Anomalie grandissante dans les statistiques de l’emploi: combien d’Américains travaillent réellement?

Par Petr Svab
7 août 2022 19:51 Mis à jour: 7 août 2022 19:51

Au cours des quatre derniers mois, un phénomène inhabituel est apparu. Les employeurs interrogés par le gouvernement ont indiqué avoir ajouté des personnes à leurs listes de paie. Mais lorsque les enquêteurs du gouvernement ont interrogé les Américains, ils étaient moins nombreux à déclarer avoir un véritable emploi. L’écart entre ces deux résultats a atteint une ampleur pratiquement inégalée depuis plus d’un demi‑siècle.

Le 5 août, le Bureau des statistiques du travail (BST) a annoncé la création de 528.000 emplois au mois de juillet, un nombre impressionnant qui a fait mentir les pronostics. Toutefois, le taux de participation à la population active (qui comprend les personnes qui travaillent et celles qui sont à la recherche d’un emploi) a diminué, passant de 62,2% en juin à 62,1% en juillet.

De plus, depuis le mois d’avril, la masse salariale a augmenté de près de 1,7 million d’emplois, alors que dans le même temps le nombre total d’emplois a diminué d’environ 170.000.

La raison de ces résultats paradoxaux tient aux sources utilisées pour obtenir ces données – deux enquêtes différentes qui mesurent des choses quelque peu différentes.

Les données relatives à l’emploi proviennent d’une enquête sur les ménages menée par le Bureau du recensement, qui demande aux personnes si elles travaillent actuellement. Le BST utilise ces résultats pour établir le taux de chômage mensuel. La marge d’erreur de cette enquête est d’environ 400 000 travailleurs.

Les données relatives à la masse salariale proviennent de l’enquête menée par le BST auprès des établissements, qui interroge les entreprises sur le nombre de personnes qu’elles emploient. Différente de l’enquête réalisée auprès des ménages, elle exclut les travailleurs agricoles, les travailleurs indépendants non constitués en société, les employés de maison et les assistants familiaux non rémunérés. Ses résultats ont une marge d’erreur d’environ 100 000 employés.

Les résultats de ces enquêtes augmentent et diminuent généralement en tandem et les divergences éventuelles tendent à s’aplanir au bout de quelques mois.

Pourtant, la divergence qui prévaut actuellement sur quatre mois – plus de 1,8 million – est particulièrement rare.

Les chiffres se sont emballés au cours de l’année 2020 en raison des difficultés rencontrées pour collecter les données et parce que chaque enquête a classé différemment certains travailleurs affectés par les confinements dus à la pandémie Covid‑19. Si on exclut cette période, la dernière fois que l’écart sur quatre mois a été aussi important, remonte à l’année 1968.

Il ne semble pas y avoir d’explication directe sur les données elles‑mêmes. L’écart semble être trop important pour pouvoir être éliminé en raison de la marge d’erreur. Les changements dans les groupes de travailleurs exclus par l’enquête sur les établissements – les travailleurs agricoles, les travailleurs indépendants non constitués en société, les travailleurs à domicile et les assistants familiaux non rémunérés – ne semblent pas non plus avoir été suffisamment importants pour expliquer l’écart.

Contactée pour un commentaire, la Division des statistiques sur la main‑d’œuvre du BST a expliqué que ses communiqués mensuels « se concentraient sur les données les plus fiables de l’évolution de l’emploi issues de l’enquête sur les salaires figurant dans le communiqué de presse mensuel » parce que la marge d’erreur est plus faible et aussi parce que « de nombreux utilisateurs de données, en particulier ceux qui ne sont pas familiarisés avec les différences conceptuelles et méthodologiques entre les deux sources de données, ont constaté que deux mesures différentes (et parfois très divergentes) de l’évolution de l’emploi pour un mois donné peuvent être assez déroutantes ».

« Nous n’avons pas d’explication ou de spéculation supplémentaire quant à la divergence de ces derniers mois », a déclaré le BST dans un courriel adressé à Epoch Times, notant que « si l’on regarde leur variation nette sur 12 mois (…), les deux séries sont beaucoup plus proches les unes des autres. »

Il importe de savoir dans quelle mesure ces données reflètent la situation réelle qui prévaut sur le terrain, car elles constituent un indicateur important pour les investisseurs et les responsables politiques. La Réserve fédérale a souligné la solidité des données relatives à la masse salariale et le faible taux de chômage, qui indiquent que l’économie n’est pas en récession, bien que le produit intérieur brut réel ait baissé pendant deux trimestres consécutifs, sur la base des données préliminaires, ce qui a toujours été considéré comme le critère technique de base d’une récession.

Certains économistes ont fait remarquer que la pénurie apparente de main‑d’œuvre ne correspond pas à une croissance économique extraordinaire, mais au fait que des personnes ont quitté le marché du travail.

On estime qu’en juin, il y avait 10,7 millions d’offres d’emploi et moins de 6 millions de personnes inscrites au chômage. Mais le chiffre du chômage exclut les personnes qui n’ont pas cherché d’emploi au cours des quatre semaines précédentes.

Si l’économie d’avant la pandémie de Covid‑19 avait au moins réussi à suivre le rythme de la croissance démographique, en ajoutant environ 74.000 emplois par mois en moyenne, le pays aurait dû compter environ 2,9 millions d’employés supplémentaires au mois de juillet.

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