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Rick Steves : À la découverte du minuscule Liechtenstein
Entre la Suisse et l’Autriche, ce pays d’à peine 160 km² vit au rythme tranquille des montagnes et de la finance, sous l’œil attentif d’un prince bien réel.

Dans les villes du Liechtenstein, il est fréquent de voir de charmantes églises côtoyer des immeubles de bureaux modernes.
Photo: Rick Steves, Rick Steves’ Europe
Le pays forme un écrin dans les montagnes : à l’est, des crêtes escarpées ; à l’ouest, le jeune Rhin laiteux, encore joyeux de sa chute hors des Alpes, qui coule du sud vers le nord ; au sud, le robuste château de Gutenberg garde l’entrée de la vallée. À la taille près, le Liechtenstein, véritablement enclavé, ne dispose ni de port, ni d’aéroport, ni de gare.
Le royaume de la finance
Ici, on ne flâne pas devant de vieilles maisons à colombages : on marche à l’ombre d’immeubles de banques étincelants et de parcs de bureaux. Les micro-États européens ont souvent offert des avantages fiscaux et comptables aux entreprises. Pour un pays de 40.000 habitants, le Liechtenstein abrite une étonnante densité d’activités économiques.
C’est ainsi que le prince du Liechtenstein, dont le château du XIIIe siècle surplombe son domaine tel un décor de conte de fées, y trouve son compte. Le milliardaire, qui observe son territoire de 6 km sur 24, garde sa demeure fermée au public. Lorsque j’y ai frappé, le garde m’a regardé comme si j’étais fou. Mais chacun peut profiter de la vue depuis les hauteurs. Et, contre paiement, il est même possible de savourer un verre de vin local dans la cave princière.
Avant de succéder à son père, le prince a transformé la petite banque familiale en un groupe financier international. Il est aujourd’hui l’un des chefs d’État les plus riches d’Europe et sans doute celui qui détient la plus grande autorité réelle parmi les monarques du continent. Mais régner sur un pays dont la population équivaut à celle d’un stade new-yorkais un jour calme ne permet pas de déployer de vastes pouvoirs.
Villages perchés et capitale miniature
Le Liechtenstein se compose de onze villages. Celui de Triesenberg, perché au-dessus de la vallée, s’organise autour d’une église au clocher bulbeux, souvenir des colons venus jadis de Suisse occidentale.
Vaduz, la capitale, s’étend sur le fond de la vallée. Avec ses 6000 habitants, c’est le cœur politique du pays. Sa rue principale, piétonne, est bordée d’œuvres d’art contemporain, d’hôtels modernes et jouxte un quartier de bureaux élégants. Le pays offre si peu d’attraits touristiques que les boutiques de souvenirs vendent autant de livres et de cartes postales sur la Suisse que sur le Liechtenstein lui-même.
Une principauté née du prestige
Le minuscule musée national raconte l’histoire du prince et de sa principauté. Les armoiries de la famille datent du Moyen Âge, époque où la maison de Liechtenstein entretenait des liens étroits avec les Habsbourg, maîtres du Saint-Empire romain germanique.
Le domaine fut acheté à l’empereur, qui lui accorda en 1719 le statut de principauté relevant directement de lui. Les princes, installés près de Vienne, ne voyaient alors leur nouveau territoire que comme un symbole de prestige et n’y mirent pas les pieds pendant des décennies. Ce n’est qu’au XXe siècle qu’un prince de Liechtenstein a résidé pour la première fois dans son propre pays. Fait révélateur : le palais de la famille le plus spectaculaire, le Liechtenstein City Palace, riche en œuvres d’art, ne se trouve pas ici, mais à Vienne.
Un lien fort avec la Suisse
En 1806, à l’époque napoléonienne, le Liechtenstein s’est libéré de ses obligations envers les Habsbourg et a obtenu sa pleine indépendance. Après la Première Guerre mondiale, confrontée à des difficultés économiques, la principauté s’unit à la Suisse pour former une union douanière.
Aujourd’hui encore, le franc suisse y est la monnaie officielle, les bus postaux suisses assurent la plupart des transports publics et les deux pays entretiennent une collaboration étroite.
Le plaisir simple d’un royaume à échelle humaine
Comme la Suisse, le Liechtenstein tire une part importante de ses revenus du tourisme et des sports, attirant les visiteurs par la beauté saisissante de ses paysages. Les télésièges, actifs été comme hiver, mènent les amateurs de nature jusqu’aux crêtes vertigineuses marquant la frontière autrichienne.
Pour s’y rendre, il suffit d’emprunter la route la plus longue du pays, qui s’achève à Malbun, minuscule station de montagne. De là, un télésiège vous emporte jusqu’à un point de vue où l’on se sent le plus haut du royaume […] car c’est peut-être bien le cas.
En fin de journée, j’aime redescendre vers l’ouest, traverser le Rhin pour gagner la Suisse et chercher le meilleur point de vue pour photographier l’ensemble du pays. Tout le petit Liechtenstein fait face à l’ouest : il reste donc dans l’ombre jusqu’à tard le matin et s’illumine d’une lumière douce et dorée le soir venu. De là-haut, j’éprouve le rare plaisir de contempler le coucher du soleil sur un pays que l’on peut explorer, vraiment, en une seule journée.
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06 novembre 2025
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