érigeait un temple en mémoire de son ami proche — et peut-être amant — Antinoüs, tragiquement noyé dans le Nil.

Malheureusement, avec la chute de l’Empire, ce « Versailles de la Rome antique » fut d’abord pillé par les barbares, puis par les grands maîtres de la Renaissance, tous avides d’orner leurs cours d’une touche classique. Certains allaient même jusqu’à brûler le marbre pour en extraire la chaux nécessaire à la fabrication du ciment. Si certaines œuvres récupérées finirent par se retrouver à la Villa d’Este, de l’autre côté de la ville, une grande partie s’est retrouvée dispersée dans des musées à travers l’Europe.

Hippolyte d’Este, un cardinal en prince

Bien plus tard, en 1550, un autre mécène, le cardinal Hippolyte II d’Este, transformait à son tour le paysage de Tivoli. Malgré sa charge ecclésiastique, Hippolyte, cultivé et fortuné, vivait en prince séculier. Lorsque, en 1549, il a perdu de peu l’élection pontificale, il s’est consolé en faisant édifier à Tivoli une villa somptueuse. Il a fait raser un couvent bénédictin et a fait construire un palais Renaissance fastueux, aux murs et plafonds richement ornés de fresques.

Le chef-d’oeuvre hydraulique de la Renaissance

Mais le clou du spectacle est sans conteste le jardin (qui ne fut entièrement aménagé qu’après la mort d’Ippolito). Fleuron du design italien, il s’accroche à une colline escarpée et se pare de bassins, de ruisseaux, de cascades et de fontaines impétueuses. Cyprès majestueux, haies de buis, statues romaines et allées agréables invitent le regard à contempler de splendides panoramas environnants.

La création d’un parc aquatique aussi élaboré a nécessité la collaboration d’un architecte (pour l’aménagement du jardin), d’un ingénieur hydraulicien (pour l’acheminement de l’eau sur le site) et d’un plombier (pour le bon fonctionnement des fontaines). À Tivoli, le site à flanc de colline a fait l’objet d’importants travaux de terrassement et de réaménagement afin que les jeux d’eau puissent être alimentés par gravité.

Une villa nourrie des ruines impériales

Pirro Ligorio, l’architecte de Tivoli, menait commodément, au même moment, des fouilles à la Villa d’Hadrien. Le site offrait une grande source d’inspiration — et de matériaux — pour les fontaines de la Villa d’Este. Pirro Ligorio utilisait en effet la villa impériale comme carrière afin d’y prélever statues et éléments décoratifs.

Après la mort d’Hippolyte, la propriété est restée entre les mains de la famille d’Este, mais, au XIXᵉ siècle, la demeure tombait en ruine et les fontaines ont cessé de fonctionner. Aujourd’hui propriété de l’État italien, elle renaît entièrement restaurée, avec l’ensemble de ses jeux d’eau de nouveau opérationnels.

Deux sites pour une journée idéale aux portes de Rome

Alors que la villa d’Hadrien évoque des ruines envoûtantes et une histoire riche, la villa d’Este est tout simplement belle et reposante (et particulièrement agréable lorsqu’il fait une chaleur étouffante à Rome). Les deux sites se complètent admirablement et composent une excursion d’une journée tout à fait satisfaisante depuis Rome. Une combinaison métro-bus permet de quitter facilement la ville pour rejoindre Tivoli, où un autobus local relie les deux villas.

Retrouver les souffles du passé

Lorsque je suis en Italie, je savoure mon cappuccino en imaginant ce qu’était la vie il y a des siècles. À Tivoli, je peux flâner au milieu des décombres et des ruines, faisant revivre mentalement ces pierres antiques. Échappant au tumulte de Rome, je me laisse imprégner par les souffles du passé et je savoure les plaisirs de l’instant présent.

Rick Steves (www.ricksteves.com) écrit des guides sur l'Europe, anime des émissions de voyage à la télévision et à la radio publiques et organise des voyages en Europe. Cet article est tiré de son nouveau livre, For the Love of Europe. Vous pouvez envoyer un courriel à Rick à l'adresse rick@ricksteves.com et suivre son blog sur Facebook. ©2022 Rick Steves. Distribué par Tribune Content Agency, LLC.

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