Après la fermeture des instituts Confucius, Taïwan pourra aider

Par Michael Sun
29 janvier 2021 18:14 Mis à jour: 29 janvier 2021 18:14

En août dernier, le département d’État américain a annoncé que les instituts Confucius, créés par le Parti communiste chinois (PCC) aux États-Unis après 2004, doivent s’enregistrer en tant que missions étrangères. Puis, en octobre, Mike Pompeo, alors secrétaire d’État, a déclaré qu’il espérait que tous les instituts Confucius sur les campus américains seraient fermés vers la fin de 2020.

Le 16 janvier, W. Brent Christensen, le directeur de l’Institut américain à Taïwan, a participé à une conférence sur l’enseignement du chinois comme langue seconde et a encouragé les enseignants taïwanais à « combler le vide » laissé par la fermeture des instituts Confucius.

« Nous avons tous lu des articles sur la fermeture aux États-Unis de nombreux centres Confucius de la République populaire de Chine. Le temps est venu pour Taïwan de faire un pas en avant et d’aider à combler ce vide – non seulement pour enseigner le mandarin et apprendre l’anglais, mais aussi pour raconter d’une manière plus complète l’histoire de Taïwan aux étudiants américains », a-t-il déclaré, en faisant référence aux Taïwanais qui, dans le cadre du « Fulbright Foreign Language Teaching Assistant Program », iront aux États-Unis pour enseigner le chinois aux Américains.

L’Institut Confucius a été créé à partir de 1993, lorsque le chercheur chinois Wang Huning a introduit en Chine le concept de « soft power » (puissance douce), un terme inventé en 1990 par Joseph Nye, le célèbre professeur de relations internationales de l’Université Harvard. À cette époque, Wang a publié l’article « La culture en tant que puissance nationale : le soft power« , en soulignant que la large diffusion de la culture d’un pays lui apporterait une grande puissance.

En 2007, Hu Jintao, alors chef du PCC, a officiellement présenté la stratégie de « perfectionnement du soft power culturel du pays » lors du 17e congrès national du Parti. Par la suite, les instituts Confucius se sont propagés dans le monde en se chargeant de l’amélioration de l’image et du renforcement de l’influence du régime communiste chinois. À leur apogée, on comptait plus de 500 instituts Confucius et 1000 salles de classe Confucius dans plus de 160 pays.

Toutefois, Confucius n’a pas toujours été aussi apprécié par l’État-parti chinois. À ses débuts, contrairement à la tradition chinoise, le Parti critiquait sévèrement ce philosophe et sage célèbre en faisant l’éloge de Qin Shi Huang, le cruel premier empereur de Chine. En mai 1958, Mao Zedong a lancé sur un ton sarcastique lors de la 2e session plénière du 8e comité central du PCC : « Qin Shi Huang n’a enterré vivants que 460 savants confucéens, alors que nous en avons enterré 46 000. » Pendant la Révolution culturelle, une campagne de trois ans a été menée pour critiquer Confucius et le confucianisme.

Par la suite, la ligne du Parti a été modifiée afin de « respecter Confucius » et d’importants investissements ont été effectués pour établir de nombreux instituts Confucius dans différents pays. Cependant, en tenant compte que le PCC considère que « le pouvoir sort du canon d’un fusil », il lui importait peu de critiquer ou de respecter le confucianisme : cela n’avait rien à voir avec le confucianisme qui ne servait que d’outil pour gouverner et contrôler la population. Par exemple, lorsque, en 1989, les étudiants chinois se sont battus pour la liberté de la presse, la liberté d’expression et la démocratie à la place Tiananmen, les dirigeants du PCC ont tout simplement ignoré le précepte confucéen de la vertu en faisant tuer des milliers d’étudiants et de civils chinois.

Le régime chinois a créé l’Institut Confucius pour utiliser le nom de ce sage et son plaidoyer pour les normes morales et éthiques dans le but de se faire bien voir et de promouvoir sa stratégie à l’étranger, tout en supprimant les libertés et en consolidant son pouvoir à l’intérieur de la Chine.

Cette tactique a été renforcée davantage par l’actuel dirigeant chinois, Xi Jinping, qui est arrivé au pouvoir en 2012. Le régime de Pékin est devenu de plus en plus autoritaire, notamment dans le domaine de l’endoctrinement et du contrôle idéologiques. L’objectif initial du « soft power » – diffuser la langue et la culture chinoise par le biais des instituts Confucius – s’est transformé en ce que le National Endowment for Democracy a appelé le « sharp power » – influencer par la manipulation de l’opinion publique.

Ainsi, au lieu d’utiliser la langue et la culture chinoises pour gagner les cœurs et les esprits des citoyens d’autres pays par l’intérêt à leur beauté et leurs valeurs, le PCC se livre à l’espionnage et à des activités subversives illégales. Non seulement il empiète ouvertement sur la liberté académique de l’enseignement supérieur d’autres pays – ce qui a provoqué la fermeture de nombreux instituts Confucius aux États-Unis, au Canada, en Australie, en France, en Suède et dans d’autres pays – mais il utilise également de manière flagrante la corruption, l’aide financière, la pression, l’intimidation et d’autres méthodes de ce genre pour intervenir dans les affaires intérieures d’autres pays, étouffer la liberté d’expression et manipuler idéologiquement leurs habitants, en particulier les expatriés chinois.

La fermeture des instituts Confucius dans plusieurs universités occidentales marque le début de la récupération progressive de l’enseignement authentique de la langue et de la culture chinoises dans le monde entier et de l’utilisation dans la pratique du chinois traditionnel. Dans ce contexte, Taïwan possède trois avantages distincts : la préservation de la culture chinoise traditionnelle, l’utilisation du chinois comme langue officielle et un système libre et démocratique.

Rien qu’aux États-Unis, il y a 365 écoles de chinois traditionnel de week-end et 7155 professeurs de chinois qui peuvent instruire plus de 400 000 étudiants. Les enseignants taïwanais des écoles chinoises dans différents pays peuvent également partager leurs compétences en matière d’enseignement et leurs expériences d’apprentissage. En outre, Taïwan offre un grand nombre de plateformes d’apprentissage numériques, de manuels de chinois de haute qualité, de divers cours de chinois de longue et de courte durée ainsi que des échanges et des concours internationaux, qui peuvent satisfaire les besoins des amateurs et des étudiants de langue et de culture chinoises de différents niveaux.

Les pays du monde entier ont le droit de promouvoir leur culture, leurs valeurs, leurs idéaux et leurs politiques, pour autant qu’ils le fassent par des moyens internationalement acceptés d’engagement ouvert et de persuasion, ce que l’on appelle souvent le vrai « soft power » ou la « diplomatie publique ». En 1883, la France a créé l’Alliance française, puis on a vu le British Council britannique, le Goethe-Institut allemand, etc. En 2011, Taïwan a également créé l’Académie de Taïwan. Récemment, des membres du Congrès ont même proposé d’établir une « Académie de Formose » ou « Centre de Formose », dont le but principal serait d’encourager les écoles chinoises dans le monde entier à enseigner les caractères chinois traditionnels et la culture chinoise authentique.

À l’heure où les instituts Confucius du PCC quittent progressivement la scène dans divers pays, cela ouvre la porte à la transformation des certaines écoles chinoises à l’étranger en centres communautaires d’apprentissage de la langue chinoise, contribue à l’approbation des enseignants taïwanais de ces écoles en tant qu’enseignants dans les écoles primaires et secondaires des pays d’accueil, et favorise la coopération entre ces écoles et les établissements d’enseignement de la langue chinoise à Taïwan. Tout cela sera la manifestation des actions pratiques dans le cadre de l’esprit que « Taïwan peut aider » dans l’apprentissage du chinois !

Michael Sun est le directeur du centre culturel associé à l’Overseas Community Affairs Council de Toronto, Canada.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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